Pour al-Azhar, les propos d’Emmanuel Macron sont « racistes »
L’institution islamique sunnite al-Azhar a qualifié de « raciste » le discours du président français Emmanuel Macron contre le « séparatisme islamiste », dénonçant des « accusations » visant l’islam.
Dans un communiqué publié samedi soir, le Centre de recherches islamiques d’Al-Azhar basé au Caire « rejette vivement les déclarations du président français Emmanuel Macron » qu’il qualifie de « fausses accusations envers l’islam ».
Selon l’institution, « de telles déclarations racistes sont de nature à enflammer les sentiments de deux milliards » de musulmans dans le monde.
Elle dénonce « une confusion erronée entre la réalité des valeurs auxquelles appellent les religions, comme le rapprochement entre les êtres humains, et l’exploitation par certains [extrémistes] des textes de ces religions pour réaliser leurs objectifs néfastes ».
Le Centre appelle également à « cesser les attaques contre les religions » afin de ne pas consolider « le discours de la haine ».
Emmanuel Macron a présenté vendredi son plan d’action contre le « séparatisme islamiste » et son projet de « contre-société » à l’œuvre selon lui en France, où la laïcité constitue une valeur cardinale et où l’islam est la deuxième religion.
Le « séparatisme islamiste » en France, a-t-il relevé, conduit à la « déscolarisation des enfants » et au « développement de pratiques sportives et culturelles » communautaristes, à « l’endoctrinement, [à] la négation de nos principes comme l’égalité homme/femme ».
Un projet de loi au Parlement le 9 décembre
Ce discours, attendu et plusieurs fois repoussé, est intervenu dans un contexte sensible en France, après l’attentat au hachoir mené une semaine plus tôt à Paris par un jeune Pakistanais et pendant le procès de l’attaque du magazine satirique Charlie Hebdo.
Le projet de loi contre les séparatismes doit être présenté le 9 décembre, avant d’être débattu en 2021 au Parlement.
Le chef d’État français s’était rendu en janvier en Égypte pour une visite officielle de trois jours pour appeler « au dialogue entre les religions ».
« L’une des réponses à la crise que nous vivons – l’Europe n’est pas exempte de cette grande crise morale – trouvera sa solution pour partie dans le dialogue entre les religions », avait déclaré Emmanuel Macron lors d’une rencontre avec le pape orthodoxe copte Théodore II au Caire.
Il avait aussi rencontré Ahmed al-Tayeb, l’imam d’al-Azhar. Selon la présidence française, ils avaient échangé sur « la place de l’islam dans le monde et plus particulièrement en France ».
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