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Mobilisation pro-Gaza en France : l’école Sciences Po Paris évacuée par la police

L’administrateur provisoire de la prestigieuse école a indiqué avoir refusé « très clairement la création d’un groupe de travail qui était proposé par certains étudiants pour investiguer nos relations avec les universités israéliennes »
Des étudiants occupent un bâtiment de Sciences po Paris en soutien aux Palestiniens, dans la capitale française, le 26 avril 2024 (Dimitar Dilkoff/AFP)
Par AFP

Les forces de l’ordre sont entrées vendredi avant midi à l’école d’enseignement supérieur Sciences Po Paris pour évacuer les militants pro-Gaza qui l’occupent depuis la veille : l’établissement de renom et ses campus restent l’épicentre en France d’une mobilisation étudiante en faveur des Palestiniens, qui enflamme le débat politique.

Le mouvement de protestation s’inspire de la situation aux États-Unis, où les campus d’une quarantaine d’universités connaissent une vague de mobilisation, avec des interventions musclées de la police.

« La fermeté est et restera totale », a fait savoir vendredi le gouvernement français.

« S’agissant de la situation dans les établissements, certaines ont pu être réglées par le dialogue. Pour d’autres, des réquisitions par les présidents d’université ont été faites et les forces de l’ordre sont intervenues immédiatement. Cette fermeté paie : 23 sites perturbés ont été évacués hier », a-t-on indiqué de même source.

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« Une réponse disproportionnée et sécuritaire », ont estimé des étudiantes du Comité Palestine après l’intervention des forces de l’ordre (photo fournie)

Selon un étudiant de Sciences Po qui s’est exprimé auprès de la presse, « une cinquantaine d’étudiants étaient encore présents dans les locaux de la rue Saint-Guillaume », dans le centre de Paris, au moment où les forces de l’ordre sont entrés vendredi dans l’école, une semaine après une mobilisation émaillée de tensions à Sciences Po Paris.

Depuis le début de la matinée, la rue était bloquée par les forces de l’ordre. « Une réponse disproportionnée et sécuritaire », ont estimé deux étudiantes du Comité Palestine, qui regrettent par ailleurs l’absence d’« aide médicale » auprès des sept étudiants ayant entamé la veille une grève de la faim.

Les actions menées par des étudiants en soutien à Gaza ont lieu principalement dans des établissements Sciences Po à travers la France, mais peu au sein des universités.

Jeudi soir, la direction de Sciences Po Paris – qui accueille dans la capitale 5 000 à 6 000 étudiants – avait annoncé la fermeture de ses principaux locaux et invité étudiants et salariés à faire du télétravail.

Après un débat interne sur le Proche-Orient organisé jeudi par la direction, que les étudiants du Comité Palestine ont jugé « décevant », ces derniers effectuaient un « sit-in pacifique » dans le hall de l’école et six d’entre eux ont entamé une grève de la faim, « en solidarité avec les victimes palestiniennes ».

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À l’issue de ce débat de deux heures, auxquels ont participé professeurs et étudiants, l’administrateur provisoire de l’école, Jean Bassères, a répété qu’il n’était pas question, comme le réclament certains étudiants, d’« investiguer » les relations de Sciences Po avec des universités israéliennes.

Les grèves de la faim continueront jusqu’à « la tenue d’un vote officiel non anonyme au conseil de l’Institut pour l’investigation des partenariats avec les universités israéliennes », a déclaré Hicham, du comité Palestine.

Après une mobilisation émaillée de tensions en fin de semaine dernière, le mouvement avait été suspendu après l’accord de la direction pour organiser un débat interne – qualifié de « townhall », terme utilisé aux États-Unis pour une grande réunion publique.

« Ça a été un débat dur, avec des prises de position assez claires, beaucoup d’émotion », a indiqué Jean Bassères, l’administrateur provisoire de Sciences Po. Il a appelé au « calme » avant le début des examens lundi.

300 personnes à la Sorbonne

Jean Bassères a indiqué avoir « pris des positions assez fermes sur certains sujets », en refusant « très clairement la création d’un groupe de travail qui était proposé par certains étudiants pour investiguer nos relations avec les universités israéliennes ».

Il en a appelé « à la responsabilité de chacun », dans un contexte de plusieurs actions en France, en écho à la mobilisation des campus aux États-Unis où la police est intervenue sur plusieurs sites.

Non loin de Sciences Po, devant l’université de la Sorbonne, où la police était déjà intervenue lundi pour évacuer des manifestants, près de 300 étudiants venus de différents campus se sont réunis jeudi après-midi et ont organisé un campement d’une vingtaine de tentes.

Ils ont été délogés une heure plus tard par plus d’une centaine de membres des forces de l’ordre, selon une journaliste de l’AFP.

La ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a demandé jeudi matin aux présidents d’université de veiller au « maintien de l’ordre » public, en utilisant « l’étendue la plus complète des pouvoirs » dont ils disposent, notamment en matière de sanctions disciplinaires en cas de troubles ou de recours aux forces de l’ordre.

Actions de Lille à Lyon

France Universités, qui fédère 116 établissements d’enseignement supérieur dont 74 universités, a « salué la détermination de la ministre à porter une voie équilibrée et ferme pour un retour au calme ».

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Les actions se sont multipliées ces derniers jours dans l’Hexagone, principalement sur les sites de Sciences Po à Paris et en régions.

Le campus Jourdan de l’École normale supérieure (ENS) a été bloqué jeudi par des étudiants. À Lille (nord), l’Institut d’études politique était fermé jeudi et les accès à l’École supérieure de journalisme (ESJ) bloqués.

À Sciences Po Lyon (centre-est), « une petite centaine » de personnes occupaient jeudi soir un amphithéâtre, a indiqué une représentante du syndicat étudiant UNEF à l’AFP.

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