Mosquée al-Aqsa : Israël et les Émirats arabes unis planifient la venue de milliers de touristes du Golfe
Une responsable israélienne a annoncé lundi qu’Israël et les Émirats arabes unis (EAU) avaient convenu d’un calendrier pour évoquer la venue de milliers de touristes du Golfe dans la vieille ville occupée de Jérusalem-Est, notamment dans le complexe de la mosquée al-Aqsa.
« Jérusalem va accueillir entre 100 000 et 250 000 touristes musulmans chaque année. Ils rêvent de visiter al-Aqsa », a déclaré au journal Israel Hayom la maire adjointe de Jérusalem Fleur Hassan-Nahoum.
La maire, qui s’est rendue aux EAU la semaine dernière, a précisé : « Tout comme nous avons développé le tourisme chrétien, nous prévoyons d’œuvrer au développement du tourisme musulman. C’est un énorme tournant dans notre travail. »
Selon un accord entre Israël et la Jordanie, Amman contrôle les lieux saints chrétiens et musulmans à Jérusalem et gère les biens religieux – ou Waqfs – qui administre le complexe d’al-Aqsa.
Hayel Daoud, ancien ministre des Affaires religieuses, confie à Middle East Eye que les autorités jordaniennes n’étaient « pas intéressées, ni au courant et ne participaient pas à la coordination de ces visites ».
« En principe, nous soutenons chaque visite arabe et musulmane de la mosquée al-Aqsa, pour qu’elle vive à travers les fidèles », précise-t-il. « Mais les visites coordonnées avec les autorités d’occupation [israéliennes] qui reposent sur des accords signés ne sont pas dans l’intérêt d’al-Aqsa ou du peuple palestinien. »
Jeudi, une délégation d’hommes d’affaires d’Abou Dabi a visité le complexe de la mosquée al-Aqsa sous la protection de la police israélienne.
Dimanche, une autre délégation informelle, présumée en provenance de Dubaï, a visité le complexe.
« Des mesures inacceptables »
Les délégations émiraties n’avaient pas reçu de permission des Waqfs de Jérusalem, et ne l’avaient pas prévenu de leur visite.
Ces premières visites sont les premières depuis que Bahreïn et les EAU ont signé un accord de normalisation controversé avec Israël, soutenu par les États-Unis, le 15 septembre à Washington.
Hayel Daoud explique à MEE que visiter le complexe d’al-Aqsa en coordination avec Israël « donne à l’occupation un vernis de légitimité ».
« Il s’agit de mesures inacceptables qui n’apporteront rien », ajoute-t-il.
Dimanche, l’antenne du mouvement palestinien Fatah à Jérusalem a déclaré dans un communiqué : « Toute visite de Jérusalem qui ne se fait pas en coordination avec [les dirigeants palestiniens] et avec les Waqfs palestinien et jordanien… est une intrusion, et non une visite. »
Les accords entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn suscitent des inquiétudes concernant le sort de la mosquée al-Aqsa, l’un des trois sites les plus saints de l’islam.
Certaines personnalités de la droite israélienne plaident depuis longtemps pour la destruction du complexe musulman pour faire de la place à un troisième temple juif, car le complexe al-Aqsa aurait été construit, selon les juifs, où se tenaient autrefois les premier et second temples juifs.
Les Palestiniens craignent que les visites d’Émiratis et de colons israéliens sur le complexe d’al-Aqsa n’érodent leur revendication sur cette zone et n’affaiblissent davantage leurs aspirations à bénéficier pleinement de leurs droits et à disposer de leur propre État avec Jérusalem-Est comme capitale.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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