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Algérie : dix-huit mois de prison ferme contre une militante en grève de la faim

Quelque 80 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie en lien avec les protestations du hirak et/ou les libertés individuelles
Une photo prise le 12 août 2020 montre des portraits de détenus algériens lors d’une manifestation à Paris devant l’ambassade d’Algérie (AFP)
Une photo prise le 12 août 2020 montre des portraits de détenus algériens lors d’une manifestation à Paris devant l’ambassade d’Algérie (AFP)
Par AFP

Une militante antirégime en Algérie, emprisonnée et en grève de la faim depuis le 3 janvier, a été condamnée lundi par le tribunal de Mostaganem (nord-ouest) à dix-huit mois de prison ferme, selon une association de soutien des détenus.

Dalila Touat, connue en tant que porte-parole des chômeurs de Mostaganem, « a été condamnée à dix-huit mois de prison ferme assortis d’une amende », a précisé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) sur Facebook.

Lors du procès qui s’était tenu le 11 janvier, le parquet avait requis une peine de deux ans de prison ferme assortie d’une amende de 300 000 dinars (1 800 euros).

Militante du hirak, le mouvement de protestation populaire antirégime, Dalila Touat est accusée, selon la même source, d’« outrage à corps constitué, diffamations et publications portant atteinte à l’ordre public ».

Elle avait été placée sous mandat de dépôt le 3 janvier.

Dans une seconde affaire, Dalila Touat a été condamnée en novembre par ce même tribunal à deux ans de prison ferme, mais le mandat de dépôt n’avait pas été prononcé.

Elle était accusée d’avoir incité à ne pas voter lors du référendum sur la réforme constitutionnelle, qui s’est tenu le 1er novembre, et d’« outrage à fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions », selon le CNLD.

Publications sur les réseaux sociaux critiques envers les autorités

« Dalila Touat a été emprisonnée sous le régime de Bouteflika [l’ex-président déchu], la voilà encore emprisonnée sous ‘’l’Algérie nouvelle’’, pompeusement présentée comme celle des libertés » par le président Abdelmadjid Tebboune », a réagi Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH).

« Ce verdict confirme la tentation liberticide du pouvoir, il durcit les peines, accentue la répression pour faire taire le hirak et toute voix discordante », a-t-il déclaré à l’AFP. 

Une autre figure du hirak, Chems Eddine Laalami, détenu avec son frère depuis le 9 septembre, a vu prolonger lundi son maintien en détention par la cour de Bordj Bou Arreridj, au sud-est d’Alger.

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Il avait déjà été condamné à un total de trois ans ferme lors de précédents procès.

Lors d’une journée de lundi marquée par de nombreux procès de hirakistes, le parquet de Béjaïa (nord-est) a requis l’aggravation des peines prononcées en première instance à l’encontre de trois militants, dont le blogueur Merzoug Touati, selon le CNLD.

En revanche, le défenseur des droits humains Kaddour Chouicha, son épouse journaliste Jamila Loukil et douze co-accusés ont été relaxés à Oran (nord-ouest). 

Le parquet avait requis six mois de prison ferme à l’encontre des accusés pour « attroupement non armé et trouble à l’ordre public ». L’un des accusés, Hassane Kachour, est décédé avant la tenue du procès. 

Quelque 80 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie en lien avec les protestations du hirak et/ou les libertés individuelles. Des poursuites fondées dans au moins 90 % des cas sur des publications sur les réseaux sociaux critiques envers les autorités, d’après le CNLD.

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