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Dans certains pays arabes, le « poisson d’avril » ne fait pas rire

Illicite en Égypte ou passible de prison aux Émirats arabes unis, le canular du 1er avril subit l’air du temps mondial morose
Shawki Ibrahim Abdel-Karim Allam, premier responsable de Dar al-iftaa en Égypte. Cette instance a prévenu contre la pratique du « poisson d’avril »  (AFP)
Shawki Ibrahim Abdel-Karim Allam, premier responsable de Dar al-iftaa en Égypte. Cette instance a prévenu contre la pratique du « poisson d’avril » (AFP)
Par MEE

Êtes-vous tenté de lancer une blague à l’occasion du 1er avril et perpétuer ainsi la tradition du poisson d’avril ? Pas si évident dans certains pays arabes.

Comme en Égypte, où Dar al-iftaa, organisme officiel chargé d’émettre les avis religieux (fatwa), a prévenu : « Le mensonge, même pour plaisanter, est haram [illicite] », citant un des compagnons du prophète Mohammed, Abou Horeira, qui précisait que le mensonge faisait partie des « signes de l’hypocrite ».

Pour l’ancien mufti de la république, Ali Gomaa, le « mensonge » du 1er avril est une « hérésie »

L’origine de la tradition du poisson d’avril n’est pas très claire, mais à travers le monde, aussi bien les particuliers que les médias lancent canulars et informations insolites pour marquer le 1er avril.

Pour l’ancien mufti de la république, Ali Gomaa, également président de la commission religieuse au Parlement égyptien, le « mensonge » du 1er avril est une « hérésie » et « il vaut mieux fêter en ce jour la journée [arabe] de l’orphelin et non pas celle du mensonge ».       

Du côté des Émirats arabes unis, la menace est plus tangible. Ainsi, le juriste Mohamed al-Manhali, interrogé par un média sur les canulars du 1er avril, rappelle que « le législateur émirati a tenu à criminaliser la propagation des rumeurs et des mensonges, notamment sur les réseaux sociaux », précisant que « l’article 198-bis du code pénal punit d’un an de prison » ce genre de « crime dangereux », selon ses termes.

Les spécialistes intervenant dans cet article s’accordent à dénoncer le risque que des « rumeurs et des mensonges » aggravent le sentiment de panique et de stress provoqué par la pandémie de coronavirus. Plusieurs pays ont, depuis le début de l’épidémie, durci leurs dispositifs légaux contre la prolifération de fake news autour du COVID-19.     

Cette tendance mondiale a même touché les géants du web : depuis 2020, Google a renoncé à célébrer le 1er avril en raison de la situation sanitaire planétaire.

Ambiance mondiale morose

Plus généralement, l’ambiance mondiale n’est pas à la joie et au canular : le constructeur allemand Volkswagen a dit mercredi « regretter » que son canular annonçant un changement de nom aux États-Unis au profit de « Voltswagen » ait dépassé le cadre du coup commercial en trompant de nombreux journalistes qui ont exprimé leur colère.

La branche américaine du constructeur avait annoncé officiellement mardi se rebaptiser « Voltswagen » pour symboliser son virage vers l’électrique, avant d’expliquer après plusieurs heures et de nombreuses reprises dans la presse internationale, dont l’AFP, que c’était une blague du 1er avril.

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Moins dramatique mais beaucoup plus politique, un poisson d’avril venu d’Égypte a enflammé la toile locale. Son auteure est la comédienne irakienne installée en Égypte Faten Fathi (Nadia al-Iraqiya de son nom de scène), qui a annoncé sur son compte personnel Facebook, la veille du 1er avril, qu’elle avait demandé un visa pour… Israël !

« J’y vais et si ça me plaît, je vais m’y installer », a-t-elle écrit, ajoutant qu’elle « se sentait étouffée dans le monde arabe ». « J’espère que j’aurai le OK [pour le visa israélien] », a-t-elle insisté.

Comme prévu, cette déclaration a fait l’effet d’une bombe et fait réagir aussi bien ses fans que ses détracteurs, avant qu’elle ne démente quelques heures plus tard en commentant sa publication : « Vous pouvez croire que le soleil se lève à l’ouest mais jamais que Nadia puisse trahir son arabité, cela est impossible, même si on m’offre la moitié de Tel Aviv. »

« Vive les Arabes et vive la Palestine. Je vous souhaite un bon mois d’avril », a conclu la comédienne.

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