Tunisie : colère de l’OMS contre la fausse Angelina Jolie et ses vaccins « fatals »
Mais pourquoi donc Angelina Jolie est-elle en train de saboter la campagne de vaccination contre le COVID-19 en Tunisie ? La question peut paraître absurde, mais pas tellement si on suit l’émission de caméra cachée de la chaîne privée Nessma TV, qui a soulevé la colère de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Ordre des médecins.
De quoi s’agit-il ? L’émission « Angelina-19 », diffusée cette semaine, s’appuie sur l’actualité morbide de la pandémie. On y voit un sosie de la star américaine Angela Jolie, ambassadrice de bonne volonté de l’ONU, venue en Tunisie offrir un lot de vaccins contre le COVID-19, en présence d’une personnalité cible de la caméra cachée.
La personnalité piégée assiste donc à la vaccination d’un homme (complice de l’émission) qui… décédera après l’injection du vaccin. On y voit l’effarement de la personnalité piégée devant le (faux) fils de la (fausse) victime qui pleure en direct la perte brutale de son père, alors que le présentateur fictif de l’émission, qui vient aussi de se faire vacciner, feint aussi des effets secondaires sévères.
Furieux, le représentant de l’OMS en Tunisie, Yves Souteyrand, a carrément appelé, dans une lettre, à la suspension de cette émission.
« Une menace sérieuse »
« Les médias ont un rôle à jouer dans ce domaine. Mais il est à craindre qu’un tel programme diffusé sur une chaîne populaire à heure de large audience ne contribue au contraire, en associant le vaccin à la mort ou à des effets secondaires graves, à favoriser le scepticisme, l’hésitation au vaccin et le complotisme », écrit le représentant de l’OMS.
De plus, considère l’organisation onusienne, l’émission « utilise de manière abusive les visuels identitaires de l’OMS : logos [par exemple sur les boites de vaccin], drapeau de l’Organisation, arrière-plans de vidéo du directeur général de l’OMS en conférence de presse. Elle utilise également les visuels identitaires des Nations unies, ce qui est susceptible de porter atteinte à l’image de ces organisations ».
De son côté, l’Ordre national des médecins en Tunisie a également condamné la diffusion de cette émission, « estimant que [son] contenu constitue une menace sérieuse pour la campagne et reste de nature à perturber la perception que doit avoir le citoyen du vaccin ».
Cela ne semble toutefois pas émouvoir le producteur de l’émission, Walid Zribi, qui, sur sa page Facebook, ironise : « Merci pour la publicité gratuite offerte par les plus grandes télévisions, par les plus importants journaux arabes et par l’une des plus importantes organisations internationales ». Il considère même que son émission a « fait plus pour la sensibilisation pour la vaccination que le ministère de la Santé ».
La Tunisie a officiellement enregistré 300 342 cas de contamination au coronavirus, dont 10 304 décès, pour près de 12 millions d’habitants.
Elle fait face à une augmentation inédite du nombre d’hospitalisations, submergeant certaines structures de réanimation.
Le ministère de la Santé tunisien comptait au 27 avril 345 914 vaccinations, sur un total de 1 371 770 inscrits. La campagne de vaccination n’a commencé que depuis 46 jours.
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