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Comment les Émiratis ont tenté d’influencer la politique étrangère de Trump

De hauts responsables émiratis, dont le prince héritier Mohammed Ben Zayed, son conseiller à la sécurité nationale et un chef des renseignements ont rencontré Tom Barrack, lobbyiste et ami proche de l’ancien président américain Donald Trump 
L’acte d’accusation de Barrack mentionne un appel téléphonique entre un responsable et Trump, le 29 janvier 2017, une date à laquelle MBZ aurait parlé à Trump (AFP)
L’acte d’accusation de Barrack mentionne un appel téléphonique entre un responsable et Trump, le 29 janvier 2017, une date à laquelle MBZ aurait parlé à Trump (AFP)
Par MEE à WASHINGTON, États-Unis

Allié clé de Donald Trump arrêté cet été pour lobbying illégal pour le compte des Émirats arabes unis (EAU), Tom Barrack a rencontré le prince héritier d’Abou Dabi Mohammed ben Zayed (MBZ) et d’autres hauts responsables émiratis quelques semaines après l’élection à la présidence de Trump, a rapporté l’agence de presse Bloomberg le 28 septembre.

Certaines personnes au fait de cette affaire ont déclaré à Bloomberg qu’en décembre 2016, Barrack avait rencontré MBZ, son frère – conseiller à la sécurité nationale des EAU – le cheikh Tahnoun ben Zayed al-Nahyane et le directeur des services de renseignement émiratis Ali Mohammed Hammad al-Shamsi.

Dans les sept chefs d’accusation portés contre cet allié de longue date de Trump, les responsables ayant accueilli Barrack lors de la réception étaient identifiés comme « Responsables émiratis 1, 2 et 3 ».

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Selon les procureurs américains, cette rencontre s’inscrivait dans une campagne informelle secrète pour influencer la politique étrangère de la future administration Trump, rapporte Bloomberg.

Ces trois responsables ainsi qu’un quatrième – Abdullah Khalifa al-Ghafli d’après les personnes au fait du sujet – ont été chargés de faire avancer les intérêts d’Abou Dabi aux États-Unis.

Le cinquième responsable mentionné dans l’acte d’accusation, le « Responsable émirati 5 », a été identifié comme Youssef al-Otaiba, ambassadeur émirati aux États-Unis, selon Bloomberg qui cite des sources ayant requis l’anonymat.

Middle East Eye avait précédemment signalé que MBZ et Otaiba semblaient être deux des responsables alors non identifiés.

L’acte d’accusation de juillet mentionne un appel téléphonique entre le « Responsable émirati 1 » et Trump, le 29 janvier 2017, une date à laquelle MBZ aurait parlé à Trump.

Middle East Eye a sollicité une réaction de l’ambassade émiratie à Washington, mais n’avait pas obtenu de réponse au moment de la publication.

Un attaché de presse de l’avocat de Barrack ainsi que le département américain de la Justice se refusent à tout commentaire.

« Des amis n’interfèrent pas illégalement dans la démocratie de l’autre »

Barrack a été arrêté le 20 juillet. Ses deux co-accusés et lui sont poursuivis pour avoir cherché secrètement à façonner la politique étrangère de Trump au bénéfice des Émirats arabes unis. Il a depuis été libéré sous caution, laquelle a été fixée à 250 millions de dollars, et il plaide non coupable.

Il convient par ailleurs de noter qu’aucun des responsables émiratis ayant œuvré avec Barrack n’est poursuivi dans cette affaire.

L’acte d’accusation stipule que Barrack a aidé les Émiratis sur plusieurs fronts, notamment en arrangeant un appel à la Maison-Blanche avec Trump et en mettant en avant les candidats privilégiés par ce pays du Golfe pour des postes à occuper dans la nouvelle administration.

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Par ailleurs, il révèle que les Émiratis ont élaboré une « liste » de positions en matière de politique étrangère profitables aux EAU et qu’ils ont pu influencer le ton d’un discours prononcé en mai 2016 par Trump, alors candidat.

Ben Freeman, directeur de l’initiative pour la transparence en matière d’influence étrangère au Center for International Policy, explique à MEE que l’identité des responsables émiratis montre qu’Abou Dabi n’est pas l’allié qu’il semble être pour les Américains.

« L’identité des responsables émiratis montre qu’il y a un complot pour s’ingérer dans la politique américaine coordonnée au plus haut du gouvernement émirati. Après cette révélation, quiconque pense que les Émirats arabes unis sont un ‘’ami’’ des États-Unis devraient y réfléchir à deux fois. Des amis n’interfèrent pas illégalement dans la démocratie de l’autre », estime Ben Freeman.

« Même avant cela, les indices contextuels faisaient penser à beaucoup qu’il s’agissait des responsables impliqués. »

Des experts avaient indiqué à MEE que l’inculpation de Barrack avait aidé à révéler à quel point ce petit émirat du Golfe riche en pétrole avait pu s’attirer les faveurs de l’administration Trump, élaborer une opération d’influence sophistiquée à Washington et s’assurer des contrats d’armement lucratifs.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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