Pour Cantona, la Coupe du monde 2022 au Qatar « n’est qu’une question d’argent »
Éric Cantona, légende du football français, s’est montré cinglant vis-à-vis du Qatar, qui accueillera la prochaine Coupe du monde, critiquant le traitement des ouvriers et ramenant la compétition à une simple « question d’argent ».
« Je ne me soucie pas vraiment de la prochaine Coupe du monde, qui n’est pas une vraie Coupe du monde pour moi », a confié l’ancienne star de Manchester United au Daily Mail mercredi.
« Au cours des dernières décennies, de nombreux événements comme les Jeux olympiques ou les Coupes du monde ont eu lieu dans des pays émergents, comme la Russie ou la Chine.
« Mais le Qatar, ce n’est pas le pays du football. Je ne suis pas contre l’idée d’organiser une Coupe du monde dans un pays où il est possible de développer et de promouvoir le football, comme en Afrique du Sud ou aux États-Unis dans les années 1990. »
Cantona explique que la popularité du football féminin et la présence des communautés latino-américaines avaient conduit au développement du football aux États-Unis.
« Mais le Qatar n’a pas ce genre de potentiel en vérité. Il n’y a rien. Ce n’est qu’une question d’argent selon moi.
« Ce n’est qu’une question d’argent et la façon dont ils ont traité les gens qui ont construit les stades est horrible. Des milliers de personnes sont mortes. Et pourtant, nous allons fêter cette Coupe du monde. »
L’ancien joueur, aujourd’hui âgé de 55 ans, faisait vraisemblablement référence à un article du Guardian l’année dernière, qui rapportait que 6 500 travailleurs immigrés originaires d’Asie du Sud étaient décédés au Qatar depuis que le pays avait remporté l’organisation de la Coupe du monde.
« Je ne la regarderai pas »
Cantona est considéré comme l’un des plus grands buteurs de la Premier League anglaise : il a remporté sept titres lors de ses huit dernières saisons en tant que footballeur professionnel. Il compte également 45 sélections et 20 buts en équipe de France.
« Personnellement, je ne regarderai pas [la Coupe du monde au Qatar]. Je comprends que le foot est un business. Mais je pensais que c’était le seul endroit où tout le monde pouvait avoir une chance », déplore-t-il.
Il a ajouté que la plupart des footballeurs venaient de milieux pauvres et que le football était une « méritocratie » qui leur donnait une chance de « se sauver eux-mêmes et de sauver leur famille ».
« Si la méritocratie et le potentiel sont l’essence du foot, il est d’autant plus surprenant que nous puissions organiser une coupe du monde au Qatar et que les gens aient justement voté pour cela. »
Le mois dernier, Middle East Eye s’est rendu à Doha pour un reportage sur l’état des lieux des préparatifs du Qatar en vue du tournoi.
MEE a découvert que de larges pans de la capitale Doha étaient encore en chantier et que les travailleurs immigrés travaillaient dur pour respecter l’échéance qui approche à grands pas.
Les travailleurs étrangers brossent un tableau assez mitigé de la vie au Qatar. Certains affirment qu’ils ont bénéficié des réformes du travail promulguées par le gouvernement, comme la réduction du temps de travail en été.
Cependant, plusieurs ouvriers disent être toujours exploités par leurs employeurs et rechigner à se servir des mécanismes de plainte par peur de répercussions sur leur visa.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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