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Le « sang juif » de Hitler, cité par Lavrov : qu’en est-il réellement ?

Les déclarations du chef de la diplomatie russe ont soulevé la colère d’Israël et de certains pays occidentaux
Le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov (AFP/Evgenia Novozhenina)
Le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov (AFP/Evgenia Novozhenina)

Adolf Hitler avait « du sang juif » : les propos tenus lundi 2 mai par le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov font référence à des rumeurs nées avant la Seconde Guerre mondiale du fait de la mystérieuse identité du grand-père du dictateur nazi.

« [Le président ukrainien Volodymyr] Zelensky fait valoir cet argument : comment le nazisme peut-il être présent [en Ukraine] s’il est lui-même juif. Je peux me tromper, mais Hitler avait aussi du sang juif », a déclaré Sergueï Lavrov dimanche soir au groupe de médias italien Mediaset. Ces propos ont été retranscrits sur le site de son ministère.

Ces déclarations du ministre russe ont révolté Israël, qui a convoqué l’ambassadeur de Russie, et suscité la réprobation de certains pays occidentaux.

Moscou a répété à maintes reprises vouloir « démilitariser » et « dénazifier » l’Ukraine, une ancienne république soviétique avec, à sa tête, des dirigeants pro-occidentaux, justifiant ainsi l’invasion lancée le 24 février.

Spéculations

Mais que dit l’histoire ? Le père de Hitler, Aloïs, était « un enfant illégitime et son géniteur était inconnu », explique à l’AFP l’historien autrichien Roman Sandgruber, auteur l’an dernier de la première biographie du patriarche, né en 1837 et mort en 1903, quand Hitler avait 14 ans.

C’est dans les années 1920, au moment de l’ascension du fondateur du parti national-socialiste, que « des spéculations selon lesquelles [Hitler] pourrait avoir des origines juives ont émergé », nourries par ses adversaires politiques et renforcées par son accession au pouvoir en 1933.

Puis, après la guerre, un criminel nazi a relancé la théorie.

Dans ses mémoires intitulées Face à la potence, publiées en 1953, plusieurs années après son exécution, Hans Frank, Reichsleiter (gouverneur) du parti nazi, surnommé le « bourreau de Pologne », affirmait avoir secrètement enquêté sur les origines d’Adolf Hitler à sa demande.

Adolf Hitler examinant une carte avec, en arrière-plan, le gouverneur Hans Frank, photo non datée (AFP)
Adolf Hitler examinant une carte avec, en arrière-plan, le gouverneur Hans Frank, photo non datée (AFP)

« Ce devait être vers la fin de 1930. J’ai été convoqué par Hitler qui se disait victime de ‘’l’odieux chantage’’ d’un neveu au sujet du ‘’sang juif coulant dans ses veines’’ », écrivait-il, selon des extraits diffusés à l’époque par le magazine allemand Der Spiegel.

Hans Frank a alors mené son enquête et dit avoir découvert que la grand-mère paternelle du Führer, Maria Anna Schicklgruber, avait donné naissance à un garçon, Aloïs, alors qu’elle travaillait comme cuisinière dans une famille juive du nom de Frankenberger dans la ville autrichienne de Graz.

Des thèses non confirmées

Son patron lui aurait par la suite versé une pension alimentaire jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge de 14 ans, avec échange de lettres prouvant soi-disant une filiation, raconte l’ex-gouverneur nazi.

Selon le récit livré par Adolf Hitler, sa grand-mère et son futur mari, Johann Hiedler, auraient en réalité convaincu l’intéressé de sa paternité pour lui soutirer de l’argent.

Les historiens ont pour leur part accueilli ces éléments avec scepticisme.

Quand les faits se sont déroulés, « les juifs n’avaient pas le droit de résider à Graz », commente Roman Sandgruber qui ne voit « aucune preuve tangible » étayant la thèse d’origines juives d’Adolf Hitler.

« Qui était vraiment le grand-père d’Hitler ? C’est une question sans réponse »

- Ofer Aderet, journaliste

« Qui était vraiment le grand-père d’Hitler ? C’est une question sans réponse », résume Ofer Aderet, journaliste spécialiste en la matière du quotidien israélien Haaretz, dans un article lundi.

Certains ont rapporté que ces affirmations étaient « une tentative des nazis de fournir une explication pour leur défaite dans la Seconde Guerre mondiale », souligne-t-il. 

« D’autres ont assuré que sa persécution des juifs résultait de la honte qu’il éprouvait à cause de son ascendance partiellement juive. Mais la réalité est qu’il n’existe aucune preuve historique de tout cela », conclut Ofer Aderet.

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