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L’OTAN ne défend pas l’Ukraine. Elle la poignarde dans le dos

Les États-Unis et leurs alliés soutiennent la guerre qu’ils citent maintenant comme motif ne permettant pas à Kyiv d’adhérer à l’OTAN 
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky tient une conférence de presse lors du sommet de l’OTAN à Vilnius, le 12 juillet 2023 (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky tient une conférence de presse lors du sommet de l’OTAN à Vilnius, le 12 juillet 2023 (AFP)

Le sommet de l’OTAN en Lituanie les 11 et 12 juillet n’a fait que souligner l’hypocrisie totale des dirigeants occidentaux qui poursuivent leur guerre par procuration en Ukraine pour « affaiblir » la Russie et évincer son président, Vladimir Poutine.

Les États-Unis et l’Allemagne avaient clairement fait savoir avant le sommet qu’ils bloqueraient l’admission de l’Ukraine à l’OTAN tant qu’elle est en pleine guerre avec la Russie. Ce message a été officiellement annoncé mardi 11 juillet par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. 

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fulminé que l’OTAN avait pris une décision « absurde » et faisait preuve de « faiblesse ». Le secrétaire britannique à la Défense, Ben Wallace, n’a pas perdu de temps pour lui reprocher son manque de « gratitude ». 

Ils craignent que si Kyiv rejoint l’alliance militaire à ce stade, les membres de l’OTAN ne doivent prendre la défense de l’Ukraine et combattre directement la Russie. La plupart des États occidentaux rechignent à l’idée d’une confrontation face à face avec une Russie dotée de l’arme nucléaire – au lieu de l’actuelle guerre par procuration, payée exclusivement par le sang des Ukrainiens.  

Mais il y a un sous-texte plus fourbe qui est dissimulé : le fait que l’OTAN est responsable du maintien de la guerre, motif maintenant utilisé pour disqualifier l’adhésion de l’Ukraine à l’alliance militaire. L’OTAN a placé Kyiv dans l’actuel chaos sanglant dans laquelle elle se trouve – mais n’est pas prête à l’aider à trouver une issue. 

Pétard mouillé

Après tout, c’est l’OTAN qui a choisi de flirter ouvertement avec l’Ukraine à partir de 2008, lui promettant une adhésion éventuelle, avec l’espoir non dissimulé qu’un jour, l’alliance serait en mesure de faire une démonstration de force militaire aux portes de la Russie.

C’est le Royaume-Uni qui est intervenu quelques semaines après l’invasion de la Russie en février 2022, et probablement sur ordre de Washington, pour saborder les négociations entre Kyiv et Moscou – des pourparlers qui auraient pu mettre fin à la guerre à un stade précoce, avant que la Russie ne commence à s’emparer des territoires dans l’est de l’Ukraine.

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Conclure un accord à l’époque aurait été beaucoup plus simple qu’aujourd’hui. Le plus probable étant que Kyiv aurait dû s’engager à la neutralité, plutôt que de poursuivre une intégration secrète dans l’OTAN. Moscou aurait également exigé la fin des attaques politiques, juridiques et militaires du gouvernement ukrainien contre les populations russophones à l’est. 

Maintenant, le principal point d’achoppement d’un accord sera de persuader le Kremlin de faire confiance à l’Occident et de revenir sur son annexion de l’est de l’Ukraine, en supposant que l’OTAN permette jamais à Kyiv de reprendre les pourparlers avec la Russie. 

Et enfin, ce sont les membres de l’OTAN, en particulier les États-Unis, qui ont expédié de grandes quantités de matériel militaire pour prolonger les combats en Ukraine, alourdissant le bilan des deux côtés. 

En bref, l’OTAN utilise maintenant la guerre même qu’elle a tout fait pour nourrir comme prétexte pour empêcher l’Ukraine de rejoindre l’alliance. 

Vu sous un autre angle, le message que l’OTAN a envoyé à Moscou, c’est que la Russie a pris exactement la bonne décision avec l’invasion, si l’objectif, comme Poutine l’a toujours soutenu, est de s’assurer que Kyiv reste neutre. 

C’est la guerre qui a empêché l’Ukraine d’être complètement intégrée à l’alliance militaire occidentale. C’est la guerre qui a arrêté la transformation de l’Ukraine en base avancée de l’OTAN, une base où l’Occident pourrait stationner des missiles à ogive nucléaire à quelques minutes de Moscou. 

Le message que l’OTAN a envoyé à Moscou, c’est que la Russie a pris exactement la bonne décision avec l’invasion, si l’objectif, comme Poutine l’a toujours soutenu, est de s’assurer que Kyiv reste neutre

Si la Russie n’avait pas envahi l’Ukraine, Kyiv aurait été libre d’accélérer ce qu’elle faisait déjà secrètement : s’intégrer à l’OTAN. Alors, qu’est-ce que Zelensky est censé conclure de son exclusion de l’OTAN, après avoir engagé son pays dans une guerre en cours plutôt que dans des négociations et la neutralité ?

Jusqu’à présent, la « contre-offensive de printemps » tant vantée de l’Ukraine s’est transformée en pétard mouillé, malgré la propagande des médias occidentaux sur de « lents progrès ». Moscou s’accroche aux territoires ukrainiens qu’elle a annexés. 

Tant que Kyiv ne peut pas « gagner la guerre » – et il semble qu’elle ne le puisse pas, à moins que l’OTAN ne soit prête à combattre directement la Russie et à risquer une confrontation nucléaire – elle sera exclue de l’alliance militaire. Catch 22 (terme utilisé en référence au roman de Joseph Heller, pour désigner une situation où un individu ne peut éviter un problème en raison de la contradiction des règles ou des contraintes).

Ne vous attendez pas à ce que cette énigme soit mise en lumière par un média de l’establishment occidental qui semble incapable de faire autre chose que de régurgiter les communiqués de presse de l’OTAN et d’encourager les profits plus importants pour les industries de guerre occidentales. 

Crimes de guerre

Autre énigme : la décision prise la semaine dernière par l’administration Biden de fournir à l’Ukraine des armes à sous-munitions – de petites bombes qui, lorsqu’elles n’explosent pas, restent dissimulées comme des mini-mines terrestres, tuant et mutilant des civils pendant des décennies. Dans certains cas, jusqu’à un tiers ont des « ratés » et explosent des semaines, des mois voire des années plus tard.

La décision de Washington fait suite à la fourniture récente d’obus à l’uranium appauvri à l’Ukraine par la Grande-Bretagne, lesquels contaminent les zones environnantes avec une poussière radioactive pendant et après les combats.

Des preuves provenant d'ailleurs, notamment l’Irak, où les États-Unis et la Grande-Bretagne ont tiré un grand nombre de ces obus, suggèrent que les retombées peuvent comprendre un pic de cancer et de malformations congénitales sur plusieurs décennies. 

Un homme passe en scooter devant des voitures détruites par une frappe de missile à sous-munitions à Lyman, dans la région ukrainienne de Donetsk, le 8 juillet 2023 (AFP)
Un homme passe en scooter devant des voitures détruites par une frappe de missile à sous-munitions à Lyman, dans la région ukrainienne de Donetsk, le 8 juillet 2023 (AFP)

La Maison-Blanche n’était que trop prête à dénoncer l’utilisation de bombes à fragmentation comme un crime de guerre l’année dernière – quand c’était la Russie qui était accusée de les utiliser. Aujourd’hui, Washington permet à Kyiv de commettre ces mêmes crimes de guerre.

Plus de 110 pays – sans compter les États-Unis, bien sûr – ont ratifié une convention internationale de 2008 interdisant les armes à sous-munitions. Beaucoup sont membres de l’OTAN.

Compte tenu du taux élevé de bombes à fragmentation américaines qui n’explosent pas, le président Joe Biden semble enfreindre la loi américaine en expédiant ses stocks vers l’Ukraine. La Maison-Blanche ne peut invoquer une exemption que si l’exportation de telles armes répond à un « intérêt vital de sécurité nationale des États-Unis ».

Apparemment, Biden croit qu’« affaiblir » la Russie – et transformer certaines régions de l’Ukraine en une zone mortelle pour les civils pour les décennies à venir – constitue un intérêt vital. 

Alors que selon la version officielle, cette dernière escalade des États-Unis aidera Kyiv à « gagner la guerre », la vérité est tout autre. Biden n’a pas hésité à admettre que l’Ukraine – et l’OTAN – sont à court d’armes conventionnelles pour combattre la Russie. Il s’agit d’une solution provisoire désespérée. 

Apparemment, Biden croit qu’« affaiblir » la Russie – et transformer certaines régions de l’Ukraine en une zone mortelle pour les civils pour les décennies à venir – constitue un intérêt vital

Même si la plupart des membres de l’OTAN sont signataires de la convention sur l’interdiction des armes à sous-munitions, ils semblent plus que disposés à fermer les yeux sur la décision de Washington. Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, qui a signé la convention lorsqu’il était alors ministre des Affaires étrangères, a déclaré la semaine dernière que Berlin ne devrait pas bloquer la cargaison américaine car cela « serait la fin de l’Ukraine ». 

En d’autres termes, le recours aux armes à sous-munitions est un aveu que ce sont Kyiv et ses partenaires de l’OTAN – et non Moscou – qui ont été affaiblis militairement par la guerre. 

Une fois de plus, une soi-disant « guerre humanitaire » de l’Occident – souvenez-vous de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Libye et de la Syrie – devient le contraire. Comme toutes les armes précédentes livrées à l’Ukraine, les bombes à fragmentation sont fournies pour retarder l’inévitable : la nécessité pour Kyiv d’engager des pourparlers avec Moscou pour mettre fin aux combats. 

Et à chaque jour sans ces pourparlers, l’Ukraine perd plus de ses combattants, et potentiellement plus de son territoire.

L’horreur des bombes à sous-munitions

Ce n’est pas comme si Washington ou le reste de l’OTAN ignoraient les effets de l’utilisation de bombes à fragmentation. On estime que les États-Unis en ont largué 270 millions sur le Laos au cours de leur « guerre secrète » contre ce pays il y a plus d’un demi-siècle. Jusqu’à 80 millions d’entre elles n’ont pas explosé.

Depuis la fin des bombardements en 1973, au moins 25 000 personnes (dont 40 % d’enfants) auraient été tuées ou blessées par ces petites mines terrestres qui jonchent le territoire du Laos. 

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Plus récemment, les États-Unis ont utilisé des armes à sous-munitions lors de leur invasion de l’Afghanistan et de l’Irak.

Hun Sen, le Premier ministre du Cambodge, qui a été bombardé comme le Laos par les États-Unis pendant la guerre du Vietnam, a rappelé au monde cette semaine les horreurs qui nous attendent. Il fait remarquer qu’un demi-siècle plus tard, le Cambodge n’avait toujours pas trouvé le moyen de détruire tous les explosifs : « Les vraies victimes seront les Ukrainiens », prévient-il

Mais cet avertissement risque de tomber dans l’oreille d’un sourd en Ukraine. Zelensky, dirigeant quasiment béatifié par les médias occidentaux, n’est pas étranger à l’utilisation de bombes à fragmentation.

Bien que les journalistes préfèrent mentionner leur utilisation par la Russie uniquement, les groupes de défense des droits de l’homme ont documenté les tirs de Kyiv sur sa propre population dans l’est de l’Ukraine depuis 2014. 

La nécessité de protéger les communautés russophones de l’est de l’Ukraine de leur propre gouvernement – et des ultranationalistes ukrainiens de l’armée ukrainienne – était l’une des principales raisons invoquées par Moscou pour lancer son invasion. Le New York Times a rapporté que Kyiv avait utilisé des bombes à fragmentation l’année dernière sur un petit village ukrainien dans l’est du pays. 

Selon une enquête menée par Human Rights Watch, les forces ukrainiennes ont également tiré des armes à sous-munitions sur la ville ukrainienne d’Izium l’année dernière, tuant au moins huit civils et en blessant une quinzaine d’autres. 

Comme l’Ukraine, les Palestiniens ont vu leur territoire saisi par un ennemi implacable. Et comme l’Ukraine, les Palestiniens font face à des attaques militaires continues de la part d’une armée d’occupation

Compte tenu de cette histoire, Washington serait stupide de prendre pour argent comptant les assurances du gouvernement Zelensky selon lesquelles les bombes à fragmentation livrées par les Américains ne seront tirées que sur les troupes russes. Toutes les preuves indiquent qu’elles seront probablement aussi utilisées contre des zones civiles dans l’est de l’Ukraine.

Publiquement, les dirigeants européens tentent de se donner bonne conscience en laissant entendre qu’il existe des justifications exceptionnelles pour fournir des armes à sous-munitions à Kyiv. Ces petites bombes sont censées être essentielles si l’Ukraine veut défendre son territoire contre l’agression et l’occupation russes.

Mais si c’est vraiment le critère de l’OTAN, alors il y a un autre État exceptionnel et opprimé qui a tout autant besoin de ces munitions : la Palestine.

Comme l’Ukraine, les Palestiniens ont vu leur territoire saisi par un ennemi implacable. Et comme l’Ukraine, les Palestiniens font face à des attaques militaires continues de la part d’une armée d’occupation

Un non-sens dangereux

Les forces d’occupation finissent toujours par commettre des crimes de guerre, comme l’ont fait la Russie. L’ONU accuse l’armée russe de viols, de meurtres et de torture, ainsi que d’attaques contre des infrastructures civiles.

Commettre des crimes de guerre est inhérent à l’invasion du territoire souverain d’un autre peuple et à la soumission de la population locale, comme les États-Unis et le Royaume-Uni l’ont prouvé en Irak et en Afghanistan. 

Il ne fait aucun doute que les actions d’Israël et de la Russie causent des souffrances indicibles. Mais là où il y a des différences, elles révèlent pire sur Israël que la Russie. 

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L‘occupation israélienne dure depuis plusieurs décennies de plus que celle de la Russie et continue au fil des ans à commettre des crimes de guerre, y compris la création de centaines de colonies armées illégales exclusivement pour les juifs sur la terre palestinienne.

De plus, il existait déjà une guerre civile en Ukraine qui a tué plus de 14 000 Ukrainiens avant l’invasion de la Russie. Au moins une partie des Ukrainiens – en grande partie sa population ethnique russe à l’est – a salué l’intervention de Moscou, du moins au début. Il serait difficile de trouver un Palestinien qui veuille qu’Israël ou ses colons occupent sa terre. 

Quelqu’un dans l’OTAN envisage-t-il de fournir des armes à sous-munitions aux Palestiniens pour se défendre ? L’OTAN approuverait-elle que les Palestiniens tirent des bombes à fragmentation sur des bases militaires israéliennes ou sur des colonies militarisées en Cisjordanie occupée ? 

Et l’OTAN accepterait-elle les assurances palestiniennes que de telles munitions ne seraient pas tirées sur Israël, tout comme elle a accepté les assurances ukrainiennes qu’elles ne seraient pas tirées sur la Russie ? 

La réponse à ces questions est évidente. Dans le cas des Palestiniens, les États occidentaux ne pratiquent pas seulement le deux poids, deux mesures. Ils se font même l’écho d’Israël en condamnant les attaques conventionnelles palestiniennes contre les forces israéliennes. 

Mais l’hypocrisie ne s’arrête pas là. Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, a écrit dans le Guardian la semaine dernière que son pays avait commis une erreur en poursuivant une politique de « diplomatie du chéquier » selon ses mots. 

Berlin, a-t-elle ajouté, avait naïvement cru que l’interaction politique et économique avec l’Occident « ferait basculer le régime russe vers la démocratie ». Au lieu de cela, elle a conclu : « la Russie de Poutine restera une menace pour la paix et la sécurité sur notre continent et que nous devons organiser notre sécurité contre la Russie de Poutine, pas avec elle. » 

La voie à suivre par l’Europe, suggère Baerbock, se limite soit à une guerre éternelle contre la Russie, soit à l’imposition d’un changement de régime au Kremlin. Tout cela est un non-sens dangereux. Le fait que des analyses égoïstes et délirantes de ce genre soient reprises sans critique par les médias occidentaux devrait entacher leur réputation. 

L’OTAN accepterait-elle les assurances palestiniennes que de telles munitions ne seraient pas tirées sur Israël, tout comme elle a accepté les assurances ukrainiennes qu’elles ne seraient pas tirées sur la Russie ? La réponse à ces questions est évidente

La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock s’exprime à Berlin, le 6 juillet 2023 (AFP)

Baerbock laisse entendre que c’est Moscou qui a repoussé « nos efforts pour construire une architecture de sécurité européenne avec la Russie ». Mais la Russie ne s’est jamais vu offrir une place significative dans le parapluie de sécurité de l’Europe après l’effondrement de l’Union soviétique. 

Cela contraste fortement avec le traitement réservé à l’Allemagne de l’Ouest après la Seconde Guerre mondiale. À peine le régime nazi parti, l’Allemagne a reçu une aide massive des États-Unis via le plan Marshall pour reconstruire son économie et ses infrastructures, et elle a rapidement été adoptée par l’OTAN comme un rempart contre l’Union soviétique.

L’effondrement de l’Union soviétique en 1991 a été géré très différemment. Cela n’a pas été considéré comme une occasion d’intégrer la Russie. 

Au lieu de cela, les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont refusé à la Russie à la fois un plan d’aide approprié et l’annulation des dettes de l’ère soviétique. L’Occident a préféré soutenir un président faible, Boris Eltsine, insistant sur le fait qu’il s’engageait dans une privatisation comme « thérapie de choc » qui laissait l’économie russe à la merci du démembrement des actifs par une nouvelle classe d’oligarques.

Des ambitions néfastes

Alors que la Russie était en train d’être économiquement vidée de sa substance, Washington s’est empressé d’isoler militairement son rival historique et d’amener les anciens États soviétiques dans la « sphère d’influence » américaine via l’OTAN.

Les administrations américaines successives ont développé et poursuivi avec zèle une politique étrangère arrogante connue sous le nom de « domination du spectre complet » contre ses principaux rivaux des grandes puissances, la Russie et la Chine.

La popularité de Poutine parmi les Russes augmentait au fur et à mesure qu’il se posait – souvent seulement rhétoriquement – comme l’homme fort qui arrêterait l’expansion de l’OTAN aux frontières de la Russie. 

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Contrairement à ce que suggère Baerbock, Moscou n’a pas été courtisée par un « chéquier » de l’OTAN. Elle a été progressivement et systématiquement acculée. Elle a été transformée, petit à petit, en paria. 

Ce n’est pas simplement l’évaluation des « défenseurs de Poutine ». La stratégie de l’OTAN a été comprise et dénoncée en temps réel par certaines des plus grandes figures de la politique étrangère américaine – de George Kennan, le père de la politique américaine de la guerre froide, à William Burns, l’actuel directeur de la CIA.  

En 2007, alors ambassadeur des États-Unis à Moscou, Burns a écrit un câble diplomatique – révélé plus tard par Wikileaks – affirmant que « l’élargissement de l’OTAN et les déploiements de défense antimissile des États-Unis en Europe jouent sur la peur russe traditionnelle de l’encerclement ». Quelques mois plus tard, Burns a averti qu’offrir à l’Ukraine l’adhésion à l’OTAN placerait Moscou dans une situation « impensable ». 

Washington a tout simplement ignoré les avertissements continuels de ses propres responsables, parce que le maintien de la paix et de la stabilité en Europe n’était pas son objectif. Il s’agissait d’isoler et d’« affaiblir » la Russie de façon permanente. 

L’administration Biden sait qu’elle joue avec le feu. L’année dernière, dans une remarque très probablement non scénarisée, le président lui-même a invoqué le danger de la Russie, confrontée à une défaite en Ukraine qu’elle considérait en termes existentiels, déclenchant un « Armageddon » nucléaire.

Il est tragique que la malveillance, la tromperie et la trahison de l’OTAN signifient que la seule alternative à l’Armageddon pourrait être la chute de l’Ukraine – et avec elle, l’écrasement des ambitions néfastes de Washington de faire progresser la domination du spectre complet.

Jonathan Cook est l’auteur de trois ouvrages sur le conflit israélo-palestinien et le lauréat du prix spécial de journalisme Martha Gellhorn. Vous pouvez consulter son site web et son blog à l’adresse suivante : www.jonathan-cook.net.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

Jonathan Cook is the author of three books on the Israeli-Palestinian conflict, and a winner of the Martha Gellhorn Special Prize for Journalism. His website and blog can be found at www.jonathan-cook.net
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