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Guerre en Ukraine : un nouvel acte terroriste accueilli par le silence des médias occidentaux

La couverture de la destruction du barrage de Kakhovka et des gazoducs Nord Stream montre la volonté des médias occidentaux de donner la priorité à la propagande antirusse sur les faits
Le président Joe Biden (à gauche) serre la main de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, au palais Mariinsky, à Kyiv, le 20 février 2023 (AFP)

L’hypocrisie grandit de jour en jour. Ces mêmes médias occidentaux qui s’efforcent de mettre en garde contre les dangers de la désinformation – du moins lorsqu’il s’agit de leurs rivaux sur les réseaux sociaux – ne prennent pas vraiment la peine de dissimuler leur propre rôle dans la dissémination de désinformation à propos de la guerre en Ukraine.

En fait, la propagande colportée par les médias se fait de plus en plus audacieuse – ce qu’illustrent trop clairement deux histoires venues du front récemment.

La catastrophe écologique engendrée par la destruction du barrage de Nova Kakhovka, sous contrôle russe, a fait la une de tous les jours. Les eaux en crue du Dnipro ont dévasté de vastes pans de terre en aval du barrage et ont contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir.

À raison, la destruction du barrage est qualifiée d’« écocide ». Il s’agit du deuxième acte majeur associé à la guerre, après l’explosion en septembre dernier des gazoducs Nord Stream qui fournissaient l’Europe en gaz russe.

Les coûts associés à la poursuite de la guerre et au refus de négociations de paix pour que la Russie soit « affaiblie », priorité sur laquelle insiste l’administration Biden, sont bien plus lourds que ce que les gens imaginent.

C’est pourquoi une compréhension claire de ce qui se passe – et des intérêts servis en alimentant les combats plutôt qu’en résolvant cette guerre – est si importante.

Il y a toujours eu au moins deux discours en Ukraine, même si le public occidental est rarement exposé au discours russe – en dehors des commentaires moqueurs des reporters occidentaux.

Tout de suite après la rupture du barrage de Kakhovka, le correspondant à Moscou de la BBC, Steve Rosenberg, ricanait visiblement en signalant que la presse russe insistait sur le fait que des « terroristes » ukrainiens étaient responsables de cette destruction. Les Russes, laissait-il entendre, faisaient l’objet d’un lavage de cerveau de la part de leur gouvernement et de leurs médias.

Ironie des choses, il ne lui est pas apparu que sa propre couverture, tout comme celle de ses collègues, servait à renforcer l’impression que Moscou était le seul coupable plausible dans la rupture du barrage – malgré le manque de preuves jusqu’à présent. Comme la presse russe, Rosenberg suit précisément la ligne que son propre gouvernement, et ses alliés de l’OTAN, veulent de lui.

Voile de brouillard

La BBC a récemment lancé son service de fact-checking Verify, apparemment pour éradiquer la désinformation. De même, la presse occidentale a commencé à accoler à toute assertion russe rapportée l’avertissement suivant : « Cette allégation n’a pas pu être vérifiée. »

Comme un tic nerveux, la presse l’a ajouté aux déclarations russes selon lesquelles un grand nombre de soldats ukrainiens avaient été tués dans ce qui semblait être les premiers instants de la « contre-offensive » de Kiev.

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En revanche, aucune mention de ce genre n’a été apposée aux propos du président ukrainien Volodymyr Zelensky lorsqu’il a accusé la Russie d’avoir détruit le barrage. 

Au lieu de cela, les journalistes ont promptement régurgité, sans vérifier, ses propres assertions, selon lesquelles Moscou a provoqué cette destruction, prétendument pour parer la contre-offensive imminente, et que seule l’aide occidentale pour chasser Moscou des régions qu’il occupe peut empêcher de nouveaux actes « terroristes ».

Comme c’est souvent le cas dans cette guerre, un épais brouillard enveloppera sûrement ce qui s’est passé au barrage de Kakhovka dans un avenir prévisible.

Cela signifie que, si la presse est déterminée à recycler les spéculations, ce qu’elle devrait faire à ce stade – hormis garder un esprit ouvert et enquêter par elle-même – consiste à appliquer le principe de « à qui profite le crime ? »

Et si elle se donnait la peine de le faire convenablement, elle pourrait être bien plus réticente à imputer la responsabilité à la Russie. 

Gagner du soutien

Comme l’a fait remarquer Scott Ritter, ancien marine américain et inspecteur en armement de l’ONU, le principal bénéficiaire de cette attaque est l’Ukraine, à la fois sur le plan militaire et politique

Après tout, les médias occidentaux ont documenté l’existence d’une série de fortifications (tranchées, mines, pointes de béton, etc.) que l’armée russe a érigées le long de ses lignes de front pendant la longue attente d’une contre-offensive ukrainienne. Comme on l’a souvent pointé du doigt, elles sont si importantes qu’on peut facilement les voir de l’espace.

Un homme dans le jardin inondé de sa maison dans la région de Mykolaïv, après la destruction du barrage de Kakhovka, le 10 juin 2023 (AFP)
Un homme dans le jardin inondé de sa maison dans la région de Mykolaïv, après la destruction du barrage de Kakhovka, le 10 juin 2023 (AFP)

Donc, si elle a bel et bien fait exploser le barrage, la Russie vient d’éliminer toutes ses défenses soigneusement établies dans une région clé que l’Ukraine souhaite reprendre – et juste au moment où Kyiv se préparerait à une grande offensive militaire.

Par ailleurs, la rivière en crue derrière le barrage était un obstacle significatif à la traversée du Dnipro par les forces ukrainiennes sur des dizaines de kilomètres. Cet obstacle est bien moindre maintenant que les eaux se sont retirées alors que le fleuve s’écoule dans la mer Noire. L’explosion du barrage creuse un trou surprise dans une partie naturelle essentielle de la ligne de défense russe. 

Autre inquiétude critique pour le Kremlin : l’explosion constitue une menace directe pour l’approvisionnement en eau de l’aride péninsule de Crimée – premier pan du territoire ukrainien annexé par la Russie. Après le renversement du gouvernement ukrainien avec le soutien des États-Unis en 2014, la Russie s’est donné comme priorité de sécuriser la Crimée, longtemps site d’une base navale stratégique en eau chaude. 

[L’explosion du barrage] impose la guerre sous le feu des projecteurs et projette Moscou comme une menace « terroriste » non seulement pour l’Ukraine mais pour l’humanité tout entière

En plus de tout cela, le contrôle russe de la centrale nucléaire de Zaporijjia en amont du barrage fait déjà l’objet d’un examen international attentif alors que des questions se posent à propos de la capacité de Moscou de faire face à une possible fusion là-bas alors que diminue drastiquement son approvisionnement en eau, nécessaire pour le refroidissement.

La destruction du barrage présente également des avantages politiques pour Kiev. Comme le fait observer Ritter : « Il y a actuellement une grande “fatigue de l’Ukraine”. Le monde est tout simplement fatigué de l’Ukraine, de financer l’Ukraine… ce dont l’Ukraine a besoin est un événement catastrophique qui rassemble un grand soutien international autour de l’Ukraine en accusant la Russie de quelque chose d’important. »

C’est exactement ce que fait le barrage. Il impose la guerre sous le feu des projecteurs et projette Moscou comme une menace « terroriste » non seulement pour l’Ukraine mais pour l’humanité tout entière, et se révélera un outil très efficace pour justifier un apport encore plus massif d’armes et d’aide pour « affaiblir » la Russie, même si la contre-offensive ukrainienne s’avère être un pétard mouillé.

Frappe « test » irréfléchie

Non seulement la presse occidentale ignore en grande partie ces facteurs, mais elle a également jeté un voile au-dessus de ses propres informations récentes qui pourraient faire de l’Ukraine le principal suspect de l’explosion du barrage.

Comme l’avait signalé le Washington Post en décembre, l’armée ukrainienne a envisagé de détruire ce barrage, en d’autres termes de perpétrer ce qui est aujourd’hui considéré comme un écocide majeur. À l’époque, ce projet avait à peine fait sourciller l’Occident.

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Les préparatifs comprenaient ce qui ressemble aujourd’hui à une « frappe de test » irréfléchie avec un missile HIMARS – fourni par les États-Unis – « faisant trois trous dans [les vannes en] métal pour voir si les eaux du Dnipro pouvaient monter suffisamment pour faire obstacle aux passages russes mais ne pas inonder les villages voisins ».

« Ce test fut un succès », selon les propos du général de division Andriy Kovalchuk, un commandant ukrainien, tenus en décembre et cités par le Post. « Mais [détruire le barrage] restait un dernier recours. » 

Et si ce « test » ou un test similaire – peut-être en préparation d’une offensive ukrainienne – avait accidentellement nui à l’intégrité du barrage, le faisant s’effondrer progressivement sous la pression de l’eau ?

Ou est-ce que la destruction du barrage a pu être intentionnelle – dans le cadre de l’offensive ukrainienne – semant le chaos dans des zones sous contrôle russe, soit pour contraindre Moscou à concentrer son énergie sur autre chose que la contre-offensive ukrainienne, soit pour détourner l’attention de l’opinion publique occidentale des éventuelles difficultés de Kyiv à lancer une opération militaire crédible ?

Et pourquoi, de toute façon, la Russie déciderait-elle de détruire le barrage, perdant le contrôle sur le débit de l’eau, alors qu’il lui suffisait d’ouvrir les vannes pour inonder les zones en aval à son gré, comme par exemple pour faire face à une tentative de franchissement de la rivière par l’armée ukrainienne ?

On ne se pose même pas ces questions, alors y répondre…

Mission à la James Bond

Dans cette guerre en Ukraine, la presse suit un schéma établi, schéma qui peut servir de guide pour comprendre comment sera couverte la rupture du barrage. 

La réticence des organes de presse occidentaux à poser les questions de base, à contextualiser de manière pertinente ou à suivre des pistes d’investigation évidentes est apparue clairement dans un autre acte écocide : les explosions des gazoducs Nord Stream en septembre. Ils avaient relâché d’énormes quantités de méthane, principal gaz responsable du réchauffement climatique.

Là encore, la presse s’est exprimée d’une seule voix. Tout d’abord, elle a fait écho aux dirigeants occidentaux en imputant les explosions à Moscou, sans la moindre preuve et même si ces explosions portaient un énorme coup à la Russie.

Le Kremlin a perdu la manne provenant de l’approvisionnement en gaz naturel de l’Europe. Par ailleurs, sur le plan diplomatique, cela l’a privé de son principal moyen de pression sur son plus grand client énergétique, l’Allemagne – un levier qui aurait pu être utilisé pour amener Berlin à rompre avec la politique de sanctions occidentales.

Difficile de cacher tout cela. Peu après, la presse occidentale a simplement relégué l’information dans les limbes.

Elle a fait l’objet d’un intérêt renouvelé bien plus tard, en mars, lorsque le New York Times et l’hebdomadaire allemand Die Zeit ont publié des récits distincts et assez absurdes, reposant sur des sources non identifiées dans les renseignements.

Selon ces récits, un groupe de six Ukrainiens aurait affrété un yacht et fait exploser les gazoducs au large du Danemark lors d’une mission à la James Bond. Cette version a été largement reprise par la presse occidentale, même si des analystes indépendants l’ont tournée en dérision, la qualifiant de hautement improbable et de techniquement infaisable.

« C’est pas nous, c’est l’Ukraine »

Le problème rencontré par les médias est qu’un récit beaucoup plus plausible des explosions de Nord Stream avait déjà été produit par le légendaire journaliste d’investigation Seymour Hersh en février. Sa source anonyme a proposé un récit beaucoup plus crédible et détaillé, qui mettait en cause les États-Unis eux-mêmes

Les preuves indirectes de la responsabilité – ou du moins de l’implication – des États-Unis étaient déjà substantielles, même si les médias les ont à nouveau ignorées. 

À commencer par Joe Biden, les responsables américains ont soit exprimé au préalable leur détermination à empêcher davantage de gaz russe de rallier l’Europe via Nord Stream, soit célébré la destruction des gazoducs après coup.

La source de Seymour Hersh affirme que les explosifs ont été placés par des plongeurs spéciaux de la marine américaine, avec l’aide de la Norvège, au cours d’un exercice naval annuel appelé BALTOPS, et qu’ils ont été déclenchés à distance trois mois plus tard

L’administration Biden avait également une raison majeure de faire sauter Nord Stream : le désir de mettre fin à la dépendance énergétique de l’Europe à l’égard de la Russie, en particulier dans une période où Washington souhaitait faire de Moscou et Pékin les nouvelles cibles de sa « guerre contre le terrorisme » permanente.

La source de Seymour Hersh affirme que les explosifs ont été placés par des plongeurs spéciaux de la marine américaine, avec l’aide de la Norvège, au cours d’un exercice naval annuel appelé BALTOPS, et qu’ils ont été déclenchés à distance trois mois plus tard.

Les médias ont soigneusement ignoré cette version. Mentionné à de rares occasions, ce récit a été rejeté au motif qu’il était attribué à une source anonyme isolée. En revanche, aucun média n’a semblé émettre les mêmes réserves à l’égard de la version fantaisiste du yacht, également fournie par une source non identifiée. 

La version avancée par Seymour Hersh a persisté et gagné de plus en plus de terrain sur les réseaux sociaux tant qu’aucune alternative crédible n’émergeait. 

Et là… bingo ! L’affirmation fantaisiste selon laquelle un groupe d’amateurs serait parvenu à localiser et à faire exploser les pipelines au fond de la mer a été abandonnée.

Début juin, le Washington Post a rapporté qu’un service de renseignement européen non identifié avait averti l’administration Biden d’une attaque imminente sur les pipelines Nord Stream trois mois avant qu’elle n’ait eu lieu. Selon ce récit, une petite équipe d’élite envoyée par l’armée ukrainienne aurait mené cette opération « secrète », toujours à l’insu de Zelensky, a-t-on souligné.

Selon le journal, « des responsables de plusieurs pays » ont confirmé que les États-Unis avaient été prévenus à l’avance.

La Maison-Blanche aurait-elle menti ?

Ce récit soulève toutes sortes de questions profondément troublantes, dont aucune ne semble intéresser les médias. 

Et surtout, s’il est véridique, cela signifie que l’administration Biden ment de manière flagrante depuis des mois en faisant l’apologie d’une fiction : celle d’une attaque perpétrée par la Russie. La Maison-Blanche et les capitales européennes ont alors sciemment trompé les médias et les opinions publiques en Occident. 

Si les responsables de l’administration Biden ont effectivement conspiré pour préserver un mensonge de grande envergure au sujet d’un acte de terrorisme industriel d’une telle ampleur – un acte qui a causé des dégâts environnementaux incalculables et qui contribue à une récession croissante en Europe –, quels autres mensonges ont-ils pu raconter ? Comment peut-on se fier à ce qu’ils affirment sur la guerre en Ukraine, notamment quand il s’agit de savoir qui est responsable de la destruction du barrage de Kakhovka ?

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Et pourtant, les médias occidentaux – qui, selon ce nouveau récit, ont été trompés pendant des mois – semblent totalement indifférents. 

En outre, si Washington était au courant de l’imminence de l’acte terroriste – qui visait autant les sources d’énergie européennes qu’une Russie dotée de l’arme nucléaire –, pourquoi n’est-il pas intervenu ?

La couverture médiatique de cette nouvelle version présente largement les États-Unis comme un acteur impuissant, incapable d’empêcher les Ukrainiens de faire sauter les pipelines. 

Mais Washington est l’unique superpuissance mondiale. L’Ukraine est entièrement dépendante de son soutien, tant financier que militaire. Si les États-Unis retiraient leur soutien, l’Ukraine serait contrainte d’entamer des pourparlers de paix avec la Russie. L’idée que Washington n’aurait pas pu empêcher l’attaque n’est pas plus crédible que l’affirmation selon laquelle un groupe de navigateurs amateurs aurait fait exploser les pipelines.

Si cette dernière version en date est vraie, alors Washington avait les moyens d’arrêter l’attaque contre l’infrastructure énergétique de l’Europe, mais n’a pas agi. On peut raisonnablement considérer que Washington a voulu la destruction des pipelines, malgré les conséquences dévastatrices pour l’Europe et l’environnement.

Et troisièmement, d’après ce récit, l’Ukraine – ou du moins son armée – s’est montrée tout à fait capable de commettre un acte terroriste des plus odieux, même contre ses alliés en Europe. Pour quelle raison quiconque, et à plus forte raison les médias, devrait-il aujourd’hui faire preuve d’autant de mépris à l’égard des accusations russes de crimes de guerre commis par l’Ukraine, notamment la destruction du barrage de Kakhovka ?

Les « bons nazis »

La vérité, cependant, est que les médias occidentaux ne sont pas préoccupés par les implications de ce dernier récit en date, pas plus qu’ils ne le sont par le précédent proposé par Seymour Hersh – tant que cela implique de faire des États-Unis et de leurs alliés les méchants. Ce récit a été rapporté de manière superficielle et sera classé comme une autre pièce d’un puzzle que personne ne cherche à résoudre. 

Le rôle des médias occidentaux sur le terrain des affaires étrangères est de soutenir un récit présentant nos dirigeants comme des gens bien qui font de leur mieux dans un monde mauvais, un monde qui les oblige à faire des choix difficiles, parfois moralement délicats. 

Des vétérans du régiment Azov, bataillon de volontaires d’extrême droite, participent à un rassemblement baptisé « Non à la capitulation », le 14 mars 2020 à Kyiv (AFP)
Des vétérans du régiment Azov, bataillon de volontaires d’extrême droite, participent à un rassemblement baptisé « Non à la capitulation », le 14 mars 2020 à Kyiv (AFP)

Et si Biden et Zelensky n’étaient pas vraiment des héros, ni même des gens bien ? Et s’ils étaient tout aussi ignobles, insensibles et inhumains que ces dirigeants étrangers que nous qualifions si facilement de « nouveaux Hitler » ? C’est juste qu’ils bénéficient d’une bien meilleure publicité de la part de nos médias complices.

La couverture de la destruction du barrage de Kakhovka et des pipelines Nord Stream renvoie à un double problème : les dirigeants occidentaux et leurs alliés peuvent être impliqués dans les crimes les plus terribles, mais nous ne pouvons que rarement en avoir la certitude compte tenu de la détermination de nos médias à ne pas rechercher la vérité. 

La semaine dernière, le New York Times a enfin avoué dans ses pages une chose que ce journal comme le reste des médias occidentaux ont un jour reconnue ouvertement, mais qu’ils érigent en tabou depuis l’invasion russe : que l’armée ukrainienne est imprégnée de symboles néonazis.

Si le New York Times est prêt à relooker les nazis ukrainiens et à leur donner une bonne image, que fait-il pour Biden, Zelensky et les dirigeants européens ? 

Cependant, si le New York Times a fini par reconnaître ce qu’il avait précédemment condamné comme de la « désinformation » chaque fois que ce discours apparaissait sur les réseaux sociaux, le journal de référence a martelé une distinction absurde.

Oui, a reconnu le journal, des soldats ukrainiens sont fiers de se parer d’insignes nazis. Et oui, une grande partie de la société ukrainienne commémore des figures nazies notoires de la Seconde Guerre mondiale telles que Stepan Bandera. Mais non, l’utilisation prolifique de symboles nazis en Ukraine ne se traduit pas par un quelconque attachement à l’idéologie nazie.  

Tel est l’argument avancé par une publication occidentale qui, dans le même temps, a pris au sérieux les allégations d’antisémitisme visant la star du rock Roger Waters pour avoir interprété un extrait de l’album The Wall de son groupe Pink Floyd, satire d’un dictateur fasciste… vêtu d’un costume de dictateur fasciste.

Le véritable crime de Roger Waters tient au fait que depuis l’éviction de Jeremy Corbyn du Parti travailliste britannique, il représente le partisan le plus visible des droits des Palestiniens dans le monde occidental.

Si le New York Times et les autres médias occidentaux sont prêts à relooker les nazis ukrainiens et à leur donner une bonne image, que font-ils pour Biden, Zelensky et les dirigeants européens ? 

Une chose est sûre : nous ne trouverons aucune réponse du côté des médias occidentaux.

- Jonathan Cook est l’auteur de trois ouvrages sur le conflit israélo-palestinien et lauréat du prix spécial de journalisme Martha Gellhorn. Son site Web et son blog sont disponibles à l’adresse : www.jonathan-cook.net

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

Jonathan Cook is the author of three books on the Israeli-Palestinian conflict, and a winner of the Martha Gellhorn Special Prize for Journalism. His website and blog can be found at www.jonathan-cook.net
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