Nancy Ajram face à un tollé en ligne après un « blackface » dans une vidéo
Les critiques pleuvent sur la célèbre chanteuse libanaise Nancy Ajram qui a publié pour son anniversaire une vidéo sur sa page Instagram dans laquelle elle a recours au blackface.
Le blackface désigne une pratique courante aux États-Unis au XIXe siècle et au début du XXe siècle consistant à se grimer en noir en exagérant les traits pour se moquer et insulter les noirs à des fins de divertissement.
Cette pratique, couramment utilisée dans les spectacles, s’appuie sur les stéréotypes à l’égard des personnes noires et des minorités ethniques.
Plus d’1,6 millions de vues
Dans la vidéo, on peut voir la star libanaise marcher dans les rues de Beyrouth avec une perruque noire aux boucles épaisses, cherchant à voir si les passants vont la reconnaître.
Publiée mardi 17 mai, la vidéo enregistre déjà plus d’1,6 millions de vues. Nancy Ajram n’y a pas fait de remarques directes sur la race ou contre les noirs.
On y voit la chanteuse de 39 ans être longuement maquillée et on la voit plus tard régler des achats, interroger les passants pour savoir où aller, s’arrêter dans un café puis dîner avec un ami pour son anniversaire.
La vidéo s’achève sur Ajram qui se démaquille dans le restaurant bondé et prend des photos avec le personnel.
Cet incident a engendré un tsunami de critiques sur internet. De nombreux internautes exigent que la chanteuse, très célèbre dans le monde arabe, s’excuse pour cette mauvaise plaisanterie.
« On est en 2022 et des gens pensent encore que c’est normal de plaisanter avec le blackface. Nancy, ne viens pas dire plus tard “Je ne savais pas que c’était raciste”, ce n’est pas une excuse… le premier résultat quand on cherche blackface, c’est racisme », explique un internaute.
Le blackface est une pratique condamnée dans la plupart des régions du monde mais toujours répandue aux Pays-Bas et en Inde, où on l’appelle brownface.
Certaines comédies du Moyen-Orient et influenceurs sur les réseaux sociaux sont apparus en blackface ces dernières années, même si son usage aujourd’hui suscite l’indignation et les appels au boycott.
Traduction : « Voir le blackface de Nancy Ajram au réveil n’était pas ce à quoi je m’attendais ce matin. Le racisme habituel et l’hostilité envers les noirs qui imprègnent toujours la région, c’est répugnant et honteux. »
« Rien de tout cela n’est acceptable, c’est écœurant de voir des gens défendent cela », écrit l’activiste libano-américain Danny Hajjar.
« Je ne vais pas partager publiquement ces images, elles sont là. Vous pouvez tous voir les commentaires de gens qui n’hésitent pas à défendre Nancy et sa plaisanterie. Rien de tout cela n’est acceptable, c’est écœurant de voir des gens défendent cela. »
« Et franchement, c’est un échec pour notre culture et nos médias musicaux. Je n’ai vu personne en parler, rien remettant en cause ce qu’a fait Nancy Ajram, rien remettant ça dans le contexte du racisme contre les noirs dans la région et dans l’industrie musicale arabe. Cela ne rend service à personne. »
Qualifiée par Spotify de « reine de la pop arabe », on attribue souvent à la chanteuse le retour de la musique pop au XXIe siècle.
Elle a sorti douze albums à ce jour et de nombreux singles ayant terminé en haut des charts.
Malgré son statut de superstar au Liban, le média en ligne Beirut.com a critiqué la chanteuse, qualifiant cette vidéo d’« écœurante » dans une publication sur Instagram.
« Les célébrités libanaises n’apprennent-elles pas des scandales des autres ? [Les célébrités arabes] ne sont absolument pas sensibilisées, ce qui contribue au racisme et à l’ignorance dans notre région », poursuit le site.
À contre-courant des critiques, les commentaires Instagram sous la publication sont principalement des messages de soutiens, beaucoup ne voient rien de mal ou de controversé dans les actes de la chanteuse.
Middle East Eye a sollicité une réaction de l’attaché de presse de Nancy Ajram, mais n’avait pas obtenu de réponse au moment de la publication.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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