Un Irakien lié au groupe État islamique aurait fomenté l’assassinat de George W. Bush aux États-Unis
Selon des informations relayées par Forbes, citant une demande de mandat de perquisition du FBI rendue publique cette semaine devant un tribunal fédéral, un agent actif aux États-Unis, soupçonné d’être lié au groupe État islamique (EI), aurait fomenté l’assassinat de George W. Bush.
Le FBI a déclaré avoir découvert le complot grâce au travail de deux informateurs confidentiels et à la surveillance du compte de son organisateur présumé sur la plateforme de messagerie WhatsApp, détenue par Meta.
Le suspect, Shihab Ahmed Shihab, 52 ans, établi à Columbus (Ohio), s’est même rendu à Dallas (Texas) en novembre pour filmer la maison de l’ancien président. Il a également recruté une équipe qu’il espérait faire entrer clandestinement dans le pays via le Mexique.
L’individu a déclaré qu’il voulait assassiner Bush parce qu’il jugeait l’ancien président responsable de la mort d’Irakiens et de la désintégration du pays après l’invasion militaire américaine de 2003, selon le document.
Selon Forbes, l’organisateur présumé du complot – qui prétendait faire partie d’une unité appelée « Al-Raed », dirigée par un ancien pilote irakien établi au Qatar jusqu’à sa mort – se trouvait aux États-Unis depuis 2020 et faisait l’objet d’une demande d’asile.
Un traçage sur WhatsApp
Les agents fédéraux ont utilisé deux sources confidentielles différentes pour enquêter sur le complot : un individu qui prétendait vouloir aider le suspect à se procurer des faux papiers, ainsi qu’un prétendu client du passeur présumé.
En novembre 2021, le suspect a révélé le projet d’assassinat à un informateur du FBI et lui a demandé s’il savait comment « obtenir des répliques ou des faux papiers et insignes de police et/ou du FBI » pour l’aider à mettre son plan à exécution.
Le suspect a déclaré qu’il prévoyait de faire entrer aux États-Unis quatre ressortissants irakiens de sexe masculin se trouvant en Irak, en Turquie, en Égypte et au Danemark, selon le document. Il a également affirmé que l’un d’eux était « le secrétaire d’un ‘’ministre’’ des Finances de l’EI ».
L’affaire met en lumière les pratiques du FBI, qui affirme que ses enquêtes se heurtent à l’emploi du cryptage par Meta et d’autres fournisseurs technologiques
Il a décrit ces hommes comme « d’anciens membres du parti Baas en Irak en désaccord avec le gouvernement irakien actuel ». Le parti Baas était le parti politique de l’ancien président irakien Saddam Hussein, renversé lors de l’invasion américaine de 2003.
Le suspect a également affirmé vouloir retrouver et assassiner un ancien général irakien qui avait aidé les Américains pendant la guerre, selon lui installé aux États-Unis.
Toujours dans le dossier judiciaire du FBI, le suspect a affirmé être un membre de la « résistance » et avoir tué de nombreux Américains en Irak entre 2003 et 2006.
L’affaire met en lumière les pratiques du FBI, qui affirme que ses enquêtes se heurtent à l’emploi du cryptage par Meta et d’autres fournisseurs technologiques, mais qui a pu contourner les paramètres de sécurité de WhatsApp grâce au recours à des informateurs et au suivi des métadonnées obtenues de la plateforme de messagerie.
Le bureau a utilisé un enregistreur de numéros, un dispositif qui enregistre tous les numéros joints à partir d’un certain compte, dans ce cas précis, sur le compte WhatsApp attribué au suspect. L’un des informateurs du FBI lui a également donné un téléphone, ce qui a permis au FBI de le suivre.
L’un des informateurs du FBI a indiqué que le suspect était membre de groupes de discussion en lien avec le parti Baas et l’EI sur WhatsApp. Le suspect a affirmé avoir été « récemment en communication avec un ami au Qatar qui était un ancien ministre en Irak sous Saddam Hussein et qui avait accès à de grosses sommes d’argent » et échangeait avec ce dernier sur WhatsApp, a indiqué le FBI.
Liens avec le Hezbollah
Dans une conversation datant de décembre, le suspect a affirmé qu’il venait de faire entrer clandestinement aux États-Unis deux individus associés au Hezbollah, un groupe établi au Liban et considéré comme une organisation terroriste par Washington, contre un montant de 50 000 dollars pour chacun d’eux.
Middle East Eye a contacté le département de la Justice et le bureau de l’ancien président Bush afin de recueillir des commentaires, mais n’a reçu aucune réponse.
Ancien président américain issu du Parti républicain de 2001 à 2009, Bush a fait parler de lui la semaine dernière lorsqu’il a, par inadvertance, qualifié l’invasion américaine de l’Irak de « totalement injustifiée et brutale » lors d’un discours sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Selon le projet Costs of War de l’université Brown, entre 184 000 et 207 000 civils auraient trouvé la mort au cours des violences en lien direct avec la guerre causées par les États-Unis, leurs alliés, l’armée et la police irakiennes ou les forces d’opposition entre l’invasion de l’Irak et octobre 2019.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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