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Liban : la répression des LGBTQI+ porte un coup à une communauté déjà fragilisée

Fin juin, le ministre de l’Intérieur Bassam Mawlawi a demandé aux forces de sécurité de « prendre immédiatement les mesures nécessaires » pour réprimer les événements « favorisant la perversion sexuelle »
Hadi Damien, l’initiateur de Beirut Pride, montre des photos d’un panneau d’affichage avec des fleurs aux couleurs d’un drapeau arc-en-ciel, avant et après sa destruction, à Beyrouth, le 1er juillet 2022 (AFP/Anwar Amro)
Hadi Damien, l’initiateur de Beirut Pride, montre des photos d’un panneau d’affichage avec des fleurs aux couleurs d’un drapeau arc-en-ciel, avant et après sa destruction, à Beyrouth, le 1er juillet 2022 (AFP/Anwar Amro)
Par AFP à BEYROUTH, Liban

La communauté LGBTQI+ du Liban se trouve de nouveau dans le collimateur des autorités, avec des rassemblements interdits et des militants queers harcelés.

Ces mesures affectent une communauté qui a déjà perdu plusieurs de ses lieux de rencontre, détruits lors de l’explosion du port de Beyrouth en 2020, et dont une partie a quitté le pays en raison de la grave crise économique du Liban.

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Fin juin, le ministre de l’Intérieur Bassam Mawlawi a demandé aux forces de sécurité de « prendre immédiatement les mesures nécessaires » pour réprimer les événements « favorisant la perversion sexuelle », en allusion aux activités de la communauté LGBTQI+. 

« C’est très intimidant et assez effrayant d’être une personne queer au Liban en ce moment », commente Tarek Zeidan, directeur de l’association Helem, considérée comme le principal groupe arabe défendant les droits des LGBTQI+.

« Nous craignons que ce soit le signe d’une nouvelle série de tentatives de restreindre les droits individuels, civils et politiques des personnes LGBTQI+ », a-t-il ajouté.

Mosaïque de dix-huit communautés religieuses chrétiennes et musulmanes, le Liban, l’un des pays les plus libéraux du Moyen-Orient, est considéré plus « tolérant » que d’autres États arabes par rapport à l’homosexualité. Mais les institutions religieuses continuent d’exercer une influence majeure sur les affaires sociales et culturelles.

La police a mené par le passé des descentes dans les boîtes de nuit et autres lieux fréquentés par la communauté LGBT+, et certains de leurs rassemblements sont régulièrement interdits ou annulés en raison de menaces.

Conférences sur les « risques » de l’homosexualité 

Mais la dernière décision du gouvernement – jugée « illégale » par des groupes de défense des droits – porte un nouveau coup dur à cette communauté.

L’ONG britannique Oxfam note que celle-ci avait déjà été fragilisée par l’explosion dévastatrice dans le port de Beyrouth qui avait détruit les lieux où elle se retrouvait.

Par ailleurs, comme de nombreux Libanais, des membres de cette communauté se sont joints à l’exode vers l’étranger, isolant encore un peu plus les queers restant au pays.

« Quand l’État a autant de choses [à régler], il a besoin de montrer qu’il fait quelque chose. Alors il frappe toujours les gens qui semblent être les cibles les plus faciles »

- Hadi Damien, initiateur de la plateforme Beirut Pride

En 2018, une décision de justice jugeant que les relations sexuelles consensuelles entre personnes du même sexe n’étaient plus illégales a donné espoir à la communauté LGBT+, mais l’homosexualité peut toujours être sanctionnée par la loi.

La dernière mesure du ministère de l’Intérieur « exacerbe vraiment ce sentiment de peur » de vivre au Liban, a indiqué Tarek Zeidan.

Elle a par ailleurs déclenché des menaces et des déclarations homophobes de la part d’hommes politiques, d’autorités religieuses et de groupes religieux radicaux.

Les manifestants anti-queers ont réclamé à l’État une plus grande répression envers la communauté LGBTQI+, et des conférences ont été organisées sur les « risques » de l’homosexualité ainsi que sur des thérapies de conversion. 

Rasha Younes de Human Rights Watch dénonce la mesure de juin, s’élevant contre une « absence totale de cadre juridique » et « un dangereux précédent ».

Hadi Damien : « Le chemin est long » pour la communauté LGBT libanaise
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Des militants disent avoir reçu des appels téléphoniques de membres de forces de l’ordre « indiquant clairement qu’ils surveillent leurs comptes sur les réseaux sociaux », a-t-elle déclaré. 

La semaine dernière, des militants LGBTQI+ ont été contraints d’annuler un sit-in prévu devant le ministère de l’Intérieur en raison de menaces de mort.

Avant la décision du ministère, un groupe chrétien se faisant appeler les « Soldats de Dieu » a diffusé en direct une vidéo de ses membres vandalisant à Beyrouth un panneau décoré de fleurs aux couleurs d’un drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBTQI+.

Le panneau qui portait le hashtag #LoveAlwaysBlooms (L’amour fleurit toujours) a été imaginé par Beirut Pride, une plateforme collaborative qui a commencé à partir de 2017 à plaider en faveur de la dépénalisation du statut des LGBTQI+.

Selon Hadi Damien, l’initiateur de la plateforme, ce panneau était leur première initiative significative, en dehors des réseaux sociaux, depuis octobre 2019.

Cette réaction brutale n’est pas un phénomène nouveau mais s’inscrit dans le cadre de l’effondrement quasi total de l’État, a-t-il déclaré dans un café de la capitale.

« Quand l’État a autant de choses [à régler], il a besoin de montrer qu’il fait quelque chose. Alors il frappe toujours les gens qui semblent être les cibles les plus faciles. »

Par Hashem Osseiran.

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