EN IMAGES : En Égypte, une usine de friandises traditionnelles se prépare pour la fête de Mawlid al-Nabi
Dans le quartier de Bab al-Bahr au Caire, près de la place Ramsès, se situe l’une des plus anciennes usines de friandises d’Égypte.
Cette usine existe depuis plus de 70 ans et est connue pour ses sucreries réalisées de manière traditionnelle, selon un processus inchangé depuis des décennies.
Pour les Égyptiens, faire des friandises pour Mawlid al-Nabi (l’anniversaire du prophète Mohammed) est une tradition qui remonte à plusieurs générations. Dans la période précédant cette fête, la plupart des confiseries du pays mettent toute leur énergie pour les produire et les vendre.
Même si le prophète lui-même ne célébrait pas son anniversaire et que ce n’est pas une occasion marquée par tous les musulmans, certains choisissent de le commémorer le 12e jour de Rabi al-Awwal, 3e mois du calendrier islamique.
En Égypte, cette date est marquée par des processions, des fêtes foraines et des aliments spécifiques partagés entre amis et en famille. Dans le pays, ce jour est férié et il est également marqué par des sermons à la mosquée. (Toutes les photos sont de Fadel Dawod)
Beaucoup pensent que cette tradition de fabrication et de distribution de sucreries autour de cette fête remonte à l’ère fatimide au XIe siècle : une procession avait lieu et le calife parcourait les rues et distribuait des sucreries aux gens pour marquer cette fête.
Traditionnellement, ces friandises étaient faites à partir d’ingrédients simples – principalement du miel, du sucre et de la gélatine. Cependant au fil du temps, de nombreux confiseurs ont ajouté de nouveaux ingrédients et leur ont donné des formes et des couleurs spécifiques.
Mohammed El-Shennawy, confiseur depuis plus de 35 ans, explique à Middle East Eye que les douceurs de Mawlid doivent être faites d’une certaine manière.
« Ces friandises, qui prennent la forme de poupées, sont faites de sucre chauffé jusqu’à son point d’ébullition afin qu’il devienne liquide. Il est ensuite versé dans un moule en bois qui prend la forme d’une poupée ou d’un cheval. »
Une fois que les préparations se sont solidifiées dans le moule, on les en extrait puis on les décore avec des feuilles de papier coloré qui prennent différentes formes.
Appelées Arouset al-Mawlid, ces poupées viendraient de l’époque du règne du dirigeant fatimide Al-Hakim bi-Amr Allah, qui un jour se rendit à cheval en ville avec son épouse.
Cette dernière était si belle que les gens eurent l’idée de faire des poupées qui lui ressemblaient et un cavalier fut conçu pour représenter le calife. Beaucoup façonnaient également ces poupées comme symbole des jeunes mariés.
D’autres pensent que celles-ci étaient réalisées lorsque des soldats revenaient de la guerre pour épouser leurs promises, et que les friandises leur étaient offertes pour honorer leur bravoure.
Mohammed El-Shennawy indique qu’il y a certaines règles à suivre pour leur fabrication.
« Il y a plusieurs étapes. L’une des étapes les plus importantes est de remuer le mélange pour qu’il ne brûle pas. Puis, de l’eau est ajoutée petit à petit. Ces sucreries doivent être préparées dans des pots en cuivre parce que l’aluminium réagit à la mixture et la noircit », explique-t-il.
Parmi les autres confiseries réalisées à l’occasion des fêtes figurent les fruits à coque enrobés de sucre, en particulier les cacahuètes, les pistaches et les amandes. Les graines de sésame enrobées d’un mélange de miel sont également très populaires lors de cette période.
La plupart des confiseurs commencent à préparer cette fête près d’un mois à l’avance pour s’assurer d’avoir le temps de faire suffisamment de stocks pour tous leurs clients.
Bien que le coût de l’alimentation et des produits de base ne cesse d’augmenter en Égypte ces dernières années, de nombreux musulmans du pays continuent d’acheter ces friandises pour préserver une tradition joyeuse qu’ils apprécient en famille.
Aujourd’hui, la plupart des usines en Égypte utilisent des machines pour les réaliser, en particulier lorsqu’elles sont produites à grande échelle, et peu de confiseurs les font encore de manière traditionnelle.
Dans les jours précédant la fête, des groupes de jeunes gens se rassemblent pour nettoyer et décorer les rues, anticipant les foules attendues pour la parade.
Parmi les autres traditions du Mawlid figurent les chants religieux dans les rues et le rappel des enseignements de l’islam tirés de la vie du prophète Mohammed.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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