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Qatar : des personnes LGBTQI+ arrêtées par les autorités et victimes de mauvais traitements

Selon Human Rights Watch, des citoyens qataris homosexuels et transgenres ont été passés à tabac et harcelés sexuellement au cours de leur détention
Des personnes passent devant le compte à rebours de la Coupe du monde 2022, le 20 octobre 2022 à Doha, capitale du Qatar (AFP)
Des personnes passent devant le compte à rebours de la Coupe du monde 2022, le 20 octobre 2022 à Doha, capitale du Qatar (AFP)
Par MEE

Les autorités qataries ont arrêté arbitrairement des membres de la communauté LGBTQI+ et leur ont infligé des mauvais traitements au cours de leur détention, indique Human Rights Watch ce lundi. 

L’organisation new-yorkaise de défense des droits de l’homme a interrogé six Qataris issus de la communauté LGBTQI+, dont quatre femmes transgenres, une femme bisexuelle et un homme homosexuel, qui ont rendu compte de violents passages à tabac et de faits de harcèlement sexuel au cours de leur détention. Ces faits remonteraient à une période comprise entre 2019 et septembre dernier, soit quelques semaines avant le coup d’envoi de la Coupe du monde de football dans l’État du Golfe. 

« Alors que le Qatar s’apprête à accueillir la Coupe du monde, les forces de sécurité détiennent et maltraitent des personnes LGBTQI+ simplement en raison de qui elles sont, apparemment avec la certitude que ces abus ne seront ni signalés ni interdits », indique Rasha Younes, chercheuse auprès du programme de Human Rights Watch consacré aux droits de la communauté LGBTQI+. 

Selon HRW, les forces de sécurité ont arrêté des personnes dans des lieux publics sur la base de leur expression de genre et ont fouillé illégalement leur téléphone. Elles ont également imposé aux femmes transgenres de suivre une thérapie de conversion dans un centre parrainé par le gouvernement. 

Dans un communiqué, un responsable qatari affirme que le pays « n’autorise ni n’assure l’exploitation de “centres de conversion” ». 

Le responsable souligne que le rapport de HRW « contient des informations qui sont catégoriquement et incontestablement fausses », sans donner davantage de précisions. 

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Toutes les personnes interrogées par l’ONG de défense des droits de l’homme ont déclaré que le Département qatari de la sécurité préventive les avait détenues dans une prison souterraine située dans le quartier d’al-Dafna à Doha, capitale du pays. 

Dans cet établissement, elles ont été victimes de harcèlement verbal et de violences physiques, notamment de gifles, de coups de pied et de coups de poing, jusqu’à saigner. 

Les autorités leur ont extorqué des aveux forcés et refusé tout accès à un avocat, à leur famille ou à des soins médicaux. Elles ont également contraint les détenus à signer une déclaration les engageant à « cesser toute activité immorale ». 

Des femmes transgenres victimes de mauvais traitements 

Une femme transgenre qatarie a déclaré avoir été arrêtée dans la rue à Doha et battue dans la voiture de police jusqu’à saigner des lèvres et du nez. Elle a également reçu des coups de pied au ventre.

« Il y avait de nombreuses autres personnes LGBT détenues là-bas : deux lesbiennes marocaines, quatre homosexuels philippins et un homosexuel népalais », a-t-elle déclaré. 

« J’ai été détenue pendant trois semaines sans être inculpée, et les agents m’ont harcelée sexuellement à plusieurs reprises. L’une des conditions de ma libération consistait à assister à des séances avec un psychologue qui “ferait de nouveau de moi un homme”. »

Une autre femme transgenre a déclaré que les agents la battaient quotidiennement et lui rasaient les cheveux. 

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« Ils m’ont [également] fait enlever ma chemise et ont pris une photo de mes seins. À cause de ma détention, j’ai fait une dépression. Aujourd’hui encore, je fais des cauchemars et je suis terrifiée à l’idée de me rendre dans un lieu public », a-t-elle ajouté. 

Tous les détenus membres de la communauté LGBTQI+ qui se sont adressés à HRW ont indiqué que les autorités les avaient forcés à leur remettre leur téléphone pour leur permettre de faire des captures d’écran de photos et de conversations privées.

« Le gouvernement qatari devrait exiger l’arrêt immédiat de tels abus et la FIFA devrait pousser le gouvernement qatari à engager une réforme à long terme qui permette de protéger les personnes LGBTQI+ de toute forme de discrimination et de violence », soutient Rasha Younes. 

Au Qatar, les relations sexuelles entre adultes consentants de même sexe dans la sphère privée sont considérées comme une infraction pénale passible de sept ans de prison. 

Interrogée il y a quelques mois par Middle East Eye, Fatma al-Nuaimi, directrice de la communication du comité suprême d’organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar en charge des projets et du patrimoine, assurait que « tout le monde [était] le bienvenu, indépendamment des questions d’origine ethnique, de religion, de sexe ou d’orientation sexuelle ». 

Interrogée quant à savoir si le Mondial donnerait lieu à des réformes pour les Qataris issus de la communauté LGBTQI+, la responsable invitait le public à « respecter la culture et la tradition du pays ». 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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