Coupe du monde 2022 : le Maroc doit aussi son succès aux mères des joueurs
Après avoir inscrit le tir au but victorieux pour le Maroc contre l’Espagne, il n’a pas fallu longtemps à Achraf Hakimi pour se précipiter vers sa mère.
Le latéral né à Madrid de parents marocains avait déjà fait parler de lui quelques jours auparavant en embrassant sa mère, Saida Mouh, après la victoire des Lions de l’Atlas face à la Belgique.
« Je t’aime maman », avait-il tweeté en arabe à l’issue de ce match, avec un émoji cœur.
Mardi, les photographes étaient une fois de plus aux premières loges pour immortaliser l’accolade entre Saida Mouh et son fils après l’exploit du Maroc en huitièmes de finale de la Coupe du monde.
Traduction : « Le joueur marocain Achraf Hakimi reçoit un baiser de sa mère après avoir éliminé l’Espagne de la Coupe du monde. »
À l’issue d’un match serré entre le Maroc et les champions du monde 2010, qui s’est terminé sur un score nul et vierge à l’Education City Stadium de Doha, les deux équipes ont dû se départager lors d’une séance de tirs au but.
La Roja n’est parvenue à inscrire aucun de ses trois premiers tirs au but, laissant Achraf Hakimi porter l’estocade d’une délicieuse « panenka ».
« Je fonds devant Hakimi et sa maman, surtout en connaissant leur histoire », a tweeté une internaute.
La visibilité des proches des joueurs marocains est une source de joie et d’inspiration pour les supporters du monde entier et est considérée comme un ingrédient de leur succès historique.
Les familles invitées au camp de base à Doha
Avant le Mondial, la Fédération royale marocaine de football a décidé, de concert avec le sélectionneur Walid Regragui, d’emmener les proches des membres de l’équipe au Qatar et de leur offrir un séjour tout compris.
Ainsi, en plus d’être soutenus par des dizaines de milliers de supporters dans les stades à l’occasion du premier Mondial organisé dans un pays arabe, les Lions de l’Atlas ont été rejoints par leurs proches à leur camp de base situé dans le quartier de West Bay à Doha.
Fatima, la mère du sélectionneur Walid Regragui en personne, fait partie de ceux qui ont saisi l’occasion de s’envoler pour le Qatar.
« Je vis en France depuis plus de 50 ans maintenant et c’est la première compétition pour laquelle j’ai quitté Paris », a-t-elle déclaré à la chaîne sportive marocaine Arryadia.
« [Walid] va rendre fiers tous ceux qui les regardent. Aidez-le et il vous aidera », a-t-elle affirmé au journal Al-Mountakhab.
« Ceux qui l’aiment, que Dieu les bénisse et ceux qui ne l’aiment pas, que Dieu les bénisse aussi.
« Je l’ai élevé de manière à ce qu’il atteigne l’excellence [islamique]. […] Que Dieu lui apporte, ainsi qu’à tous les autres, l’aisance et le confort. »
Après cette fameuse victoire contre l’Espagne, plusieurs joueurs marocains sont montés dans les gradins pour communier avec leurs amis et leur famille.
L’attaquant Youssef En-Nesyri, ému, a notamment été filmé en train de serrer son père dans ses bras et de l’embrasser.
« Dans cette liesse qui suit la victoire du Maroc, on oublie la naïveté tactique des Espagnols. Enrique n’a pas fait venir ces mamans arabes qui sont convaincues que leur fils est quoi qu’il arrive la meilleure chose sur terre », a plaisanté l’auteur Omar D. Foda.
« Merci Maman »
Dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, on peut voir la mère de Yassine Bounou, le gardien héroïque du Maroc, prier pour son fils alors qu’il faisait face au tireur espagnol Sergio Busquets. « Bono » a ensuite parfaitement repoussé le tir au but.
Après leur exploit, Yassine Bounou et ses coéquipiers affronteront le Portugal en quarts de finale samedi. Les Lions de l’Atlas sont la première équipe de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) à atteindre ce stade de la compétition depuis la Turquie en 2002.
Traduction : « La prière d’une mère vaut plus que de l’or : ici, c’est la mère de Bono qui prie pour son fils. »
Hakimi, dont les parents ont quitté le Maroc pour l’Espagne avant sa naissance, inspire les supporters partout dans le monde.
La famille Hakimi fait partie de la diaspora marocaine en Espagne, qui forme la plus grande minorité ethnique du pays avec plus de 800 000 habitants.
« Ma mère était femme de ménage et mon père était vendeur ambulant », a-t-il déclaré dans l’émission de télévision espagnole « El Chiringuito ». « Ils ont abandonné leur vie pour moi. Mon frère et à ma sœur ont dû sacrifier beaucoup de choses pour que je puisse réussir. Aujourd’hui, je joue pour eux. »
Le défenseur du Paris-Saint-Germain, considéré comme l’un des meilleurs latéraux droits au monde, a été contacté pour intégrer la sélection espagnole chez les jeunes, mais a décliné la proposition.
« J’ai senti que ce n’était pas le bon endroit pour moi, je ne me sentais pas chez moi. Ce n’était pas à cause de quelque chose en particulier, mais ce n’était pas ce que je vivais chez moi, c’est-à-dire la culture arabe, le fait d’être marocain », a-t-il déclaré à Marca en début de semaine.
Selon Ayoub, un Marocain vivant à Londres qui a participé aux célébrations de grande ampleur dans la capitale britannique mardi, le soutien massif dont jouit le Maroc à Doha est un ingrédient du succès sans précédent de la sélection.
« C’est ce que notre sélectionneur Walid Regragui demandait. Il souhaitait vraiment entendre [des chants marocains] dans le stade, et c’est ce que faisaient tous les supporters », affirme-t-il à Middle East Eye.
« Merci aux Marocains. Merci Maman pour ta fierté, merci Papa », ajoute-t-il.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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