Rabat conditionne l’ouverture d’une ambassade en Israël à la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental
Le Maroc aurait conditionné l’ouverture d’une ambassade à Tel Aviv à la reconnaissance formelle par Israël de sa souveraineté sur le Sahara occidental, selon le site d’information américain Axios.
D’après la même source, quatre responsables israéliens directement impliqués dans le dossier ont indiqué que Rabat avait soulevé cette question à plusieurs reprises lors de réunions avec des responsables israéliens au cours des derniers mois.
« Jusqu’à présent, le gouvernement israélien a décidé de ne pas s’engager sur cette question, ont déclaré les responsables israéliens », rapporte Axios, qui précise que « le ministère israélien des Affaires étrangères pense que les Marocains utilisent la question de la reconnaissance comme prétexte pour ne pas ouvrir une ambassade à Tel Aviv en raison des critiques [suscitées par la normalisation des relations] dans leur pays, selon les responsables israéliens ».
Néanmoins, « les responsables israéliens pensent que le nouveau gouvernement [israélien] n’aura aucun problème à reconnaître le Sahara occidental comme faisant partie du Maroc, soulignant les espoirs de [Benyamin] Netanyahou de visiter le royaume dans les mois à venir ».
Axios rappelle que lors d’une visite au Maroc en juin dernier, Ayelet Shaked, l’ex-ministre israélienne de l’Intérieur, avait déclaré aux médias locaux qu’Israël reconnaissait la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Mais le ministère israélien des Affaires étrangères avait rapidement atténué la portée des propos de Shaked, indiquant que « le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara [était] un développement positif ».
Quelques semaines plus tard, le ministre de la Justice de l’époque, Guideon Saar, en visite au Maroc, avait lui aussi publiquement affirmé que le Sahara faisait partie du Maroc, avant que le ministère des Affaires étrangères n’intervienne à nouveau, prenant ses distances avec cette déclaration et réitérant une position plus nuancée.
L’engagement de Mohammed VI
Le Maroc avait coupé ses relations avec Israël en 2000 après le déclenchement de la deuxième Intifada, mais a rétabli ces liens en décembre 2020, dans le sillage de la vague de normalisation entreprise par trois autres pays arabes, les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan.
Le rétablissement des relations entre Israël et le Maroc faisait partie d’un deal avec l’administration Trump qui, en échange, reconnaissait la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental. Rabat a ensuite ouvert des bureaux de liaison diplomatique en Israël et, en janvier 2021, le roi Mohammed VI a assuré au Premier ministre Benyamin Netanyahou qu’il s’engageait à ouvrir une ambassade dans le cadre de la prochaine phase du « processus de paix ».
Ce rapprochement entre le Maroc et Israël a provoqué la colère d’Alger, qui a dénoncé « l’arrivée de l’entité sioniste à [ses] portes ».
Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental disposerait d’importantes réserves de pétrole offshore et de ressources minérales.
Le Front Polisario, mouvement de résistance armée sahraoui, accuse le Maroc d’exploiter les ressources naturelles du Sahara occidental, tandis que la moitié de sa population attend un référendum d’autodétermination dans des camps et en exil.
Le Maroc, qui soutient que le Sahara occidental, qu’il a annexé en 1975, fait partie intégrante du royaume, a proposé l’autonomie mais insiste pour conserver la souveraineté sur ce territoire. De son côté, le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, demande depuis longtemps la tenue de ce référendum promis par l’ONU.
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