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Israël tue quinze Palestiniens lors de raids nocturnes à Gaza

Des frappes aériennes ont ciblé des dirigeants du Jihad islamique. Ces raids, moins d’une semaine après l’annonce d’une trêve entre Israël et les combattants du Jihad islamique dans la bande de Gaza, font craindre une nouvelle spirale de violences
Palestiniens en deuil à la morgue de l’hôpital al-Chifa de Gaza, après les frappes israéliennes de la nuit, le 9 mai 2023 (AP)
Palestiniens en deuil à la morgue de l’hôpital al-Chifa de Gaza, après les frappes israéliennes de la nuit, le 9 mai 2023 (AP)
Par MEE

Des avions de chasse israéliens ont tué trois hauts commandants du Jihad islamique palestinien avec leurs femmes et leurs enfants dans leurs maisons, lors d’une attaque nocturne à Gaza mardi.

L’armée israélienne a déclaré que 40 avions de chasse avaient bombardé différents endroits dans l’enclave assiégée, dont Gaza et Rafah, à la frontière avec l’Égypte, juste après 2 h du matin, heure locale. Selon les journalistes présents sur place, les frappes auraient duré plus de deux heures.

Quinze personnes ont été tuées, dont quatre enfants, et vingt autres ont été blessées.

Ils ont été identifiés comme étant Jihad Ghannam, secrétaire général de la branche militaire des Brigades al-Qods, Khalil al-Bahtini, commandant de la division nord des Brigades al-Qods à Gaza, et Tareq Ezzeldeen, un commandant militaire du même corps.

Les médias locaux ont également identifié un dentiste bien connu du nom de Jamal Khaswan parmi les personnes tuées chez lui avec sa femme lors des frappes aériennes, le décrivant comme « un ami fidèle » et « un homme humble ».

Figurent parmi les personnes tuées dans les frappes un citoyen russe, médecin, ainsi que son épouse et l’un de leurs enfants, d’après un message publié sur Facebook de la représentation russe à Ramallah.

Traduction : « Le docteur Jamal Khaswan, directeur de l’hôpital al-Wafa, a été tué avec sa femme et son fils, qui étudiait pour devenir médecin, à l’aube à Gaza après le bombardement israélien d’une maison voisine. Ils laissent dans le deuil une fille, aperçue dans cette vidéo réconfortée par un ambulancier. Le nombre de morts est maintenant de treize personnes. »

L’armée présente Jihad Ghannam comme « l’un des dirigeants les plus importants » du Jihad islamique et affirme qu’Al-Bahtini était « responsable des tirs de roquettes [à partir de Gaza] sur Israël » au cours des 30 derniers jours.

Quant à Tareq Ezzeldeen, elle affirme qu’« il avait récemment planifié [et dirigé] de multiples attaques contre des civils israéliens » en Cisjordanie occupée, et qu’il avait été condamné à 25 ans de prison en Israël pour son « implication » dans des attentats suicide, notamment, dans les années 2000.

Originaire de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, Tareq Ezzeldeen avait été libéré à la suite d’un échange de prisonniers en 2011 et expulsé vers la bande de Gaza.

« Ce crime ne restera pas impuni »

Ces raids, moins d’une semaine après l’annonce d’une trêve entre Israël et les combattants du Jihad islamique dans la bande de Gaza, font craindre une nouvelle spirale de violences, et l’armée israélienne a appelé les Israéliens vivant dans un rayon de 40 km autour de ce territoire à rester près d’un abri, en cas de tirs de roquettes palestiniennes.

Les Brigades al-Qods ont confirmé la mort des trois commandants dans un bref communiqué, ajoutant : « Nous n’abandonnerons pas nos positions et la résistance continuera, si Dieu le veut ».

Mort de Khader Adnan, responsable du Jihad islamique en grève de la faim
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« Le bombardement sera accueilli par un bombardement et l’attaque sera accueillie par une attaque », a déclaré Tareq Selmi, porte-parole du Jihad islamique. « Ce crime ne restera pas impuni. »

« Le sang des martyrs ne fait que renforcer notre détermination à poursuivre sur leur voie », a déclaré Abou Hamza, porte-parole des brigades al-Qods, dans une vidéo. Daoud Chehab, un dirigeant du mouvement à Gaza, a assuré que « toutes les villes et colonies » israéliennes allaient être « sous le feu ».

Ismaël Haniyeh, chef du Hamas qui gouverne la bande de Gaza, a déclaré dans un communiqué : « L’assassinat de dirigeants [de groupes palestiniens] n’apportera pas la sécurité à l’occupant mais renforcera la résistance. »

« Nous avons atteint les buts que nous voulions atteindre », a déclaré à la presse le lieutenant-colonel Richard Hecht, porte-parole de l’armée. « Nous avons fait le maximum possible pour concentrer » les frappes sur les activistes visés, a-t-il ajouté en réponse à une question sur la mort d’enfants, « s’il y a eu des morts tragiques, nous enquêterons dessus ».

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré que l’armée, en collaboration avec le service de renseignement du Shin Bet, visait la direction du Jihad islamique à Gaza dans une opération « précise ».

« C’était une convergence du renseignement, du timing et de la météo », a déclaré un porte-parole militaire.

Des Palestiniens inspectent la maison fortement endommagée du chef du Jihad islamique, Jihad Ghannam, tué lors d’une frappe aérienne israélienne avant l’aube, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 9 mai 2023 (AFP/Said Khatib
Des Palestiniens inspectent la maison fortement endommagée du chef du Jihad islamique, Jihad Ghannam, tué lors d’une frappe aérienne israélienne avant l’aube, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 9 mai 2023 (AFP/Said Khatib)

« Il était temps », a écrit sur Facebook le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui avait critiqué la semaine dernière la riposte militaire israélienne, la jugeant trop faible.

« Notre demande d’une réaction offensive ayant été adoptée, avec l’élimination ciblée de responsables du Jihad islamique, nous allons à nouveau voter avec le gouvernement et espérons que cette politique agressive se poursuivra sur le long terme », a-t-il dit mardi, après avoir boycotté le conseil des ministres et les sessions au Parlement ces derniers jours.

Un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré que l’armée examinait les informations faisant état de morts civils mais n’avait pas de commentaire immédiat.

La semaine dernière, après la mort du gréviste de la faim Khader Adnan, haut responsable du Jihad islamique en Cisjordanie occupée, un bref échange de roquettes entre des groupes palestiniens à Gaza et Israël a fait un Palestinien tué et deux Israéliens blessés.

Depuis le début de l’année, au moins 120 Palestiniens, 19 Israéliens, une Ukrainienne et un Italien ont été tués dans des violences liées au conflit israélo-palestinien, selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.

En Cisjordanie occupée, l’armée a mené un raid en matinée à Naplouse (nord). Un adolescent de 14 ans a été blessé par balles par les forces israéliennes et hospitalisé, d’après le ministère de la Santé palestinien.

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