Mort de Khader Adnan, responsable du Jihad islamique en grève de la faim
Des roquettes ont été tirées mardi matin depuis la bande de Gaza vers Israël, après l’annonce de la mort en détention en Israël de Khader Adnane, un haut responsable du mouvement Jihad islamique palestinien qui était en grève de la faim depuis 87 jours.
L’armée israélienne a indiqué dans un communiqué que trois roquettes avaient été tirées au total, précisant qu’elles étaient tombées dans des terrains vagues.
Khader Adnane, originaire du nord de la Cisjordanie occupée, avait été emprisonné de nombreuses fois par Israël et avait déjà fait quatre grèves de la faim, devenant un symbole pour les Palestiniens.
L’administration pénitentiaire israélienne a annoncé dans un communiqué la mort d’un prisonnier affilié au Jihad islamique, « retrouvé inconscient dans sa cellule » puis hospitalisé.
Le Jihad islamique et le Club des prisonniers palestiniens, association de défense des droits des Palestiniens détenus par Israël, ont confirmé à l’AFP la mort de Khader Adnane à l’âge de 45 ans.
Il avait commencé sa grève de la faim dès le début de son incarcération le 5 février, a indiqué l’administration pénitentiaire.
Un responsable israélien a indiqué à l’AFP sous couvert d’anonymat qu’il avait été inculpé pour avoir participé à l’organisation d’activités pour le Jihad islamique et pour avoir fait des discours incitant à la violence, en soutien à une organisation hostile.
Israël « paiera le prix de ce crime », a affirmé dans un communiqué le Jihad islamique, mouvement considéré comme « terroriste » par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.
« Le héros libre, Khader Adnane, est mort en martyr du fait d’un crime commis par l’ennemi devant le monde, qui approuve l’injustice et le terrorisme, le protège et le couvre », a ajouté l’organisation.
Le président du Club des prisonniers palestiniens, Qaddoura Fares, a indiqué à l’AFP qu’il s’agissait du premier détenu palestinien mort en détention en Israël d’une grève de la faim.
« L’occupation israélienne et son administration pénitentiaire ont assassiné délibérément le prisonnier Khader Adnane en rejetant ses appels à le libérer, en le négligeant médicalement et en le gardant dans sa cellule malgré la gravité de son état de santé », a fustigé le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, dans un communiqué.
À la suite de sa mort, une grève générale a été annoncée dans les territoires palestiniens ce mardi.
« Martyr dévoué »
« Je vous envoie ces mots alors que ma chair et ma graisse ont fondu, mes os sont nécrosés et ma force a diminué […] », avait écrit Adnane dans une lettre diffusée le 1er avril par le Club des prisonniers. « Je prie pour que Dieu m’accepte comme un martyr dévoué. »
Vendredi, l’épouse de Khader Adnane, Randa Moussa, avait expliqué à l’AFP qu’il refusait « toute assistance, tout examen médical ».
« Il est dans une cellule où les conditions de détention sont très difficiles. Ils [Israël] ont refusé de le transférer dans un hôpital civil et d’autoriser la visite de son avocat », avait-elle ajouté.
Le prisonnier « refusait de subir des examens médicaux et de recevoir des soins », d’après l’administration pénitentiaire israélienne.
« Il s’agit d’un nouveau crime commis par Israël à l’intérieur de ses prisons, alors qu’il poursuit délibérément sa politique de négligence médicale contre des milliers de prisonniers, ne répondant pas à leurs demandes justes et humaines, et tournant le dos à toutes les normes et lois internationales »
- Amin Shoman, Commission suprême pour les affaires des prisonniers et ex-détenus palestiniens
Sa première grève de la faim a eu lieu après son arrestation en 2004, pour protester contre sa détention administrative, une pratique controversée qui permet à Israël de détenir des Palestiniens sans inculpation pendant des périodes de six mois renouvelables.
Pendant sa détention, Khader Adnan a fait cinq grèves de la faim. En 2012, sa grève de la faim, qui a duré 67 jours, a incité de nombreux prisonniers palestiniens placés en détention administrative à le rejoindre.
Amin Shoman, chef de la Commission suprême pour les affaires des prisonniers et ex-détenus palestiniens, a déclaré que le cas de Khader Adnan est une démonstration de la politique de l’administration pénitentiaire israélienne contre les prisonniers palestiniens.
« Il s’agit d’un nouveau crime commis par Israël à l’intérieur de ses prisons, alors qu’il poursuit délibérément sa politique de négligence médicale contre des milliers de prisonniers, ne répondant pas à leurs demandes justes et humaines, et tournant le dos à toutes les normes et lois internationales », a-t-il déclaré à Middle East Eye.
Shoman a accusé le gouvernement d’extrême droite israélien, qui a mis en place une série de mesures sévères à l’encontre des prisonniers palestiniens, de la mort d’Adnan.
« Nous verrons davantage de prisonniers martyrs au cours des jours et des mois à venir si la politique du gouvernement israélien actuel contre des milliers de prisonniers se poursuit », a-t-il prévenu.
Tirs de roquettes
Peu de temps après l’annonce de sa mort, des roquettes ont été tirées vers Israël depuis la bande de Gaza où le Jihad islamique est très présent, ont constaté des journalistes de l’AFP.
En août 2022, trois jours d’affrontements entre Israël et le Jihad islamique avaient causé la mort de 49 Palestiniens, dont 12 membres du Jihad islamique selon le mouvement, et au moins 19 enfants d’après l’ONU.
Environ 200 roquettes avaient été tirées par le Jihad islamique en direction d’Israël, faisant trois blessés.
Un accord de trêve avait été négocié par l’Égypte.
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