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Israël frappe Gaza après des tirs de roquettes en réaction au raid meurtrier sur Jénine

L’Autorité palestinienne a par ailleurs annoncé mettre fin à la coopération sécuritaire avec Israël à la suite du raid israélien qui a fait neuf morts à Jénine jeudi, le plus meurtrier en Cisjordanie occupée depuis 2005 selon l’ONU
Frappe aérienne israélienne sur Gaza tôt le 27 janvier 2023 (AFP/Mahmud Hams)
Par AFP

Israël a procédé vendredi à des frappes sur Gaza en réponse à des tirs de roquettes en provenance de la bande côtière sous blocus, après des opérations israéliennes qui ont tué dix Palestiniens en Cisjordanie occupée.

Israël, qui tient le Hamas au pouvoir à Gaza pour responsable de tous les tirs de projectiles en provenance de ce territoire, a annoncé y avoir mené au moins deux séries de frappes nocturnes contre des infrastructures du mouvement islamiste, dans le nord et dans le centre.

Aucune victime n’a été signalée dans le territoire sous blocus israélien depuis 2007.

Les tirs de roquettes, interceptées pour la plupart par le système de défense antiaérien israélien, n’ont pas été revendiqués, mais les groupes armés palestiniens avaient promis de répondre au raid israélien de jeudi matin dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, au cours duquel neuf Palestiniens ont été tués.

Les projectiles tirés dans la nuit « sont un message : l’ennemi [israélien] doit se méfier car le sang palestinien versé coûte cher », a déclaré vendredi le Jihad islamique dans un communiqué.

Cette organisation était la cible de l’incursion militaire israélienne à Jénine car, ont affirmé des sources israéliennes, elle planifiait une attaque en Israël.

Les explosions ont notamment touché la ville de Gaza, ont constaté des journalistes de l’AFP. La branche armée du Hamas a affirmé avoir riposté avec des batteries anti-aériennes et des missiles sol-air.

Jeudi, neuf Palestiniens avaient été tués à Jénine lors d’un raid décrit par l’armée israélienne comme une opération contre des activistes islamistes dans le camp de réfugiés de cette ville du nord de la Cisjordanie occupée.

Les Nations unies n’ont pas recensé de bilan aussi élevé en une seule opération israélienne en Cisjordanie depuis qu’elles ont commencé à comptabiliser en 2005 les victimes du conflit israélo-palestinien.

Les décès de jeudi portent à 30 le nombre de Palestiniens, civils ou membres de groupes armés, tués depuis le début de l’année par des soldats ou des civils israéliens

Un dixième Palestinien a été abattu jeudi à al-Ram, près de Ramallah, a indiqué le ministère israélien de la Santé.

Dans l’ensemble, il s’agit de la séquence la plus meurtrière du conflit israélo-palestinien depuis la dernière opération militaire de l’armée israélienne contre le Jihad islamique à Gaza, pendant laquelle 49 Palestiniens au moins – parmi lesquels des combattants mais aussi des civils dont des enfantsavaient péri en trois jours en août 2022.

L’Autorité palestinienne a dénoncé « un massacre » et annoncé mettre fin à la coopération sécuritaire avec Israël, une première depuis 2020.

Le département d’État américain a dit regretter cette décision, jugeant « très important que les parties maintiennent voire approfondissent leur coordination sécuritaire ».

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, doit se rendre lundi et mardi en Israël et Cisjordanie pour insister, selon Washington, sur « la nécessité urgente de prendre des mesures de désescalade ».

« Crimes »

« Depuis le début de l’année, nous continuons d’observer les niveaux élevés de violence et les tendances négatives qui ont caractérisé 2022 », a regretté l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, jugeant « essentiel de faire baisser immédiatement les tensions ».

Selon l’armée israélienne, le raid mené dans le camp de Jénine était une « opération de contre-terrorisme » visant des membres de l’organisation Jihad islamique qui, d’après le ministre de la Défense Yoav Galant, planifiaient une attaque en Israël.

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La ministre palestinienne de la Santé Mai al-Kaila a accusé les soldats d’avoir tiré du gaz lacrymogène à l’intérieur de l’unité pédiatrique de l’hôpital gouvernemental local, ce que l’armée israélienne a démenti.

Le directeur de l’hôpital, Wissam Bakr, a indiqué que du gaz lacrymogène avait été tiré « dans le périmètre » de son établissement. « Le gaz a atteint le service pédiatrique, posant un danger pour les enfants, qui ont été transférés vers un endroit sûr loin des affrontements », a-t-il dit à l’AFP.

« Personne n’a tiré du gaz lacrymogène volontairement dans un hôpital […] mais l’opération se déroulait non loin de l’hôpital et il est possible que du gaz lacrymogène soit entré par une fenêtre ouverte », a affirmé à l’AFP un porte-parole militaire israélien.

L’armée avait auparavant rapporté avoir tiré sur plusieurs « terroristes ». Aucun soldat n’a été blessé, a-t-elle ajouté.

Israël « ne cherche pas d’escalade » mais se prépare « à tous les scénarios », a affirmé le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, d’après un communiqué.

La diplomatie saoudienne a « vivement » dénoncé « l’incursion » israélienne, que le Qatar a qualifiée de « prolongement des crimes odieux » contre « le peuple palestinien sans défense ».

« Résistance »

Majeda Obeid, 61 ans, a été tuée alors qu’elle regardait les affrontements par sa fenêtre dans le camp de Jénine, a déclaré sa fille Kefiyat à l’AFP.

« Elle a été touchée d’une balle dans le cou et s’est effondrée contre le mur puis au sol », a-t-elle dit, dans le salon familial où du sang recouvre le bord d’un tapis.

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« La résistance est partout et est prête pour le prochain affrontement », a commenté Tariq Salmi, porte-parole du Jihad islamique, dans un communiqué.

Peu après minuit (22 h 00 GMT) dans la nuit de jeudi à vendredi, deux roquettes avaient été tirées de la bande de Gaza en direction du territoire israélien, selon des témoins et des sources de sécurité locales.

Les deux tirs, non immédiatement revendiqués, ont été interceptés par le système de défense antiaérien, a indiqué un porte-parole de l’armée israélienne.

Dans le camp de Jénine, qui date de 1953 et abrite plus de 23 000 réfugiés selon l’UNRWA (l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens), les murs de certains bâtiments ont été noircis par des incendies, a constaté un photographe de l’AFP.

En mai 2022, la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh, vedette de la chaîne Al Jazeera, y avait été tuée alors qu’elle couvrait un raid israélien.

L’armée israélienne, qui occupe la Cisjordanie depuis 1967, mène des opérations quasi-quotidiennes à travers ce territoire palestinien, particulièrement dans les secteurs de Jénine et Naplouse (nord), bastions de factions palestiniennes armées.

Les décès de jeudi portent à 30 le nombre de Palestiniens, civils ou membres de groupes armés, tués depuis le début de l’année par des soldats ou des civils israéliens.

Par Mai Yaghi.

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