Hadj 2023 : le nouveau système de gestion inquiète les professionnels et les pèlerins
En début d’année, le ministère saoudien du Hadj et de la Oumra a annoncé son intention de proposer aux musulmans des pays occidentaux la possibilité de réserver leur hadj au moyen d’une nouvelle application appelée Nusuk.
Traditionnellement, les voyages pour le hadj sont réservés et organisés par des agences de voyage locales dans les pays d’origine des pèlerins.
Ces agences composent souvent des forfaits qui tiennent compte de l’interprétation de l’islam et du milieu culturel du pèlerin en lui proposant des plats propres à sa culture ainsi qu’un guide parlant sa langue.
Dans le cadre du nouveau système, le pèlerinage sera géré par des agences de voyage saoudiennes locales
Dans le cadre du nouveau système, le pèlerinage sera géré par des agences de voyage saoudiennes locales préapprouvées par le ministère, toutefois sans garantie qu’elles offriront la même expérience personnalisée aux pèlerins occidentaux.
Les prix des forfaits varient en fonction de la durée du séjour et comprennent les vols, les séjours à l’hôtel à La Mecque et à Médine, les repas, les transferts et les visites d’autres lieux saints.
L’an dernier, le pèlerinage avait été entaché de chaos et de confusion, après l’introduction par le ministère, d’un système de loterie pour les pèlerins occidentaux quelques semaines seulement avant l’échéance.
« Aucun contrôle »
Le ministère avait également confié la gestion des réservations pour le hadj à une société locale appelée Motawif, mettant ainsi fin à une pratique vieille de plusieurs décennies qui permettait à des agences de voyage occidentales de composer des forfaits pour les pèlerins.
Mais des pèlerins pris en charge par Motawif ont déploré des forfaits « déclassés », et se sont retrouvés sans chambre d’hôtel quelques jours avant le hadj, voire bloqués dans le désert.
Les sociétés désignées par l’Arabie saoudite pour organiser le hadj pour les pèlerins d’Australasie, d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud sont AlBayt, Mashriq Golden Company, Rifad Co et Mawasim.
Mais contrairement à l’an dernier, les agences saoudiennes se sont associées à des agences de voyage locales dans les pays occidentaux pour qu’elles les aident dans l’organisation des pèlerinages.
Au moment de la publication de cet article, le ministère du Hadj et de la Oumra n’avait pas répondu aux demandes de commentaires qui lui avaient été adressées.
Aisha, agent de voyage travaillant pour une société londonienne qui organisait auparavant des voyages pour le hadj, indique que les sociétés impliquées n’auront aucun contrôle sur les forfaits proposés.
« Ils vont proposer les forfaits et désigner des accompagnateurs britanniques qui serviront de guides et n’auront aucun contrôle sur les forfaits ou leur structure », explique-t-elle à MEE.
« Mais pour les consommateurs britanniques, ces forfaits ne seront pas protégés par le droit britannique – les consommateurs se lanceront donc à l’aveuglette, sans savoir s’ils pourront récupérer leur argent si des services ne leur sont pas fournis. »
De nombreuses agences ont en revanche accumulé plusieurs milliers de livres de dettes après avoir réservé des hôtels et des services pour l’édition 2020 du hadj, annulée pour les pèlerins en provenance de l’étranger en raison de la pandémie
MEE comprend que certaines agences de voyage britanniques ont informé leurs clients que les forfaits pour le hadj ne seraient pas protégés par Atol, un système mis en place par les agences de voyage britanniques pour protéger leurs clients en cas d’annulation ou de perturbation de leur voyage, et leur ont conseillé de souscrire une assurance voyage afin de protéger leur pèlerinage en cas de problème.
Plusieurs agences de voyage auparavant spécialisées dans l’organisation de voyages pour le hadj et la oumra ont cessé leur activité à la suite des changements apportés au système par le ministère.
De nombreuses agences ont en revanche accumulé plusieurs milliers de livres de dettes après avoir réservé des hôtels et des services pour l’édition 2020 du hadj, annulée pour les pèlerins en provenance de l’étranger en raison de la pandémie de covid-19.
En début d’année, l’Arabie saoudite annoncé la levée des restrictions sur le nombre de pèlerins du hadj imposées depuis la pandémie de covid-19 en 2020.
Alors qu’environ 2,6 millions de personnes avaient accompli le hadj en 2019, le royaume a limité la participation à sa population en 2020 et 2021 pour des raisons de sécurité.
En 2022, le pays a accueilli un million de pèlerins étrangers pour le hadj, mais les personnes âgées de plus de 65 ans n’étaient pas autorisées à y participer. Les pèlerins qui effectueront le pèlerinage cette année devront toutefois justifier de leur vaccination contre le covid-19.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation et actualisé.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].