Israël : un député propose un plan pour diviser la mosquée al-Aqsa entre juifs et musulmans
Un législateur israélien a suggéré un plan visant à diviser la mosquée al-Aqsa entre juifs et musulmans, suscitant de vives inquiétudes chez les Palestiniens, qui craignent depuis longtemps que le lieu saint ne soit divisé.
Amit Halevi, député du Likoud, le parti au pouvoir, a présenté son plan dans une interview accordée au journal en hébreu Zeman Israel, dans laquelle il a appelé à donner aux musulmans environ 30 % de la partie sud du complexe, tandis que le reste serait à disposition des juifs, y compris la zone où se trouve le dôme du Rocher.
La mosquée al-Aqsa, qui s’étend sur 14 hectares et comprend le dôme du Rocher et la salle de prière al-Qibli (au dôme argenté), est un site islamique où les visites, les prières et les rituels non musulmans sans invitation sont interdits par des accords internationaux vieux de plusieurs dizaines d’années.
La colline sur laquelle se trouve la mosquée est connue des juifs sous le nom de mont du Temple et serait selon certains le site où se trouvaient autrefois deux anciens temples juifs.
La proposition fait suite à des intrusions israéliennes croissantes sur l’esplanade des Mosquées et à des violations répétées des accords relatifs à l’utilisation du site par les forces israéliennes.
Depuis qu’Israël a occupé Jérusalem-Est en 1967, y compris la vieille ville où se trouve la mosquée al-Aqsa, des groupes ultra-nationalistes israéliens font pression pour imposer la « pleine souveraineté » d’Israël sur le site, suscitant la crainte que sa nature palestinienne et islamique ne soit modifiée.
Le contrôle israélien de Jérusalem-Est viole plusieurs principes du droit international, lequel stipule qu’une puissance occupante n’a aucune souveraineté sur le territoire qu’elle occupe et ne peut y apporter aucun changement permanent.
Les Palestiniens inquiets
Le plan a été rejeté par les Palestiniens, qui ont prévenu qu’il « entraînerait la région dans la fournaise d’une guerre de religion ».
Le Haut-Comité présidentiel des affaires ecclésiastiques en Palestine a déclaré dans un communiqué que le plan devait être « arrêté et confronté ».
Les Palestiniens craignent depuis longtemps que les bases ne soient jetées pour diviser al-Aqsa entre juifs et musulmans, tout comme l’a été la mosquée d’Ibrahim à Hébron dans les années 1990.
Ils appuient leurs craintes sur l’augmentation récente du nombre d’ultra-nationalistes israéliens visitant et priant à al-Aqsa sous la protection de la police sans l’autorisation des Palestiniens.
En 2009, 5 658 colons sont entrés dans la mosquée lors de telles incursions. En 2019, juste avant la pandémie de covid-19, le nombre était passé à 30 000, selon certaines estimations.
Dans son interview, Halevi a également suggéré que l’administration jordanienne d’al-Aqsa soit révoquée.
La famille royale hachémite de Jordanie est la gardienne des lieux saints musulmans et chrétiens de Jérusalem – dont al-Aqsa – depuis des décennies, dans le cadre d’un délicat arrangement international connu sous le nom de « statu quo ».
« Nous allons prendre l’extrémité nord et prier là-bas. La montagne entière est sacrée pour nous, et le dôme du Rocher est l’endroit sur lequel se tenait le Temple » a affirmé Halevi. « Cela devrait être notre ligne directrice. Israël est en tête. Ce sera une déclaration historique, religieuse et nationale. »
Le député cherche également à modifier les procédures d’accès pour les juifs visitant al-Aqsa : il demande à ce que ces derniers soient autorisés à entrer dans le complexe par toutes les portes, et non pas par la seule porte des Marocains (Bab al-Maghariba) au sud-ouest.
Bab al-Maghariba est le seul des quinze points d’entrée de la mosquée sous le contrôle total des autorités israéliennes, à laquelle aucun Palestinien ne peut accéder.
En septembre dernier, des ultra-nationalistes israéliens ont fait irruption dans al-Aqsa via la porte des Lions (Bab al-Asbat) pour la première fois depuis l’occupation israélienne de Jérusalem-Est.
De nombreux Palestiniens craignent que permettre aux colons d’entrer par différentes portes ne signale l’expansion du contrôle israélien sur la mosquée et un changement du statu quo.
Traduit de l’anglais (original).
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