Palestine : l’invasion terrestre de Gaza par Israël retardée par des divergences d’opinion ?
Tandis qu’Israël se prépare à lancer son invasion terrestre de Gaza, des fissures apparaissent concernant l’étape d’après, alors que les décideurs militaires du pays envisagent leurs options.
Israël a juré qu’une invasion terrestre de Gaza était imminente, mais des divergences d’opinions au sein de l’appareil de sécurité israélien retardent l’offensive planifiée, selon la presse locale.
Un article de Ynet News indique que l’une des principales inquiétudes retardant l’invasion est la réaction potentielle du Hezbollah libanais. Les forces de sécurité israéliennes pensent que « dès l’escalade des opérations israéliennes à Gaza, il y aura également une escalade des opérations du Hezbollah ».
Autre question que les décideurs militaires israéliens doivent se poser : que faire si le soutien du Hezbollah, l’Iran, s’implique et que serait la réponse israélienne en de telles circonstances ?
Le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a mis en garde Israël à plusieurs reprises que s’il ne mettait pas fin à ses attaques à Gaza, son pays interviendrait.
« Si les agressions sionistes ne cessent pas, toutes les parties dans la région ont le doigt sur la détente », a prévenu Amir-Abdollahian.
Les tensions se sont déjà accrues à la frontière nord d’Israël avec le Liban, où les groupes armés palestiniens et le Hezbollah échangent des tirs avec l’armée israélienne.
Si les États-Unis ont promis leur total soutien à Israël, l’administration Biden émet également des inquiétudes quant aux actions à venir d’Israël.
Selon des articles publiés dans la presse américaine, certaines personnes au fait de la position de l’administration Biden affirment que la Maison-Blanche craint qu’Israël n’ait pas de plan pour ce qui adviendra après toute invasion de Gaza. Les responsables américains exhortent donc Israël à réfléchir au-delà de son objectif immédiat d’éradiquer le Hamas.
Ces sources, qui ne souhaitent pas être nommément identifiées, certifient que l’équipe de Biden redoute qu’une invasion terrestre, sans objectif clair, ne plonge Israël dans une profonde crise que ses alliés aux États-Unis et les autres États occidentaux auraient du mal à endiguer.
En Israël, les divergences sur ce qui doit être fait remontent jusqu’au bureau du Premier ministre : le ministre de la Défense Yoav Galant et Benyamin Netanyahou se disputent sur la tenue de la guerre.
Selon un reportage de Channel 13, Netanyahou est opposé à l’idée d’étendre la guerre pour y inclure d’autres régions tandis que Yoav Galant soutient cette idée.
Les désaccords ne se limitent pas à la tenue de l’invasion prévue.
Des responsables du bureau du Premier ministre ont interdit à d’autres cadres du gouvernement de travailler avec un groupe de travail du ministère de la Défense pour la réparation des infrastructures près de Gaza car il est dirigé par un opposant de la réforme judiciaire.
Selon Haaretz, ce groupe de travail est dirigé par le major-général Roni Numa, qui a participé à plusieurs manifestations contre la réforme.
Colère concernant les captifs
Monte également en Israël une certaine frustration en ce qui concerne les captifs retenus à Gaza, et Netanyahou a fait l’objet de vives critiques pour sa gestion de la situation.
Ces derniers jours, des manifestants se sont rassemblés devant le ministère de la Défense et ont appelé Netanyahou à démissionner, tandis que les familles des otages disent se sentir abandonnées et n’avoir reçu que peu d’informations.
Certains israéliens accusent Netanyahou et ses ministres de se soucier davantage de leur survie politique que de donner la priorité à la sécurité des citoyens israéliens.
Israël a désigné Gal Hirsch, général à la retraite, comme coordinateur pour le retour des captifs et des disparus.
On ignore encore le sort des captifs israéliens retenus à Gaza et le Hamas affirme que les frappes aériennes israéliennes sur la région ont provoqué la mort de certains otages. D’après lui, les tirs israéliens ont tué au moins treize captifs à Gaza.
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Guilad Erdan, a assuré que les inquiétudes pour les otages « n[‘allaient] pas arrêter [Israël], nous empêcher de faire ce que nous pensons devoir faire afin d’assurer l’avenir d’Israël ».
Yossi Shelley, directeur général du bureau du Premier ministre, a dit lui aussi que « les otages [étaient] un fait. Et les attaques [étaient] un fait. Voilà la décision », laissant entendre que les bombardements de Gaza se poursuivraient, indépendamment du fait que l’offensive pourrait entraîner la mort des otages.
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a plaidé lors d’une rencontre du cabinet pour qu’Israël « frappe le Hamas brutalement, et ne prenne pas trop en compte le sujet des captifs », un sentiment qui divise l’opinion israélienne.
Tzipi Navon, proche conseillère et directrice de cabinet de Sara Netanyahou, l’épouse du Premier ministre, a pris la défense de ce dernier face au mécontentement croissant concernant sa gestion de la guerre actuelle.
Elle a publié plusieurs commentaires incendiaires, notamment un post dans lequel elle estime qu’il faut signaler en masse les profils Facebook des Israéliens de gauche.
Affirmant qu’il ne suffit pas d’« aplatir Gaza », elle écrit en outre que les coupables devraient être capturés et torturés « un par un » en leur arrachant les ongles et en les écorchant vifs. Les organes génitaux masculins devraient être coupés, frits et donnés à manger aux personnes capturées, a-t-elle posté sur son mur Facebook, qui est actuellement privé.
« Gardez leur langue pour la fin, afin que nous puissions profiter de ses cris, ses oreilles pour qu’il puisse entendre ses propres cris et ses yeux pour qu’il puisse nous voir sourire », a-t-elle ajouté.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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