Guerre au Proche-Orient : un journaliste israélien ayant exprimé sa solidarité avec les Palestiniens attaqué par une foule
Un éminent journaliste israélien ultra-orthodoxe a été victime d’une foule d’Israéliens d’extrême droite qui l’ont pris pour cible en réponse à ses expressions de solidarité avec les Palestiniens bombardés à Gaza.
Une foule d’Israéliens d’extrême droite a encerclé la maison d’Yisrael Frey samedi soir, tirant des fusées éclairantes dans le ciel et menaçant de le tuer.
Frey, correspondant de Middle East Eye, avait ouvertement critiqué la politique israélienne dans la bande de Gaza, où plus de 2 808 Palestiniens ont été tués dans des frappes aériennes depuis le début du conflit le 7 octobre, dont un millier d’enfants, et avait même récité la prière juive du Kaddish pour les femmes et les enfants de Gaza.
La foule a crié « traître » à plusieurs reprises et dit aux voisins du journaliste à Bnei Brak, une banlieue ultra-orthodoxe de Tel Aviv, qu’ils ne devraient pas accepter un « meurtrier » dans leur immeuble de la même manière qu’ils n’accepteraient pas une personne non religieuse.
Frey a réussi à évacuer ses enfants sans le soutien de la police puis des agents se sont enfin présentés chez lui pour l’escorter vers 2 h 30 du matin.
Selon Haaretz, Frey a déclaré qu’un policier lui avait intentionnellement craché dessus alors qu’ils descendaient les escaliers et qu’il avait été accusé de soutenir le Hamas alors qu’il était conduit jusqu’à sa voiture. La police israélienne a ensuite démenti cette affirmation auprès du journal.
Informant certains confrères en temps réel, Yisrael Frey a affirmé que certains dans la foule avaient suivi sa voiture alors qu’il se rendait à l’hôpital Ichilov de Tel Aviv.
Selon lui, il s’agissait de partisans ultra-orthodoxes du rabbin d’extrême droite Meir Kahane, fondateur du groupe ultranationaliste Kahane Chai, qui a été retiré de la liste américaine des « organisations terroristes étrangères » l’année dernière.
Frey a également été confronté à des personnes hostiles à l’hôpital, puis a fui les lieux avec l’aide d’un ami. Middle East Eye croit savoir qu’il se cache désormais.
L’attaque subie par le journaliste intervient dans un contexte où Israël envisage de faire taire les voix dissidentes à l’égard de sa politique et de ses actions dans la guerre à Gaza. Les médias critiques et les juifs antisionistes font face à des menaces croissantes.
Par ailleurs, les frappes aériennes israéliennes ont tué onze journalistes et en ont blessé vingt autres depuis le début de la guerre, a déclaré ce lundi le Syndicat des journalistes palestiniens.
La guerre a commencé le 7 octobre, lorsque des centaines de combattants palestiniens ont lancé une offensive surprise contre Israël depuis Gaza, appuyés par des milliers de roquettes. Environ 1 400 Israéliens ont été tués dans l’attaque menée par le Hamas. Depuis, Israël bombarde Gaza sans relâche et a complètement coupé l’approvisionnement de l’enclave en nourriture, en eau, en électricité et en connexion internet.
Selon les autorités israéliennes, 199 personnes ont par ailleurs été prises en otage lors de l’attaque palestinienne.
Ce lundi, le porte-parole des brigades Izz al-Din al-Qassam affiliées au Hamas a déclaré qu’ils étaient prêts à libérer tous les captifs étrangers sans conditions. Ils affirment détenir entre 200 et 250 otages et que 22 d’entre eux ont été tués par les bombardements israéliens.
Yisrael Frey avait déjà eu des ennuis à cause de ses opinions sur le conflit israélo-palestinien. En décembre, il a été arrêté pour avoir fait l’éloge d’un Palestinien qui aurait planifié une attaque contre les forces israéliennes à Jaffa.
Traduit de l’anglais (original).
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