Pourquoi Israël peut torturer les enfants palestiniens qu’il arrête en toute impunité
Au cours de la récente trêve, les autorités israéliennes ont libéré des dizaines de prisonniers mineurs palestiniens en échange d’otages israéliens détenus par le Hamas.
Partout dans le monde, nombreux sont ceux qui semblent se demander, peut-être pour la première fois, pourquoi Israël emprisonne tant d’enfants palestiniens.
Depuis la seconde Intifada en 2000, lors de laquelle Defense for Children International Palestine (DCIP) a commencé à suivre les détentions d’enfants palestiniens par l’armée israélienne, les forces israéliennes ont détenu, interrogé, poursuivi et emprisonné environ 13 000 enfants palestiniens.
Chaque année, l’armée israélienne place 500 à 700 enfants palestiniens en détention.
Tous les Palestiniens de la Cisjordanie occupée, y compris les enfants, sont soumis au droit militaire israélien depuis 1967, date de l’annexion israélienne.
Les colons israéliens vivant sur le même territoire relèvent en revanche du droit civil israélien, ce qui forme un exemple flagrant d’apartheid.
Bien que les normes internationales affirment que les civils, y compris les enfants, ne doivent jamais être traduits devant des tribunaux militaires, Israël reste le seul pays au monde à poursuivre automatiquement et systématiquement des enfants devant des tribunaux militaires.
Trois enfants sur cinq arrêtés à leur domicile en pleine nuit
Ces enfants, qui sont presque tous des garçons, sont âgés de 12 ans – l’âge de la responsabilité pénale en vertu du droit militaire israélien – à 17 ans. DCIP a néanmoins recensé des cas où des enfants de moins de 12 ans ont été détenus et harcelés par les forces israéliennes pendant des heures.
En vertu du droit international, un enfant est une personne âgée de moins de 18 ans.
Entre 2016 et 2022, DCIP a recueilli des déclarations sous serment de 766 enfants palestiniens détenus par l’armée israélienne et poursuivis devant des tribunaux militaires israéliens, dans le but de répertorier les mauvais traitements et les actes de torture qu’ils ont subis entre les mains des forces israéliennes.
Ces données nous permettent d’affirmer avec certitude que le non-respect des droits fondamentaux des enfants palestiniens est une pratique courante des forces israéliennes.
Selon les documents recueillis par DCIP, trois enfants sur cinq sont arrêtés à leur domicile en pleine nuit. Les forces israéliennes se présentent au domicile d’une famille palestinienne vers 2 ou 3 heures du matin, enfoncent la porte, réveillent toute la famille et tirent l’enfant de son lit.
À ce moment-là, 75 % des enfants subissent une certaine forme de violence physique de la part des soldats israéliens.
Ensuite, presque tous les enfants se retrouvent avec les yeux bandés et les mains liées, puis sont embarqués de force dans un véhicule militaire israélien pour être emmenés dans un centre d’interrogatoire, souvent situé dans une colonie israélienne illégale. Pendant tout ce temps, les parents n’ont aucun moyen de savoir où leur enfant est emmené et quand il rentrera.
À leur arrivée dans un centre d’interrogatoire israélien, 80 % des enfants sont fouillés à nu par des soldats israéliens. Ensuite, un interrogateur israélien adulte, maîtrisant parfaitement l’arabe, questionne l’enfant sans la présence d’un membre de sa famille ou d’un avocat.
À leur arrivée dans un centre d’interrogatoire israélien, 80 % des enfants sont fouillés à nu par des soldats israéliens
En réalité, le droit militaire israélien ne prévoit pas la possibilité d’avoir recours à un avocat pendant les interrogatoires. Deux tiers des enfants ne sont pas correctement informés de leurs droits et 55 % sont contraints de signer des documents en hébreu, une langue qu’ils ne comprennent pas.
Les interrogateurs israéliens placent un enfant sur quatre en isolement cellulaire avant leur procès dans le but d’extirper des aveux, une méthode considérée comme de la torture par l’ONU.
Tout cela se passe avant leur procès, également tenu par des soldats israéliens dans un tribunal militaire. Le taux de condamnation est supérieur à 95 %, un chiffre qui en dit long sur l’intérêt de l’armée israélienne pour la justice.
Jusqu’à vingt ans de prison pour jets de pierre
Le chef d’accusation le plus courant prononcé contre les enfants concerne des jets de pierres, un acte passible d’une peine pouvant aller jusqu’à vingt ans d’emprisonnement.
Cependant, de nombreux Palestiniens, y compris des enfants, sont détenus par l’armée israélienne sans inculpation ni procès, ce qui signifie qu’ils sont détenus indéfiniment dans des prisons militaires israéliennes, une pratique connue sous le nom de détention administrative.
DCIP a recensé des cas d’enfants palestiniens maintenus en détention administrative pendant plus d’un an.
Le système de détention militaire israélien, à tous les niveaux, est conçu pour exercer un contrôle total sur les enfants palestiniens et leurs familles. Dès l’instant où les soldats israéliens s’introduisent en pleine nuit dans le foyer d’une famille palestinienne, les enfants savent que leurs parents ne pourront pas assurer leur sécurité.
Alors que de nombreux enfants palestiniens ont été libérés des prisons israéliennes la semaine dernière, les forces israéliennes s’affairent chaque nuit à multiplier les raids et les arrestations en Cisjordanie occupée.
Même sous les yeux du monde entier, la brutalité militaire israélienne sévit en toute impunité, tel un mécanisme d’horlogerie, enhardie par le massacre de plus de 6 000 enfants palestiniens à Gaza – et seuls une poignée de dirigeants internationaux leur demandent des comptes.
- Miranda Cleland est chargée de plaidoyer pour Defense for Children International Palestine (DCIP) . Installée à Washington, où elle défend les droits fondamentaux des enfants palestiniens, elle est titulaire d’une licence avec mention de l’American University en études internationales et en langue arabe.
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Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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