À la fois nostalgiques et festives, cinq chansons de Noël arabes à écouter ce réveillon
Fond sonore de toute visite dans un grand magasin en hiver, les chants de Noël sont une caractéristique de la période des fêtes en Occident. Mais le phénomène s’étend également au Moyen-Orient.
Abritant les plus anciennes communautés chrétiennes du monde, la région possède une solide tradition en matière de jingles de Noël, lesquels empruntent parfois à l’Occident certains airs populaires.
Vous aurez toutefois plus de chance d’y entendre les mélodies festives de divas légendaires comme les Libanaises Fairouz ou Majida el-Roumi que celles de Mariah Carey ou Wham.
Après avoir présenté quelques chants arabes incontournables dans un précédent article, cette année, Middle East Eye a choisi le thème de la nostalgie, récurrent dans l’offre musicale de la région, pour accompagner votre réveillon.
1. « El Meelad El Jayi » d’Abeer Nehme
Abeer Nehme a été saluée par la critique pour sa voix angélique qui attire sans effort les auditeurs dans son monde magique.
Avec des paroles de Wissam Keyrouz et une musique composée par Marc Bou Naoumer, « El Meelad El Jayi » (« Noël prochain ») parle d’amour, de célébration et de nostalgie.
La chanson évoque un amant absent qui ne rentre pas chez lui pour Noël, tandis que Nehme se console en pensant qu’il sera à ses côtés l’année suivante.
Les paroles établissent un équilibre entre la douleur de l’absence d’un être cher et la possibilité de son retour.
Malgré ses accents mélancoliques, la chanson de Nehme est aussi une ode à l’espoir.
2. « De’e Bwabon » de Majida el-Roumi
Majida el-Roumi est l’une des chanteuses contemporaines les plus appréciées du monde arabe et sa renommée s’étend bien au-delà de son Liban natal.
Sa chanson « De’e Bwabon » (« frappez à leurs portes ») est une ballade apaisante sur le thème de l’infinité de l’amour même envers ceux qui ne sont plus de ce monde.
Les paroles ont été écrites par Habib Younes sur une musique de Felix Mendelssohn arrangée par Claude Chalhoub.
Elles comprennent une prière pour ceux qui ne sont plus aux côtés de leurs proches, soit parce qu’ils sont décédés, soit parce qu’ils ont quitté le pays.
3. « Erja’ Ya Zamane » de Carole Samaha
« Erja’ Ya Zamane » (« reviens ô temps ») est une chanson originale d’une autre Libanaise, Carole Samaha, écrite par Nizar Francis et produite par Elio Kallassi.
Elle rappelle avec nostalgie les réunions familiales de la période des fêtes de Noël.
Tant de cœurs qui étaient autrefois avec nous sont partis au loin
Ils sont dispersés dans l’aliénation
Le Liban attend impatiemment qu’ils rentrent sains et saufs
Pour que ses couleurs reviennent, car ce sont les plus belles des couleurs.
La nostalgie de quelque chose qui pourrait ne pas exister est un thème récurrent dans les chants de Noël contemporains du Moyen-Orient.
4. « Shu Fee Atfal ‘am Tebkee » de Hiba Tawaji
Adaptation arabe du classique américain de Noël « The Little Drummer Boy », « Shu Fee Atfal ‘am Tebkee » (« beaucoup d’enfants pleurent) a été écrite par Ghadi Rahbani sur une musique orchestrée par son frère, Oussama Rahbani.
Le résultat est une magnifique fusion de paradoxes où la beauté, la joie et la douleur sont harmonieusement entrelacées dans un équilibre complexe que seul le légendaire clan Rahbani pouvait réaliser.
La chanson nous rappelle que des personnes souffrent à Noël – les enfants pauvres et les personnes touchées par la guerre – et que les festivités dont jouissent les uns sont fébrilement désirées par d’autres.
Contrairement aux paroles anglaises, les mots arabes mettent l’accent sur ces thèmes :
Noël a deux visages
Pendant que l’un rit, l’autre est morose
La tristesse qui vient du plus profond est une agonie
Nous ressentons une faim qui reste ignorée, crie une voix.
La chanson n’hésite pas à critiquer le silence du monde face aux famines et aux guerres ainsi que la solidarité lorsque celle-ci est trompeuse et sélective :
Le monde est debout, il regarde
Le monde peut nous voir, mais il ne veut pas nous écouter
S’il nous entend, il reste silencieux
La justice dans ce monde n’a pas de cœur
Elle ne s’exprime pas haut et fort.
5. « Yalla W’afu » de Hiba Tawaji
« Yalla W’afu » (« levez-vous ») est une chanson sur l’humanité, la dignité et la dissidence, composée par le trio d’or libanais, les frères Rahbani et Hiba Tawaji.
Adaptation de « Carol of the Bells », la chanson évoque l’héritage révolutionnaire de Jésus.
La figure de Jésus en tant que Zélote, révolutionnaire à la tête d’un mouvement de refus de la domination romaine en Palestine, est puissamment évoquée dans les paroles :
La foi a éclaté au milieu du champ
La révolution de l’homme, contre la tyrannie.
Si les paroles sont riches de motifs paléochrétiens – comme le message de libération véhiculé par la religion –, elles sont également un clin d’œil au courant révolutionnaire présent dans le Moyen-Orient moderne.
Aujourd’hui, les révolutionnaires sont libres
Le jour de Noël, nous sommes devenus libres.
Traduit de l’anglais (original).
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