L'UE sanctionne les « médiateurs » entre Assad et le pétrole de Daech
L'Union européenne a publié une liste de nouvelles sanctions visant les partisans du président syrien Bachar al-Assad.
Cette nouvelle liste, publiée samedi, indique que des associés de Bachar al-Assad ont aidé l'Etat islamique (EI) à exploiter des installations pétrolières et gazières dont il a pris le contrôle sur le territoire syrien.
Le gouvernement de Bachar al-Assad a longtemps été accusé d'acheter du pétrole à l'EI, gonflant ainsi les revenus du groupe, estimés à 6 millions de dollars par jour.
Cependant, ces nouvelles sanctions constituent un premier indice de la possible exploitation conjointe d'installations par les alliés de Bachar al-Assad et la milice armée.
George Haswani, un magnat des affaires gréco-syrien qui aurait un « lien direct » avec Bachar al-Assad, figure en tête de la liste récemment publiée.
Haswani est le gérant d'Hesco, qui se définit comme « l'une des plus grandes entreprises commerciales d'ingénierie, de sous-traitance et de construction en Syrie ».
Hesco exploite également une usine de traitement du gaz naturel à Taqba, une ville du centre de la Syrie qui est contrôlée par l'EI depuis août 2014.
Malgré l'occupation de la ville, la centrale continue d'approvisionner des zones contrôlées par Bachar al-Assad, et un diplomate impliqué dans les sanctions européennes a indiqué au Financial Times que celle-ci était dirigée conjointement par Hesco et l'EI.
Le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères Philip Hammond a déclaré à propos des nouvelles sanctions que l'UE visait « les individus qui fournissent du pétrole au régime [de Bachar al-Assad], y compris George Haswani, un intermédiaire qui achète du pétrole à l'EIIL [EI] pour le compte du régime ».
« Cette liste indique une fois de plus que la « guerre » menée par Bachar al-Assad contre l'EIIL est une imposture, et qu'il soutient [le groupe] financièrement. »
Selon le Telegraph, outre l'installation gazière de Taqba, d'autres gisements pétroliers et gaziers situés sur le territoire de l'Etat islamique continueraient d'être exploités grâce à des employés rémunérés par le ministère syrien du pétrole.
En mauvaise posture, le président syrien est officiellement opposé à l'EI, qui s'est emparé de larges portions du territoire syrien l'année dernière, et a exprimé le souhait de rejoindre la coalition militaire menée par les Etats-Unis contre le groupe.
Cependant, des rapports indiquant que des proches de Bachar al-Assad apportent non seulement des fonds à l'EI en lui achetant du pétrole mais aident également les miliciens à exploiter les ressources naturelles syriennes compliqueront encore davantage la relation de l'Occident avec le président syrien, dont l'utilisation de bombes barils dans des zones civiles a été amplement démontrée.
Un changement significatif de politique a été amorcé le mois dernier par l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura, lorsqu’il a déclaré que Bachar al-Assad faisait « partie de la solution » en Syrie, où quatre années de combats acharnés ont poussé des millions de personnes à fuir.
Staffan de Mistura a insisté sur le fait que « la seule solution possible est une solution politique », signalant que le chaos permanent ne pourrait que bénéficier à l'Etat islamique.
Pendant des mois, les analystes se sont interrogés sur la possibilité d'un assouplissement de la position des occidentaux envers Bachar al-Assad, qu'ils ont régulièrement appelé à démissionner.
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