Des Israéliens célèbrent le massacre de Rafah en le comparant à un feu de joie pour une fête juive
Peu après qu’une frappe aérienne israélienne a frappé dimanche soir un camp de Rafah, dans le sud de Gaza, tuant des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants palestiniens et déclenchant un violent incendie, des séquences vidéo de ses conséquences ont suscité l’horreur et la condamnation dans le monde entier.
En Israël, cependant, des personnalités et des utilisateurs des réseaux sociaux se sont réjouis du massacre et de l’incendie en les présentant comme le moyen idéal de célébrer une fête religieuse.
Dimanche, c’était Lag BaOmer, une fête juive au cours de laquelle les habitants de tout Israël allument des feux de joie pour représenter la lumière spirituelle apportée par Shimon bar Yohaï, un rabbin vénéré du IIe siècle.
Habituellement, la célébration la plus importante de la journée a lieu sur le mont Méron, près de la tombe de Shimon bar Yohaï, où un grand feu de joie est allumé et des dizaines de milliers de fidèles se rassemblent pour l’un des plus grands événements du monde juif.
Mais ce week-end, pour des raisons de sécurité, la participation a été limitée à seulement 30 personnes, ce qui a incité Yinon Magal, journaliste expérimenté à la chaîne israélienne Channel 14, à publier des images du massacre de Gaza avec la légende : « L’illumination principale de l’année à Rafah ». Il a ensuite supprimé le message sur X.
Une autre journaliste, Naveh Dromi d’i24, a republié une vidéo de l’incendie sous le titre « Joyeuses fêtes ». Ce message a également été supprimé par la suite.
Yoav Eliasi, rappeur et militant d’extrême droite également connu sous le nom de scène « The Shadow », a publié sur Telegram des vidéos de l’incendie de Rafah qui présentaient également l’événement comme un feu de joie de Lag BaOmer.
Dimanche soir et lundi matin, les réseaux sociaux israéliens étaient en effervescence, partageant des blagues et des mèmes moqueurs sur le massacre de Rafah.
L’une des images les plus choquantes de Rafah dimanche soir était celle d’un homme soutenant le corps d’un enfant sans tête. Un Israélien membre d’un groupe Telegram de droite populaire a partagé une photo de l’homme tenant l’enfant mort en plaisantant qu’il s’agissait d’une publicité pour du poulet. « Poulet frais 1 shekel le kilo », a-t-il commenté.
Beaucoup ont fait des comparaisons avec les feux de joie de Lag BaOmer. « Les nazis se sont immolés », a posté un Israélien sur X. « Lag BaOmer – version Rafah », a écrit un autre en partageant des photos de l’incident, qui ont ensuite été republiées par Naveh Dromi.
Au moins 45 Palestiniens ont été tués par la frappe israélienne sur la zone de Rafah qu’Israël avait désignée comme « sûre » et où il avait demandé aux personnes déplacées de s’installer. Vendredi, la Cour internationale de Justice a ordonné à Israël de cesser son offensive sur Rafah.
L’armée israélienne a déclaré que la frappe était « précise » et visait deux hauts responsables du Hamas, disant toutefois qu’elle allait examiner les faits. « Nous examinons la question. C’était vraiment grave. Toute perte de vie, de vie civile est quelque chose de grave et d’affreux », a déclaré Avi Hyman, porte-parole du gouvernement israélien, lors d’un point presse.
Sami Abu Zuhri, haut responsable du mouvement palestinien, a tenu les États-Unis pour responsables de la fourniture d’armes et d’aide financière à Israël.
Les condamnations affluent depuis les capitales européennes et arabes. Le président français Emmanuel Macron s’est dit « indigné » par cette attaque. « Ces opérations doivent cesser. Il n’y a pas de zones sûres à Rafah pour les civils palestiniens », a ajouté le président français dans un message publié sur X, ajoutant qu’un cessez-le-feu immédiat était nécessaire.
Plus de 36 000 Palestiniens ont été tués depuis octobre au cours de la guerre israélienne à Gaza, majoritairement des femmes et des enfants.
Traduit de l’anglais (original).
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].