Aden : une bataille sans vainqueur
Des affrontements violents ont eu lieu ces derniers jours entre les milices houthies et les troupes yéménites loyales au Président Abd Rabo Mansour Hadi dans la ville portuaire d’Aden, au sud du Yémen, qui constitue l’un des derniers bastions du Président.
Malgré les attaques aériennes menées par la coalition militaire saoudienne contre les Houthis, ceux-ci conservent le contrôle relatif de certaines parties de la province, perdant le terrain gagné mais réussissant à avancer et contrôler d’autres zones.
Jeudi dernier, les Houthis ont brièvement occupé le palais présidentiel d’Aden avant qu’une lutte acharnée et les attaques aériennes orchestrées par l’Arabie saoudite ne les forcent à se retirer et à se refugier le jour suivant dans le quartier de Khor Maksar.
Dimanche dernier, certaines autorités officielles locales informaient de l’avancée houthie dans le quartier central de Mualla, où les forces auraient pris d’assaut les quartiers généraux de l’administration publique de la province.
Fathi al-Azraq, directeur du site web local Aden Ghad, a déclaré que les Houthis tentaient d’avancer à l’aide d’armes lourdes dans le quartier de Mualla.
« Ils pénètrent dans une zone puis l’attaquent à coups d’obus de mortier et de missiles antichars », a-t-il indiqué à MEE. « Depuis qu’ils sont arrivés à Aden, ils n’ont pas réussi à contrôler la ville et n’ont pris possession que de certaines parties. »
Selon des habitants de Mualla, des douzaines de familles ont fui leurs foyers après le bombardement de plusieurs bâtiments résidentiels par les Houthis, qui a causé plusieurs blessés et la mort d’au moins un garçon de douze ans, Anas Nasr, décédé des blessures générées par des éclats d’obus lors d’une explosion. Son enterrement, auquel peu de personnes ont assisté, a eu lieu rapidement.
Des unités de l’armée yéménite et des « comités populaires » en faveur du président Hadi sont encore présents à Mualla grâce notamment aux quelques parachutages d’armement réalisés par la coalition saoudienne.
Le général saoudien Ahmed Assiri a déclaré samedi dernier que ces largages servaient à fournir un « soutien logistique varié » mais a refusé de commenter sur le déploiement éventuel de troupes armées saoudiennes sur le terrain à Aden.
Des résidents ont déclaré à des agences de presse locales que des navires appartenant à la coalition avaient été alignés dans le but de cibler les milices houthies alors qu’elles se dirigent vers les quartiers proches du centre de la ville.
Vendredi dernier, des troupes yéménites ont réussi à repousser les forces houthies et les soldats soutenant l’ancien Président Ali Abdallah Saleh hors du quartier central de Crater, à Aden, après une semaine de victoires remportées par la milice.
D’après le directeur du service de la santé à Aden, al-Kheder Lassouar, cinq civiles ont été tués et quatorze ont été blessés lors de combats ayant eu lieu dimanche dernier dans les quartiers de Mualla et de Qalwa’a à Aden.
Au total, plus de 185 personnes ont été tuées à Aden dans les combats entre supporters et opposants du Président Hadi et 343 personnes auraient été blessées, selon Fathi al-Azraq.
Au cours de la dernière vague de violence, les Houthis ont tiré des coups de mortier contre une station de télévision favorable au gouvernement du Président Hadi, la forçant à interrompre ses émissions. Le bâtiment de la chaîne télévisée a été « endommagé mais il n’y a pas eu de blessés », selon un employé de la chaîne de télévision gouvernementale.
Dimanche dernier, les Houthis contrôlaient encore certaines parties du quartier de Mualla, barrant l’accès aux rues principales conduisant vers certaines zones comme celles de l’ancien oasis, Cheikh Othman. L’approvisionnement en eau des résidents d’Aden a été interrompu il y a quelques jours et la population civile souffre de fréquentes coupures d’électricité depuis qu’un missile de source non-identifiée a atterri sur l’usine électrique de Bir Fadel.
Fathi al-Azraq a mentionné que les habitants de Mualla « essaient de vivre normalement » mais il s’inquiète des pénuries en approvisionnement. « Pour l’instant, nous pouvons faire face mais que va-t-il se passer dans une semaine ? Sera-t-il possible de faire parvenir les approvisionnements ? » Il a également exprimé sa crainte face à la possibilité que le pays soit divisé en diverses enclaves contrôlées séparément par al-Qaïda, les forces houthies et les loyalistes pro-Hadi, dans l’éventualité où les attaques aériennes saoudiennes n’atteignaient pas leurs objectifs.
« La solution est d’ordre politique », a-t-il conclu. « Les forces politiques doivent se réunir et dialoguer pour mettre fin à cette situation. C’est la seule manière. »
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].