Kerry : l’accord sur le nucléaire iranien « n’a jamais été aussi proche »
Les puissances occidentales et l’Iran sont « plus proches que jamais » de conclure un accord global sur le programme nucléaire iranien, a affirmé lundi 27 avril le secrétaire d’Etat américain John Kerry.
Les propos de Kerry ont marqué l’ouverture d’une conférence des Nations unies censée vérifier l’exécution du traité global contre l’utilisation des armes nucléaires.
Début avril, l’Iran et les pays du P5+1, à savoir les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France, la Chine plus l’Allemagne, ont trouvé un accord-cadre qui prévoit une limitation de l’activité nucléaire de Téhéran en échange d’une levée des sanctions.
Les parties doivent parvenir à un accord final avant le 30 juin.
« Je ne vous cacherai pas qu’il y a encore du travail à faire et que certaines questions clés restent toujours ouvertes. Mais nous sommes effectivement très proches d’un bon accord global », a déclaré Kerry.
« Et si nous parvenons à cela, le monde entier sera plus sur », a-t-il ajouté.
En se référant à l’arsenal atomique de son pays, Kerry a révélé que la réserve nucléaire américaine se trouve aujourd’hui à son niveau le plus bas depuis la guerre froide, réduite à 4 717 têtes nucléaires, selon le chiffre de septembre 2014.
Kerry a affirmé que les Etats-Unis ont détruit plus de 10 000 têtes nucléaires au cours des vingt dernières années.
« Nous avons réduit notre arsenal et nous continuerons sur ce chemin. Nous avons l’intention d’avancer, progressivement, vers le désarmement nucléaire ».
La Russie et les Etats-Unis possèdent plus de 90 % des têtes nucléaires du monde.
Plus tôt dans la même journée, le ministre des Affaires étrangères iranien Javad Zarif avait appelé les pays dotés d’armes nucléaires à « arrêter immédiatement leurs plans d’investir davantage dans la modernisation et l’extension de la durée de vie de leurs armes nucléaires et des équipements associés ».
« La présence persistante des armes nucléaires représente la plus grande menace pour l’humanité », a-t-il dit au début de la conférence de presse.
La Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, sont officiellement reconnus comme des pays détenteurs d’armes nucléaires par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le principal accord mondial sur le désarmement.
D’après les médias, Kerry et Zarif se sont réunis à huis clos en marge de la conférence afin de discuter des efforts visant à parvenir à un accord de long terme sur le nucléaire.
Le Président iranien Rohani met en garde contre le changement en vue pour les « pourfendeurs des sanctions »
Entre-temps, le Président iranien Hassan Rohani a averti que les intermédiaires qui ont évité les sanctions devront trouver « un autre boulot » puisque le potentiel accord final sur le nucléaire entrainera des changements pour l’économie iranienne.
Ces propos ont manifesté l’intention de Rohani de s’attaquer au marché noir qui a prospéré en Iran après l’interruption des routes commerciales officielles.
Même si les sanctions ont plongé l’économie dans la récession et affecté la plupart de la population, certains Iraniens ont accumulé des fortunes grâce au trafic illégal des produits étrangers.
« Les pourfendeurs des sanctions doivent désormais penser à un autre boulot », a affirmé Rohani.
« Avec l’accord final, auquel on pourra parvenir dans les mois prochains si les autres parties sont sérieusement déterminées, la production et la situation économique seront bien meilleures ».
Rohani avait déjà tenu des propos similaires il y a un an, lorsqu’il avait affirmé qu’« un petit groupe marginal est vraiment en colère » concernant la levée des sanctions prévue par l’accord sur le nucléaire, puisqu’ils « vont y perdre ».
Depuis la signature d’un accord intérimaire en novembre 2013, suite auquel le régime des sanctions a été allégé, des délégations commerciales étrangères ont visité l’Iran en vue d’une reprise des échanges après la signature de l’accord final.
Environ une vingtaine d’entrepreneurs américains se sont rendus à Téhéran le week-end dernier et une large délégation suisse, la première depuis dix ans, est arrivée dimanche pour quatre jours de discussions avec les politiques et les économistes.
Des grandes entreprises étrangères dans les secteurs du pétrole et de l’automobile ont également créé des contacts pour se réimplanter en Iran une fois que les sanctions seront levées.
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