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Le Front al-Nosra se retirerait de la coalition Jaish al-Fatah dans le nord de la Syrie

Des mouvements signalent une rupture majeure au sein d’une des importantes coalitions d’opposition en Syrie
Combattants du Front al-Nosra (AFP)

Le Front al-Nosra, branche syrienne d’al-Qaïda, se serait retiré de la coalition Jaish al-Fatah (« Armée de la conquête ») qui contrôle certaines parties du nord de la Syrie, selon des sources rebelles.

D’après un enregistrement audio publié par un officier supérieur d’Ahrar al-Sham (un autre groupe membre de la coalition Jaish al-Fatah), le Front al-Nosra a suspendu son adhésion à la coalition après une démarche similaire entreprise par Jund al-Aqsa, un autre groupe inspiré d’al-Qaïda.

Abu Hazifa Ahrar, porte-parole d’Ahrar al-Sham, a cité le chef du groupe Abu Yahia al-Hamawi, qui a déclaré que « les extrémistes du Front al-Nosra ont décidé de suspendre leur coopération avec Jaish al-Fatah en solidarité avec la décision prise par Jund al-Aqsa de quitter la coalition ».

Hamawi aurait également souligné qu’Ahrar al-Sham s’engagerait néanmoins à poursuivre le combat en tant que membre de Jaish al-Fatah, en particulier dans la bataille pour la province de Hama. « Ils sont déterminés à entrer dans la bataille, même s’ils sont les seuls membres restants de Jaish al-Fatah. »
 

« Il est préférable de travailler ensemble que de travailler seul, et Jaish al-Fatah en est le meilleur exemple. »

Jund al-Aqsa aurait quitté la coalition en raison de désaccords avec Ahrar al-Sham sur l’application de la loi islamique dans les zones contrôlées par la coalition.

La nouvelle pourrait être source de soulagement pour les partisans de l’opposition syrienne qui étaient gênés par le fait qu’une des coalitions les plus efficaces de l’opposition avait pris dans ses rangs une branche d’al-Qaïda.

Jaish al-Fatah a pris le contrôle de la province d’Idleb en mai, ce qui a conféré au groupe une position stratégique majeure vis-à-vis de Hama et de Lattaquié, principaux centres de la communauté alaouite de Syrie.

Le Front al-Nosra a été l’une des forces les plus redoutables combattant à la fois le gouvernement de Bachar al-Assad et l’État islamique en Syrie ; toutefois, les soutiens étrangers et les autres combattants de l’opposition ont fait part de leurs préoccupations quant à leurs tactiques plus extrêmes et à leurs liens avec la marque al-Qaïda.

Le Front sud, un groupe rebelle majeur opérant dans les provinces méridionales (principalement autour de Deraa et de Soueïda), a exprimé publiquement son refus de travailler avec le Front al-Nosra en raison de ses relations avec al-Qaïda.

« Nous ne travaillerons pas avec eux, et ils n’ont pas l’autorisation de travailler avec nous », a indiqué à MEE le major Essam al-Rayes, porte-parole du groupe.

Le général David Petraeus, ancien directeur de la CIA, a soutenu début septembre qu’il pouvait être nécessaire de « retirer » les combattants du Front al-Nosra pour obtenir des alliés plus modérés.

D’autres personnes en Syrie estiment qu’une rupture entre le Front al-Nosra et al-Qaïda pourrait les aider à devenir une force plus convenable.

« Le désengagement de Jabhat al-Nosra [le Front al-Nosra] vis-à-vis d’al-Qaïda serait une bonne chose pour la révolution, mais Jabhat al-Nosra aura toujours grandement besoin du nom d’al-Qaïda pour tenir ses combattants étrangers à distance de l’État islamique », a déclaré un militant de l’opposition syrienne cité par Charles Lister, analyste à la Brookings Institution.

« La plupart des combattants étrangers de Jabhat al-Nosra n’accepteront jamais de se battre et de mourir pour ce qui ressemble à un projet national islamique », a-t-il ajouté, en référence aux objectifs d’Ahrar al-Sham et d’autres groupes membres de Jaish al-Fatah.
 

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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