L’évolution des fronts complique la situation à l’approche des pourparlers de paix
La branche syrienne d’al-Qaïda et les rebelles qui lui sont alliés ont mené ce lundi des offensives dans le nord et le centre du pays ainsi que sur le littoral syrien, alors que les violences reprennent de plus belle avant des pourparlers de paix dont l’ouverture est prévue mercredi, a indiqué un groupe de surveillance.
Le groupe État islamique a également pris le contrôle de la ville d’al-Raï, proche de la Turquie, dont les rebelles rivaux s’étaient emparés la semaine dernière, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Ni le Front al-Nosra affilié à al-Qaïda, ni l’État islamique ne sont inclus dans une trêve négociée par les États-Unis et la Russie et entrée en vigueur le 27 février.
Toutefois, le fait que des rebelles combattent aux côtés du Front al-Nosra dans une offensive d’une telle ampleur alors que les forces gouvernementales les refoulent laisse entendre que le cessez-le-feu partiel est déjà tombé dans le nord du pays.
« Le Front al-Nosra et les groupes rebelles alliés mènent trois offensives synchronisées » sur des lignes de front situées dans les provinces d’Alep, Hama et Lattaquié, a déclaré à l’AFP Rami Abdel Rahman, directeur de l’Observatoire.
Jusqu’à présent, ils se sont emparés d’une colline dans la province de Lattaquié, cœur de la secte alaouite du président syrien Bachar al-Assad, a indiqué le groupe.
« C’est l’offensive que le Front al-Nosra a menacé de mettre à exécution il y a plusieurs semaines », a précisé Abdel Rahman.
Ce dernier faisait allusion à une menace formulée par le groupe lorsque le président russe Vladimir Poutine, un soutien clé d’Assad, a annoncé le retrait partiel des troupes russes de Syrie le mois dernier.
Une source militaire a confirmé qu’une offensive était en cours.
« Des groupes armés tentent d’attaquer des positions militaires dans les provinces de Lattaquié et Hama, mais n’ont pas réussi à avancer », a déclaré la source à l’AFP sous couvert d’anonymat.
Plus au nord, l’État islamique a repris la ville d’al-Raï, qui constitue sa voie d’approvisionnement clé en provenance de la Turquie voisine, a indiqué l’Observatoire.
Les rebelles engagés dans la lutte contre l’État islamique avaient pris al-Raï la semaine dernière après deux jours d’affrontements.
« Le fait que les rebelles n’aient pas pu tenir al-Raï démontre qu’il est impossible de conserver une avance contre l’État islamique sans couverture aérienne », a affirmé Rami Abdel Rahman.
Les avions de combat syriens et russes mais aussi ceux de la coalition américaine participent à des campagnes distinctes dans ce pays déchiré par la guerre.
Ces dernières violences sont survenues avant une nouvelle série de pourparlers de paix prévue le 13 avril à Genève, où se tiendront des négociations indirectes entre le gouvernement et des délégations de l’opposition.
« Ni le Front al-Nosra ni l’État islamique n’ont un intérêt à voir arriver un cessez-le-feu ou une solution pacifique à la guerre en Syrie, car si la guerre prenait fin, ils n’auraient plus de rôle », a précisé Abdel Rahman.
Une offensive à Alep
Les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés ont également exploité le cessez-le-feu comme une occasion d’accumuler leurs forces en vue d’une nouvelle attaque contre les bastions rebelles.
L’agence de presse d’État russe TASS a relayé ce dimanche des propos du Premier ministre syrien Wael Nader al-Halki, qui a annoncé que les forces gouvernementales syriennes se préparaient pour une offensive finale contre les positions rebelles à Alep.
« Nous préparons en collaboration avec nos partenaires russes une opération visant à libérer Alep et à bloquer tous les groupes armés illégaux qui n’ont pas adhéré à l’accord de cessez-le-feu ou qui l’ont violé », a-t-il déclaré.
Il a affirmé que la reprise du contrôle d’Alep aux rebelles hostiles à Assad permettrait aux forces gouvernementales de progresser vers l’est et Deir ez-Zor, qui est contrôlée à 60 % par l’État islamique.
Damas a juré de chasser l’État islamique de la région avec le soutien de ses alliés russes après sa récente victoire contre le groupe il y a deux semaines dans la cité antique de Palmyre.
Alep, autrefois capitale économique de la Syrie et deuxième ville du pays, est divisée depuis 2012 entre des zones partagées entre les groupes rebelles et des zones encore sous contrôle gouvernemental.
Des figures de l’opposition syrienne ont averti que la rébellion à Alep pourrait être écrasée sans soutien extérieur supplémentaire.
« Les rebelles à Alep ont besoin que la communauté internationale adopte leur cause, notamment en leur fournissant des armes et des munitions de tous types ainsi qu’un soutien logistique, mais aussi en formant leurs troupes », a affirmé Islam Alloush, porte-parole du groupe d’opposition Jaysh al-Islam.
« Les rebelles ont besoin que la communauté internationale présente leur cause dans les forums internationaux, défende le droit de ces peuples opprimés, force les milices étrangères à quitter la Syrie et fasse preuve de sérieux dans la lutte contre les terroristes et leurs idéologies sous toutes leurs formes, comme l’ont fait les forces révolutionnaires. »
Alloush a expliqué à Middle East Eye que les groupes rebelles continueraient de combattre aux côtés du Front al-Nosra, malgré la controverse entourant l’organisation, tant que cela s’avérerait nécessaire pour vaincre les forces d’Assad.
« Le conflit récent en Syrie a divisé la puissance militaire en deux : d’un côté le régime et ses alliés, et de l’autre l’opposition et ses différents groupes », a-t-il ajouté.
« En prenant en considération les ressources limitées et le faible soutien, les forces révolutionnaires en Syrie tendront la main à quiconque est prêt à combattre le régime en Syrie, que ce soient les forces internationales, régionales ou locales. C’est ce que le projet syrien impose à ces forces. »
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
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