Entente entre les pays de l'OPEP pour baisser la production
Le ballet diplomatique des autorités algériennes depuis le début de l’année n’aura pas été vain. Rassemblés pour une réunion informelle aujourd'hui à Alger, les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont réussi à se s’entendre pour limiter la production de pétrole, afin de soutenir les cours du baril qui a perdu plus de 50 % de sa valeur en deux ans, et stabiliser le marché au premier semestre 2017.
Traduction : « Le ministre iranien du Pétrole à la réunion de l'OPEP »
Selon l’agence Bloomerg News, qui cite un membre d’une délégation, le cartel a décidé de réduire sa production de brut à 750 000 barils par jour, ce qui la ramènerait à 32,5 millions de barils par jour, soit à peu près l’équivalent du nombre de barils en mars dernier, selon les chiffres de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE).
Même si la réduction de la production reste inférieure à la hausse de la production observée depuis un an, cette décision a aussitôt fait grimper les cours du brut qui ont clôturé en nette hausse à New York. Le cours du baril de référence (WTI) aux Etats-Unis a gagné 2,38 dollars, à 47,05 dollars. A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du nord a également progressé à 48,69 dollars (+2,72 dollars).
Pour les analystes, un tel accord ne change toutefois rien aux fondamentaux du marché, plombé depuis mi-2014 par une offre excédentaire, fruit du boom des hydrocarbures de schiste américains et de la stratégie de l'OPEP d'ouvrir à fond les robinets pour maintenir ses parts de marché.
Une victoire diplomatique
Mardi, à l’ouverture du 15e Forum international de l’énergie (IEF) en marge duquel s’est tenue la réunion, l’Iran et l’Arabie saoudite avaient émis des réserves sur la possibilité de trouver un terrain d’entente.
Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, avait ainsi répété que Téhéran souhaitait avant tout rétablir ses niveaux de production antérieurs aux sanctions internationales liées à son programme nucléaire, soit environ 4 millions de barils par jour, voire un peu plus, contre 3,6 mbj aujourd'hui.
Traduction : « Le secrétaire général de l'OPEP : ''C'est un très bon accord", avec de gros applaudissements juste avant d'entrer en conférence de presse »
L'Arabie saoudite, premier producteur de l'OPEP (elle pèse 35% de la production), qui jusqu’à maintenant refusait de réduire sa production, avait fini par assouplir sa position, affectée économiquement comme ses pairs par la dégringolade des cours.
Le ministre saoudien de l'Énergie, Khaled al-Faleh, avait déclaré mardi soir que son pays consentirait à ce que l'Iran, mais aussi la Libye et le Nigeria, soient autorisés à « produire aux niveaux maximum qui fassent sens ».
De son côté, le ministre de l'Énergie algérien Noureddine Bouterfa a souligné que cette décision inattendue sur une baisse de la production était « unanime et sans réserve ».
Cet accord est surtout une victoire diplomatique pour Alger, qui ne pèse pas très lourd au sein de l’OPEP, mais qui depuis un an, travaille en coulisses pour mettre tout le monde d’accord.
En septembre, Noureddine Bouterfa, se trouvait en Russie où il a rencontré son homologue russe Alexandre Novak. Au début du mois, c’est en Iran et au Qatar qu’il s’est rendu. En mai, son prédécesseur, Salah Khebri, était quant à lui en Jordanie pour préparer la rencontre de l’IEF. A ces déplacements s’ajoutent les visites organisées à Alger, en mars, avec Fausto Herera, le ministre vénézuélien des Finances, en février avec Yukiya Amano, directeur général de l’AIEA, et en janvier avec le président vénézuélien Nicolas Maduro.
Les modalités de cet accord de principe sur le gel de la production seront discutées à Vienne le 30 novembre prochain. Mais à l’issue de la réunion, le ministre vénézuélien du Pétrole Eulogio Del Pino a indiqué que l'OPEP tiendra une réunion avec des pays producteurs hors-OPEP avant le 30 novembre.
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