Maroc : l'islamiste Benkirane reconduit Premier ministre
Mohammed VI a reçu ce lundi au Palais royal à Casablanca, Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD) qui a remporté les élections législatives du 7 octobre.
Conformément aux termes de la Constitution, adoptée dans le sillage du Printemps arabe, le roi l’a nommé chef du gouvernement et l’a chargé de former le nouveau gouvernement, a annoncé un communiqué du ministère de la Maison royale, du protocole et de la chancellerie.
Un peu plus tôt, Mostafa Ramid, ministre sortant de la Justice et membre du PJD, avait déclaré à Reuters : « Je peux confirmer que sa majesté l'a nommé en tant que nouveau Premier ministre ».
Le PJD a remporté 125 sièges tandis que son adversaire, le Parti authenticité et modernité (PAM), proche du Palais, en a obtenu 102 sur les 395 sièges de la Chambre des représentants.
Suivant le système constitutionnel marocain, aucun parti ne peut disposer de la majorité absolue et doit négocier une coalition de gouvernement avec d'autres formations parlementaires. La forte position du PAM signifie que le PJD devra faire alliance avec au moins trois autres partis pour atteindre une majorité à la Chambre.
Samedi, Dans un entretien avec Al Jazeera, Abdelilah Benkirane a toutefois averti qu'aucune alliance ne peut être envisagée avec le PAM.
Le PAM, créé en 2008 par Fouad Ali el-Himma, un conseiller du roi, et dirigé aujourd'hui par Ilyas el-Omari, a investi beaucoup de ressources dans la campagne électorale, critiquant les résultats économiques catastrophiques du gouvernement et dénonçant un glissement de la société vers l'islamisation.
« Je tiendrai les consultations avec les partis politiques très bientôt pour former ce nouveau gouvernement et j'espère que nous y parviendrons », a déclaré Abdelilah Benkirane.
73 sièges à pourvoir pour une majorité absolue
En comparaison avec 2011, le PJD qui a obtenu plus de sièges (125 contre 107), confirme sa position dominante mais « il lui reste 73 sièges à pourvoir pour obtenir une majorité absolue, qu’il va devoir assurer en créant une coalition avec les autres partis », souligne le site d’informations ledesk.ma dans une analyse sur les possibles coalitions.
« Le PJD a plus de chances de réussir à constituer sa majorité, ayant travaillé avec autant de partis que le Mouvement populaire (MPE), le Parti du progrès et du socialisme (PPS), les indépendants du RNI et l’Istiqlal (nationalistes de droite) dans deux coalitions différentes depuis janvier 2012. »
Bien que le roi reste le chef de l'exécutif sur les questions stratégiques, la nouvelle Constitution de 2011 concède des pouvoirs renforcés au Premier ministre en lui donnant notamment la possibilité de dissoudre le parlement, une fonction jusqu'ici privilège du roi.
Pendant son premier mandat de cinq ans comme Premier ministre, le PJD a passé des réformes très controversées, à l'image de la réforme du système des retraites qui a abaissé l'âge du départ à la retraite de 63 à 60 ans d'ici à 2020 et augmenté les cotisations salariales. Le PJD suit une politique économique plutôt libérale.
Ces cinq prochaines années, la tâche sera encore plus difficile compte tenu de la crise économique mondiale et de la sécheresse qui frappe cette année l'agriculture marocaine, une des ressources principales du pays, et fait chuter la croissance.
Le parti est aussi affaibli par le taux de chômage de plus en plus élevé, et ses échecs à concrétiser les promesses faites en 2011, en particulier en ce qui concerne la lutte contre la corruption. Il s'est aussi retrouvé confronté à une série de scandales liés à la drogue, à un accord sur des expropriations de terres et à la suspension de deux vice-présidents pris en flagrant délit d'adultère sur une plage.
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