L’EI « écrase la tentative de rébellion à Mossoul » alors que les forces irakiennes se rapprochent
Les dirigeants de l’État islamique ont écrasé un complot de rébellion à Mossoul mené par un des commandants du groupe, qui a tenté de changer de camp et de livrer la capitale irakienne du groupe aux forces gouvernementales, ont affirmé des habitants et des responsables des services de sécurité irakiens.
L’État islamique a exécuté 58 personnes soupçonnées d’avoir pris part au complot découvert la semaine dernière. Des habitants, qui se sont exprimés pour l’agence de presse Reuters depuis certains des rares endroits de la ville qui disposent toujours de réseau téléphonique, ont indiqué que les conspirateurs ont été tués par noyade et que leurs corps ont été enterrés dans une fosse commune, dans un terrain vague à la périphérie de la ville.
Parmi eux figurait un assistant local du dirigeant de l’État islamique Abou Bakr al-Baghdadi qui était à la tête des comploteurs, selon des témoignages concordants livrés par cinq habitants, et confirmés par Hisham al-Hashimi, expert des questions relatives à l’État islamique qui conseille le gouvernement à Bagdad, ou encore par le colonel Ahmed al-Taie, membre du service de renseignement militaire au commandement de la province de Ninive, où se trouve Mossoul.
Reuters n’a pas publié le nom de l’homme à la tête du complot pour éviter d’accroître les risques pour la sécurité de sa famille, ni l’identité des habitants de la ville qui ont parlé du complot.
L’objectif des comploteurs était de mettre à mal les défenses de l’État islamique à Mossoul en vue du combat à venir, qui devrait être la plus grande bataille en Irak depuis l’invasion américaine de 2003.
Pris la main dans le sac
Selon Hisham al-Hashimi, les dissidents ont été arrêtés après que l’un d’eux a été surpris avec un message sur son téléphone mentionnant un transfert d’armes. Il a avoué lors de son interrogatoire que les armes étaient cachées à trois endroits et devaient être utilisées pour une rébellion visant à soutenir l’armée irakienne lorsqu’elle se serait rapprochée de Mossoul.
L’État islamique a attaqué les trois maisons utilisées pour cacher les armes le 4 octobre, a indiqué al-Hashimi.
« C’étaient des membres de Daech qui s’étaient retournés contre le groupe à Mossoul », a déclaré Sabah al-Numani, porte-parole du service irakien de lutte contre le terrorisme à Bagdad. « Il s’agit d’un signe clair que l’organisation terroriste a commencé à perdre le soutien non seulement de la population, mais même de ses propres membres. »
Un porte-parole de la coalition militaire dirigée par les États-Unis, qui mène des frappes aériennes contre des cibles de l’État islamique en Syrie et en Irak, n’a pas été en mesure de confirmer ou d’infirmer les témoignages portant sur le complot avorté.
Des signes de fissures au sein du « califat » sont apparus cette année, alors que le groupe sunnite ultra-extrémiste a été chassé de la moitié du territoire qu’il avait envahi il y a deux ans dans le nord et l’ouest de l’Irak.
Certaines personnes à Mossoul ont exprimé leur refus des règles sévères imposées par l’État islamique en écrivant avec des bombes de peinture la lettre M – pour le mot arabe signifiant « résistance » – sur les murs de la ville ou des inscriptions « Recherché » sur les maisons des militants du groupe. Ces actes sont passibles de la peine de mort.
Sabah al-Numani a affirmé que son service était parvenu au cours des deux derniers mois à ouvrir des canaux de contact avec des « agents », qui ont commencé à communiquer des renseignements qui ont contribué à mener des frappes aériennes contre les centres et les lieux de commandement des insurgés à Mossoul.
Une liste comportant les noms des 58 comploteurs exécutés a été donnée à un hôpital pour que les familles soient informées ; toutefois, leurs corps n’ont pas été restitués, selon les habitants.
« Certains proches des personnes exécutées ont envoyé des femmes âgées pour demander les corps. Daech les a réprimandées et a indiqué qu’il n’y aurait pas de corps, ni de tombes, car ces traîtres étaient des apostats et il était interdit de les enterrer dans les cimetières musulmans », a déclaré un habitant dont un des proches a été exécuté.
« Après le coup d’État manqué, Daech a retiré les cartes d’identité spéciales qu’il avait délivrées à ses commandants locaux pour les empêcher de fuir Mossoul avec leur famille », a expliqué Ahmed al-Taie.
Un leadership renforcé
Un habitant de Mossoul a indiqué que l’État islamique avait nommé un nouveau responsable, Muhsin Abdul Kareem Oghlu, chef d’une unité de snipers, pour aider le gouverneur de Mossoul du groupe, Ahmed Khalaf Agab al-Jabouri, à garder le contrôle du secteur.
Les militants de l’État islamique ont posé des pièges aux quatre coins de la ville de Mossoul, creusé des tunnels et enrôlé des enfants comme espions en prévision de l’offensive.
Mossoul est le dernier bastion majeur de l’État islamique en Irak. Avec une population d’environ deux millions avant la guerre, elle est au moins cinq fois plus grande que toute autre ville que le groupe a eue sous son contrôle. Les responsables irakiens affirment qu’un énorme assaut terrestre, soutenu par l’aviation américaine, les forces de sécurité kurdes et des unités irrégulières chiites et sunnites, pourrait commencer ce mois-ci.
Le succès de l’offensive aurait pour effet de détruire la moitié irakienne du territoire du groupe, où il s’est propagé en 2014. Néanmoins, l’Organisation des Nations unies précise que cette offensive pourrait aussi donner lieu à la plus grande crise humanitaire dans le monde en déplaçant dans le pire des scénarios un million de personnes.
Les combattants de l’État islamique, retranchés afin de défendre la ville, sont connus pour utiliser les civils comme boucliers humains en défendant leur territoire.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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