Dans un nouveau plan de paix, les Nations unies mettent le président du Yémen sur la touche
Une nouvelle proposition de paix des Nations unies pour en finir avec une guerre de dix-neuf mois au Yémen semble vouloir écarter le président exilé Abd Rabbo Mansour Hadi et mettre en place un gouvernement de personnalités moins clivantes, selon une copie que l’agence de presse Reuters s’est procurée.
Hadi s’était enfui devant l’avance des forces armées houthies, alliées de l’Iran, en mars 2015 et depuis, est l’invité de l’Arabie saoudite voisine.
Une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU l’a reconnu un mois plus tard chef légitime de l’État et a appelé les Houthis à déposer les armes et à quitter les principales villes du pays.
Mais les Houthis et leurs alliés dans l’armée yéménite ont affirmé qu’il ne reviendrait jamais, l’accusant, lui et son puissant vice-président, Ali Mushin al-Ahmar, de corruption.
Le dernier plan de paix soumis par l’envoyé spécial de l’ONU Ismail Ould Cheikh Ahmed suggère qu’al-Ahmar démissionnerait et qu’Hadi serait d’accord pour jouer un rôle un peu plus important après le retrait des Houthis de Sanaa, la capitale.
Il n’apparaît pas clairement que les deux hommes ont été consultés sur ce plan de paix. Mais leurs partisans avaient insisté, dans le passé, sur le fait que les accords antérieurs reconnaissant Hadi comme un chef devaient être respectés.
« La signature d’un accord clair et complet comprend la démission de l’actuel vice-président. Quant au président Hadi, il sera désigné comme nouveau vice-président », précise le document.
« Une fois qu’ils [les Houthis] auront fini de se retirer de Sanaa et qu’ils auront déposé les armes lourdes et moyennes, dont les missiles balistiques, Hadi transfèrera tous ses pouvoirs à un vice-président, et le vice-président désignera un nouveau Premier ministre qui formera un gouvernement d’union nationale », est-il encore écrit.
Rôle symbolique
Cette proposition confirmerait donc, d’un point de vue technique, Hadi dans ses fonctions, comme stipulé dans la résolution des Nations unies, mais elle le laisserait en réalité dans un rôle purement symbolique.
Ahmed Obeid bin Daghr, le Premier ministre du Yémen, a déclaré que le gouvernement n’avait pas reçu le brouillon de la proposition de paix des Nations unies, rapporte l’agence de presse publique Sabanew.
Des représentants du gouvernement ont déclaré de leur côté qu’ils ne voulaient pas légitimiter ce qu’ils interprètent comme un « coup d’État » des Houthis.
« Nous rappelons notre conviction selon laquelle toutes les propositions sont condamnées à l’échec si elles ne rejettent pas les excès d’un coup d’État, qui est la mère de toutes les catastrophes et la racine de tous les maux », a écrit Abdullah al-Alimi, un haut-représentant du bureau de Hadi, sur Twitter.
Il n’y a pas eu de commentaire immédiat des Nations unies ou de l’Arabie saoudite, qui soutient Hadi et mène la coalition militaire incluant les Émirats arabes unis, pour déloger les Houthis.
Mais le ministre émirati des Affaires étrangères, Anwar Gargash, a exprimé son soutien au plan de l’ONU ce jeudi, en disant que « les options alternatives sont sombres ».
« La feuille de route représente une solution politique à la crise au Yémen. Il est temps de laisser derrière nous la logique des armes et de la violence entre Yéménites, la feuille de route nous donne une chance à la raison et au dialogue de l’emporter », a-t-il écrit.
Le conflit au Yémen a fait au moins 10 000 morts et a déclenché une des pires crises humanitaires dans le monde.
Traduit de l'anglais (original).
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