Raqqa : les combattants arabes syriens quittent l’offensive menée par les Kurdes
Les combattants arabes syriens des forces participant à l’offensive sur Raqqa se sont retirés des opérations, et ont déclaré que les forces kurdes ont rompu un accord selon lequel ils dirigeraient l’assaut dans la ville sous le contrôle du groupe État islamique (EI).
Dans une déclaration publiée quelques jours avant le début de l’offensive « Colère de l’Euphrate », Liwa Thuuar Raqqa (la brigade révolutionnaire de Raqqa) a déclaré qu’elle ne se battrait plus aux côtés des milices des Unités de protection du peuple (YPG) kurdes.
La brigade a accusé les États-Unis d’essayer de mettre ses hommes « sur la touche » et de favoriser les forces kurdes, ce qui fait pression sur ceux qui soutiennent les YPG à Washington, qui avaient promis aux forces arabes qu’elles mèneraient les opérations.
Le dirigeant du bureau politique de Liwa Thuaar, Mahmoud Hadi, a déclaré : « la brigade a refusé de participer à l’opération car les YPG n’ont pas respecté ce sur quoi nous nous étions mis d’accord – que la bataille soit menée par la brigade et que les combattants viennent tous eux même de Raqqa.»
« L’accord était que les Forces démocratiques syriennes (FDS) fournissent seulement un soutien logistique lors de l’opération », a-t-il ajouté.
« Tout avait été convenu à l’avance, nous nous étions même mis d’accord sur quels drapeaux arborer… et sur le fait que la brigade serait chargée du contrôle administratif et militaire de la ville après l’offensive. »
« Mais ce qui s’est passé sur le terrain était tout l’opposé malheureusement de ce que nous avions convenu. »
La brigade a déclaré qu’elle était le seul élément arabe de l’opération.
Traduction : « La brigade révolutionnaire de Raqqa qui fait partie des FDS a déclaré avoir été exclue de la bataille suite à des problèmes avec les YPG »
Hadi a déclaré que sa brigade était toujours déterminée à reprendre Raqqa, que l’offensive serait longue et que les « fils de Raqqa » étaient les seuls en mesure de gagner la bataille et de libérer les habitants du contrôle de l’EI.
« Il y a des divisions internes au sein des FDS et des pressions sur les YPG de la part de la coalition internationale, notamment les États-Unis, pour mettre la brigade sur la touche », a déclaré Hadi. Toutefois, il a ajouté que ses hommes ne se retiraient pas des FDS.
La Turquie avait déclaré son inquiétude dans le passé sur le fait que les FDS soient dominées par les YPG, et qu’un influx de Kurdes dans Raqqa changerait sa démographie.
Ankara considère les YPG comme une extension du PKK, qu’il considère comme étant un groupe terroriste.
La Turquie a promis qu’elle se battrait contre le groupe au nord de la Syrie, et a prévenu qu’elle pourrait agir si Raqqa, ville à majorité arabe, se retrouvait prise par les forces.
Le vice-Premier ministre turc, Numan Kurtulmus, a déclaré que « Raqqa appartenait au peuple » qui y habitait avant que le conflit ne commence.
« Changer la structure démographique ne contribuera en rien à faire la paix », a-t-il déclaré plus tôt cette semaine.
« La légitimité n’est pas assurée par des groupes armés terroristes. Je pense que les États-Unis devraient finir par le comprendre. »
« Chaque pas pris par des éléments non-arabe n’est pas dans l’intérêt des États-Unis. »
Le général américain Joseph Dunford a déclaré plus tôt cette semaine qu’il ne pensait pas que les YPG seraient directement impliquées dans la reprise de la ville, mais dans son isolation – un processus qui pourrait selon lui durer des mois.
« Nous avons toujours su que les FDS n’étaient pas la solution pour tenir et gouverner Raqqa. Nous essayons maintenant de trouver le bon mélange de forces pour cette opération. »
Il a également suggéré que les opinions turques seraient prises en compte avant tout assaut final.
« La coalition et la Turquie travailleront ensemble sur un plan à long terme pour capturer, maintenir et gouverner Raqqa », a déclaré Dunford.
Traduit de l’anglais (original).
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