Ce que l'on sait sur les négociations d'Astana sur la Syrie
Les principaux acteurs du conflit syrien se sont mis d'accord vendredi sur de nouveaux détails concernant les zones de désescalade censées contribuer à mettre fin à six ans de guerre, à l'issue d'un nouveau round de négociations à Astana.
Voici ce que l'on sait sur ces pourparlers dans la capitale du Kazakhstan et leurs conséquences.
Qui négocie ?
Les pourparlers, dont le premier round s'est déroulé en janvier, sont parrainés par la Russie et l'Iran, alliés de Damas, et la Turquie, soutien des rebelles.
Accueillies par le Kazakhstan, un allié de la Russie en Asie centrale, ces négociations sont considérées comme une tentative du Kremlin de pacifier la Syrie après l'intervention militaire russe lancée en septembre 2015.
Cette opération a changé la donne et notamment aidé le président Bachar al-Assad à reprendre le contrôle total d'Alep, deuxième ville et capitale économique du pays, en décembre 2016.
Le processus d'Astana réunit des représentants du gouvernement syrien et ceux de l'opposition, notamment des rebelles armés qui avaient refusé précédemment de participer à toute négociation avec Damas.
Alors que les Nations unies sont de plus en plus impliquées dans le processus de paix d'Astana, la participation des États-Unis est réduite à une mission d'observation. Alliée de Washington, la Jordanie y envoie également des observateurs.
Quels résultats ?
Si les premiers rounds de négociations à Astana se sont terminés sans résultat tangible, les dernières réunions ont abouti à des avancées.
La Russie, l'Iran et la Turquie se sont mis d'accord en mai pour la mise en place de quatre zones de désescalade en Syrie. Elles se situent dans les régions d'Idleb (nord-ouest), de Homs (centre), dans la Ghouta orientale, près de Damas, ainsi que dans le sud du pays, mais leurs contours doivent être encore définis.
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Trois de ces zones, censées permettre l'instauration d'un cessez-le-feu durable, ont déjà été mises en place dans le sud-ouest du pays, dans la Ghouta orientale et dans certaines parties de la région de Homs, et la Russie y a déployé sa police militaire.
À l'issue d'un sixième round de négociations ce vendredi, l'Iran, la Russie et la Turquie se sont mis d'accord pour déployer ensemble des forces de maintien de l'ordre dans la quatrième zone, couvrant la province d'Idleb et « certaines parties » des régions de Lattaquié, de Hama et d'Alep.
La région d'Idleb reste la seule région syrienne détenue entièrement par des milices islamistes et des rebelles qui en ont pris le contrôle en 2015.
Quel impact sur le terrain ?
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui recense les décès du conflit syrien et les bombardements, l'impact de la création de ces zones de désescalade est important.
« Depuis la mise en place d'un accord sur les zones de désescalade en Syrie, le bilan de morts a baissé de manière significative et les bombardements ont presque cessé » dans les zones concernées, a assuré à l'AFP le chef de l'OSDH, Abdel Rahman.
Mais Moscou et Damas « ont profité de ces zones de désescalade pour changer l'équilibre des forces sur le terrain et ont doublé par rapport à mai le territoire qu'ils contrôlent », a-t-il souligné.
Les combattants du groupe État islamique (EI) et du Front Fateh al-Cham (ancien Front al-Nosra, ex-branche syrienne d'al-Qaïda) sont exclus de la trêve. La pause instaurée dans les combats contre les rebelles modérés a donc permis au régime de Damas, soutenu par l'aviation russe, de concentrer ses efforts sur la « lutte antiterroriste ».
Ainsi, en septembre, les forces syriennes ont remporté leur plus grande victoire contre l'EI, en brisant le siège imposé par le groupe depuis près de trois ans à Deir Ez-Zor (est).
Paix en vue ?
Les négociations d'Astana ont contribué à l'apaisement des violences en Syrie plus que tout autre effort diplomatique.
Mais alors que ces négociations se concentrent essentiellement sur les combats sur le terrain, elles n'ont pas abordé les principaux obstacles politiques empêchant l'instauration de la paix en Syrie, notamment le sort de Bachar al-Assad.
Ces derniers font l'objet de discussions parallèles parrainées par les Nations unies, dont le septième round s'est terminé à Genève en juillet sans que les délégations du gouvernement syrien et de l'opposition parviennent à rapprocher leurs positions sur la question de la transition politique.
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