Les États-Unis et Israël se retirent de l’UNESCO dans un contexte de crispations diplomatiques
Washington menaçait depuis le mois de juillet de réexaminer ses liens avec l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO). Ce jeudi, les États-Unis ont annoncé qu'ils se retiraient de l'organisation, l’accusant d'être « anti-israélienne ».
Officiellement, cette décision reflète « les inquiétudes des États-Unis concernant l'accumulation des arriérés à l’UNESCO, la nécessité d'une réforme en profondeur de l'organisation, et ses partis pris anti-israéliens persistants ». Quelques heures plus tard, c'est Israël qui annonce son retrait. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou « a donné pour instruction au ministère des Affaires étrangères de préparer le retrait d'Israël de l'organisation, parallèlement aux États-Unis », a dit son bureau dans un communiqué. « L'UNESCO est devenue le théâtre de l'absurde où l'on déforme l'histoire au lieu de la préserver », a-t-il ajouté.
Les États-Unis souhaitent toutefois conserver un statut d'observateur, a précisé le Département d'État dans un communiqué, en lieu et place de leur représentation à l'agence onusienne dont le siège est à Paris.
Une relation houleuse depuis les années 1980
Les tensions ne sont pas nouvelles : entre 1984 et 2003, les États-Unis avaient déjà quitté l’UNESCO. À l’époque – Ronald Reagan était président – le retrait avait été motivé par des raisons budgétaires.
En 2011, ils avaient également suspendu leur financement après que l'agence a admis les Palestiniens parmi ses États membres. Mais ils continuaient depuis à siéger au Conseil exécutif, composé de 58 membres.
La directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova a immédiatement dit « regretter profondément » le retrait américain. « L'universalité est essentielle à la mission de l’UNESCO pour construire la paix et la sécurité internationales face à la haine et à la violence, par la défense des droits de l'homme et de la dignité humaine », a-t-elle estimé.
Hébron, la goutte qui fait déborder le vase
La détérioration des relations entre Washington et l’UNESCO s’est accélérée cet été. Le 7 juillet, le Comité mondial de l’UNESCO décidait de classer la vieille ville d’Hébron, en Cisjordanie occupée, « zone protégée » du patrimoine mondial, en tant que « site d’une valeur universelle exceptionnelle », expliquant que les propriétés palestiniennes de la vieille ville étaient menacées de destruction ou de dégradation.
Le vote a été salué par le ministère palestinien des Affaires étrangères comme un signe de « rejet du harcèlement politique de haut niveau et des tentatives d’extorsion ». Mais Nikki Haley, l'ambassadrice américaine à l'ONU, a qualifié cette mesure d'« affront à l'Histoire », « discréditant encore plus une agence onusienne déjà hautement discutable ». Israël avait également vivement réagi, les juifs revendiquant une présence de 4 000 ans à Hébron.
Des crispations diplomatiques
Cette annonce intervient dans un contexte de crispations diplomatiques lié à l’élection hautement politique du successeur d’Irina Bokova à la tête de l’institution. Depuis le début du scrutin lundi, un des vainqueurs potentiels est le candidat qatari Hamad bin Abdoulaziz Al-Kawari qui ne fait pas l'unanimité. Les pays arabes qui ont rompu cette année leurs relations diplomatiques avec Doha, dont l'Égypte et l'Arabie saoudite, s'en inquiètent. De plus, de vieux soupçons d'antisémitisme à son encontre ont resurgi ces derniers jours, relayés notamment par le Centre Simon Wiesenthal Europe et la Ligue Anti-diffamation aux États-Unis. Il lui est en particulier reproché un silence présumé face à la présence de livres antisémites lors de foires du livre alors qu'il était ministre de la Culture.
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