Sissi détient la clé du programme envisagé par Trump dans le Sinaï pour tuer l’État palestinien
Israël et les États-Unis sont dans une course contre la montre avec Gaza. L’énigme est difficile : comment continuer d’isoler la minuscule enclave côtière du monde extérieur et de la Cisjordanie – pour saboter tout danger d’émergence d’un État palestinien – sans attiser une révolte massive des deux millions de Palestiniens de Gaza ?
À Gaza, Israël n’a pas le luxe de pouvoir prendre son temps, comme en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, les deux autres territoires palestiniens qu’il occupe. Dans ces territoires, il peut continuer de rogner la présence palestinienne à l’aide de l’armée israélienne, des colons juifs et des restrictions strictes imposées à la circulation des Palestiniens, afin de prendre le contrôle de ressources clés telles que la terre et l’eau.
Gaza, un camp de la mort
Alors qu’Israël est engagé dans une guerre d’usure avec la population cisjordanienne, une approche graduelle similaire employée à Gaza est rapidement en train de devenir intenable. L’ONU a averti qu’en l’espace de deux ans, l’enclave pourrait être « inhabitable », avec une économie en ruine et un approvisionnement en eau impossible.
Un blocus israélien poussé à l’extrême depuis plus d’une décennie et une série d’attaques militaires ont plongé une grande partie de Gaza dans un âge sombre. Israël a désespérément besoin d’une solution avant que la prison de Gaza ne devienne un camp de la mort. Et maintenant, sous couvert du « plan de paix ultime » de Donald Trump, Israël semble être sur le point d’apporter une réponse.
Israël et les États-Unis sont dans une course contre la montre avec Gaza. L’énigme est difficile : comment continuer d’isoler la minuscule enclave côtière du monde extérieur et de la Cisjordanie sans attiser une révolte massive des deux millions de Palestiniens de Gaza ?
Les médias israéliens et arabes ont largement fait état au cours des dernières semaines de pressions exercées par les États-Unis et Israël pour pousser l’Égypte à céder une partie du territoire du nord du Sinaï, voisin de Gaza, pour des projets infrastructurels destinés à atténuer la « crise humanitaire » vécue par l’enclave.
À la fin du mois dernier, le Hamas, qui dirige Gaza, a envoyé une délégation au Caire pour discuter de ces mesures, dans la foulée d’une visite en Égypte de Jared Kushner, le gendre de Donald Trump chargé de superviser le plan de paix au Moyen-Orient.
Exploiter les craintes égyptiennes
Selon les informations relayées, Trump espère dévoiler bientôt un programme – associé à son initiative de paix qu’il qualifie d’« accord du siècle » – consacré à la construction d’un réseau d’énergie solaire, d’une usine de dessalement, d’un port maritime et d’un aéroport dans le Sinaï, ainsi qu’à l’établissement d’une zone de libre-échange avec cinq zones industrielles. La majeure partie du financement proviendra des États riches en pétrole du Golfe.
Des sources diplomatiques égyptiennes semblent avoir confirmé ces informations. Ce programme pourrait contribuer à soulager l’immense souffrance de Gaza, où l’électricité, l’eau potable et la liberté de mouvement sont rares. Palestiniens et Égyptiens travailleraient conjointement sur ces projets, ce qui créerait les emplois dont Gaza a si désespérément besoin : à Gaza, le taux de chômage chez les jeunes dépasse les 60 %.
On ne sait pas encore si les Palestiniens de Gaza seraient encouragés à vivre près des projets dans le Sinaï dans des villes destinées aux travailleurs immigrés. Israël espérera sans doute que les travailleurs palestiniens s’installeront progressivement de façon permanente dans le Sinaï.L’Égypte bénéficiera quant à elle de l’injection massive de capitaux dans une économie actuellement en crise, mais aussi de nouvelles infrastructures qui pourront être utilisées pour sa propre population dans la péninsule du Sinaï en proie aux troubles.
Il convient de noter que depuis plus d’un an, un ministre israélien propose des projets d’infrastructure similaires pour Gaza, sur une île artificielle qui serait créée dans les eaux territoriales palestiniennes. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a rejeté à plusieurs reprises cette proposition.
En plaçant le projet en Égypte, sous le contrôle du Caire, les préoccupations égyptiennes en matière de sécurité à Gaza seront liées à celles d’Israël, ce qui contribuera à tuer la cause nationale de l’État palestinien.
Une décennie de coercition
Il est important de comprendre que le programme pour le Sinaï n’est pas simplement la preuve du caractère chimérique des idées d’une administration Trump inexpérimentée ou induite en erreur. Tout indique qu’il bénéficie d’un soutien prolongé et vigoureux de la part de l’establishment politique américain depuis plus d’une décennie.
En réalité, il y a quatre ans, alors que Barack Obama était solidement installé à la Maison-Blanche, Middle East Eye avait dressé la liste des tentatives de coercition d’Israël et des États-Unis, qui souhaitent pousser toute une série de dirigeants égyptiens à ouvrir le Sinaï aux Palestiniens de Gaza.
Il s’agit là d’une des principales ambitions d’Israël depuis qu’il a évacué plusieurs milliers de colons de Gaza lors du dénommé « désengagement » de 2005 et déclaré – trompeusement – que l’occupation de l’enclave était terminée.
Washington aurait adhéré à cette initiative depuis 2007, date à laquelle la faction islamiste du Hamas a pris le contrôle de Gaza, évinçant le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas. C’est à ce moment qu’Israël, soutenu par les États-Unis, a intensifié son blocus strict qui a détruit l’économie de Gaza et empêché l’entrée de marchandises essentielles.
Un mini-État palestinien
Les avantages du programme pour le Sinaï vont de soi pour Israël et les États-Unis. Celui-ci contribuerait :
Le programme pour le Sinaï contribuerait à encourager l’installation finale de millions de réfugiés palestiniens potentiels sur le territoire égyptien, ce qui les priverait de leur droit au retour
* à rendre permanente la division territoriale entre Gaza et la Cisjordanie et la scission idéologique entre les factions rivales du Fatah et du Hamas ;
* à rétrograder la problématique gazaouie en la faisant passer d’une question diplomatique à une question humanitaire ;
* à entraîner la création progressive d’un mini-État palestinien de facto dans le Sinaï et à Gaza, principalement en dehors des frontières de la Palestine historique ;
* à encourager l’installation finale de millions de réfugiés palestiniens potentiels sur le territoire égyptien, ce qui les priverait de leur droit prévu par le droit international de retourner chez eux, dans l’Israël actuel ;
* à affaiblir les prétentions d’Abbas et de son Autorité palestinienne, située en Cisjordanie, à représenter la cause palestinienne, mais aussi à compromettre leurs efforts déployés dans le but d’obtenir auprès de l’ONU la reconnaissance du statut d’État ;
* et à dédouaner Israël en transférant la responsabilité de la répression des Palestiniens de Gaza à l’Égypte et au monde arabe en général.
Le programme du « Grand Gaza »
Au cours de l’été 2014, les médias israéliens ont rapporté qu’avec la bénédiction de Washington, des responsables israéliens travaillaient sur un programme baptisé « Grand Gaza », censé relier l’enclave à une large tranche du nord du Sinaï. Selon les informations relayées, Israël avait avancé sur cette idée avec Le Caire.
Des responsables égyptiens et palestiniens ont publiquement répondu aux fuites, dénonçant un plan « monté de toutes pièces ». Néanmoins, que Le Caire ait été ou non réceptif en privé, cela a permis de confirmer de nouveau l’existence d’une stratégie déployée depuis une décennie par Israël à Gaza.
À peu près au même moment, un journal arabe a interviewé un ancien responsable proche de Hosni Moubarak, le président égyptien évincé en 2011. Il a déclaré sous couvert d’anonymat que l’Égypte subissait des pressions concertées depuis 2007 pour annexer Gaza au nord du Sinaï, après la prise de pouvoir du Hamas dans l’enclave à la suite des élections palestiniennes.
Cinq ans plus tard, selon la même source, Mohamed Morsi, qui dirigeait alors un gouvernement éphémère issu des Frères musulmans, aurait envoyé une délégation à Washington, où les Américains auraient proposé que l’Égypte « cède un tiers du Sinaï à Gaza dans un processus en deux étapes s’étalant sur quatre à cinq années ».
Et depuis 2014, il semblerait que le successeur de Morsi, le général Abdel Fattah al-Sissi, soit confronté à des pressions similaires.
La carotte et le bâton
Les soupçons d’une capitulation proche de Sissi il y a quatre ans étaient alimentés à l’époque par Abbas en personne. Dans une interview à la télévision égyptienne, il avait déclaré que le programme d’Israël pour le Sinaï avait été « malheureusement accepté par certains [en Égypte] ». « Ne m’interrogez pas davantage à ce sujet, avait-il ajouté. Nous l’avons aboli. »
Les supporteurs néoconservateurs d’Israël à Washington, qui se seraient appuyés sur Moubarak en 2007 sous la présidence de George W. Bush, influencent désormais à nouveau la politique au Moyen-Orient de l’administration Trump.
Et bien que Sissi ait semblé tenir bon en 2014, les changements spectaculaires qui ont suivi dans la région l’ont probablement affaibli.
Mahmoud Abbas et le Hamas sont tous deux plus isolés que jamais et la situation à Gaza est encore plus désespérée. Israël a également cultivé des liens beaucoup plus étroits avec les États du Golfe alors qu’ils façonnent une opposition commune à l’Iran. L’administration Trump, pour sa part, a abandonné toute prétention à la neutralité dans la résolution du conflit israélo-palestinien.
En réalité, l’équipe de Trump pour le Moyen-Orient, dirigée par Kushner, a adopté dès le départ le paradigme israélien de « l’extérieur vers l’intérieur » pour parvenir à un accord de paix.
L’idée est d’utiliser une approche de la carotte et du bâton – un mélange d’incitations financières et de sanctions punitives – pour intimider Abbas et le Hamas afin de les contraindre à faire encore plus de concessions majeures à Israël, des concessions qui videraient de son sens toute notion significative d’un État palestinien. Une des clés de cette idée est la possibilité d’impliquer l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis dans les efforts israéliens visant à forcer la main aux dirigeants palestiniens.
L’Égypte, rapporte-t-on aujourd’hui, subit des pressions semblables de la part du Golfe pour concéder du territoire dans le Sinaï afin d’aider Trump avec son « accord du siècle », lequel a pris un retard considérable.
La menace des Frères musulmans
Sissi et ses généraux ont de bonnes raisons d’être réticents à lui venir en aide. Après avoir pris le pouvoir au gouvernement des Frères musulmans de Morsi, ils ont tout fait pour écraser les mouvements islamistes locaux mais ont fait face à un retour de flamme brutal dans le Sinaï.
Le Hamas, qui dirige Gaza, est l’organisation sœur des Frères musulmans. Les généraux égyptiens s’inquiètent du fait que l’ouverture du poste frontalier de Rafah entre le Sinaï et la bande de Gaza puisse renforcer les attaques islamistes que l’Égypte a déjà du mal à contenir. Le Caire craint également que l’option du Sinaï ne déplace le fardeau de Gaza sur les épaules de l’Égypte.
C’est là que Trump et Kushner peuvent espérer mettre leurs talents de magouilleurs à contribution pour parvenir à une avancée.
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La susceptibilité de l’Égypte aux incitations financières du Golfe a été exposée l’année dernière lorsque le gouvernement de Sissi a accepté de vendre deux îles stratégiques de la mer Rouge, Tiran et Sanafir, à l’Arabie saoudite. Ces deux îles gardent l’entrée du golfe d’Aqaba et du canal de Suez.
En retour, l’Égypte a reçu des milliards de dollars de prêts et d’investissements en provenance du royaume, dont des projets d’infrastructure à grande échelle dans le Sinaï. Israël aurait approuvé l’accord.
Des analystes ont laissé entendre que la cession des îles à l’Arabie saoudite avait pour but de renforcer la coopération en matière de sécurité et de renseignement entre Israël, l’Égypte et l’Arabie saoudite face aux combattants islamistes dans le Sinaï.
Cela ressemble désormais étrangement au prélude du programme annoncé de Trump pour le Sinaï.
Les Palestiniens ignorés
En mars, la Maison-Blanche a accueilli dix-neuf pays à l’occasion d’une conférence organisée dans le but d’examiner de nouvelles idées pour faire face à la crise grandissante de Gaza. Outre Israël, des représentants de l’Égypte, de la Jordanie, de l’Arabie saoudite, du Qatar, de Bahreïn, d’Oman et des Émirats arabes unis y ont participé. Les Palestiniens ont boycotté la rencontre.
Un document délivré par Yoav Mordechai, général israélien et responsable de premier plan chargé de la supervision de la stratégie d’Israël dans les territoires occupés, a beaucoup plu à l’équipe de Trump. Un grand nombre de ses propositions – en faveur d’une zone de libre-échange et de projets d’infrastructure dans le Sinaï – sont désormais en cours d’avancement.
Le mois dernier, Kushner s’est rendu en Arabie saoudite, au Qatar, en Égypte et en Jordanie pour obtenir du soutien. Selon des interviews publiées dans le quotidien Israel Hayom, les quatre États arabes ont adhéré au plan de paix, même s’il implique de contourner Abbas.
Jack Khoury, analyste palestinien pour le journal israélien Haaretz, a résumé les éléments du programme qui se rapportent à Gaza : « L’Égypte, qui a un intérêt vital à calmer Gaza à cause de l’impact du territoire sur le Sinaï, jouera le rôle du policier qui retient le Hamas. L’Arabie saoudite, le Qatar et peut-être les Émirats arabes unis paieront ces projets, qui seront placés sous l’égide des Nations unies. »
Le fait qu’Israël ait menacé récemment d’envahir Gaza et de couper l’enclave en deux peut être un indicateur des efforts déployés par Israël pour obtenir l’acquiescement du Hamas, a rapporté le journaliste israélien chevronné Ron Ben-Yishai. Les États-Unis ont également contribué à approfondir la crise à Gaza en retenant des paiements destinés à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). La majorité de la population de Gaza est composée de réfugiés dépendant des aides de l’ONU.
En acceptant le programme pour le Sinaï, le Hamas aurait l’avantage d’être enfin libéré des leviers d’Israël et de l’Autorité palestinienne sur Gaza. Il serait mieux à même de maintenir sa domination sur la bande côtière, à condition de ne pas provoquer l’ire de l’Égypte.
Le modèle de pacification d’Oslo
Les plans d’Israël et de Washington pour Gaza font fortement écho au modèle de « pacification économique » qui formait le cadre du processus de paix d’Oslo à la fin des années 1990.
Pour Israël, Oslo représentait cyniquement une occasion de détruire l’économie essentiellement rurale de la Cisjordanie, dont les Palestiniens dépendent depuis des siècles. Israël convoite depuis longtemps le territoire, tant pour son potentiel économique que pour ses connotations religieuses.
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Des centaines de communautés palestiniennes en Cisjordanie dépendent de ces terres pour l’agriculture, ce qui les lie à des lieux historiques en raison de besoins économiques et de leur tradition. Néanmoins, pour déloger les villageois – les forcer à rallier une poignée de villes palestiniennes et dégager la terre pour les colons juifs –, un modèle économique alternatif devait être mis au point.
Dans le cadre du processus d’Oslo, Israël a commencé à établir une série de zones industrielles – financées par des donateurs internationaux – sur la zone tampon (« seam zone ») entre Israël et la Cisjordanie.
Des sociétés israéliennes et internationales devaient y ouvrir des usines et employer une main-d’œuvre palestinienne bon marché avec des protections minimales. Les Palestiniens, une population d’agriculteurs fortement attachés à leurs terres, allaient devenir une main-d’œuvre intermittente concentrée dans les villes.
Pour Israël, cela avait comme avantage supplémentaire de faire des Palestiniens le « précariat » ultime. S’ils venaient à commencer à exiger un État ou même à protester pour des droits, Israël pouvait simplement leur bloquer l’accès aux zones industrielles et laisser la faim pacifier la population.
De nouveaux geôliers
Il y a tout lieu de croire que l’objectif de l’initiative couvée par Israël et Trump est de reloger progressivement les Palestiniens dans le Sinaï en investissant dans des projets d’infrastructure.
De cette manière, Gaza pourra rester sous l’emprise d’Israël sans qu’Israël n’ait à partager une quelconque responsabilité. L’Égypte deviendra le geôlier visible de Gaza, tout comme Abbas et son Autorité palestinienne sont devenus les geôliers d’une grande partie de la Cisjordanie
Avec des intérêts en matière de sécurité solidement alignés entre les deux pays, Israël peut alors compter sur l’Égypte pour pacifier les Palestiniens de Gaza en son nom. Sous un tel programme, Le Caire aura de nombreux moyens de donner des leçons à sa nouvelle main-d’œuvre.
L’Égypte pourra suspendre temporairement les projets d’infrastructure et licencier les travailleurs jusqu’à un retour au calme. Elle pourra fermer le seul poste frontalier de Rafah entre Gaza et le Sinaï, ou encore fermer les centrales électriques et les usines de dessalement et priver ainsi Gaza d’électricité et d’eau potable.
De cette manière, Gaza pourra rester sous l’emprise d’Israël sans qu’Israël n’ait à partager une quelconque responsabilité. L’Égypte deviendra le geôlier visible de Gaza, tout comme Abbas et son Autorité palestinienne sont devenus les geôliers d’une grande partie de la Cisjordanie.
Voilà le modèle qu’Israël envisage pour Gaza. Nous pourrions découvrir bientôt s’il est partagé également par l’Égypte et les États du Golfe.
- Jonathan Cook est un journaliste anglais basé à Nazareth depuis 2001. Il a écrit trois ouvrages sur le conflit israélo-palestinien et remporté le prix spécial de journalisme Martha Gellhorn. Vous pouvez consulter son site web et son blog à l’adresse suivante : www.jonathan-cook.net
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.
Photo : un enfant palestinien brandit une affiche lors d’une manifestation contre le siège de la bande de Gaza, le 6 février 2018 (AFP).
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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