Ado à Gaza, je veux la paix et une vie normale, comme vous
Avez-vous déjà vu Gaza sous son beau profil ?
Pour beaucoup, ce qui vient à l'esprit lorsqu’il est question de l'enclave, c’est une image de bâtiments en ruines, comme des gâteaux de mariage qui se seraient effondrés, rasés par des missiles israéliens. Il est difficile d'imaginer Gaza comme une station balnéaire méditerranéenne prospère, avec une plage où les enfants jouent, courent et construisent des châteaux de sable.
Je ne vous blâme pas si vous ne pouvez pas l'imaginer, surtout si vous lisez ou regardez l’actualité – tir après tirs, corps après corps, encore et encore. Le 14 mai, en quelques heures seulement, plus de 60 Palestiniens ont été tués et des milliers ont été blessés.
Si vous pensez plus profondément, vous réaliserez que nous sommes des humains comme tout le monde. Les médias se trompent sur Gaza. Lorsque les reportages disent que « les gens sont morts », cela est trompeur : les gens n'ont pas choisi d'être tués.
Lorsque les médias font référence à des « affrontements », cela est également inexact : il n'y a pas d'affrontements entre des manifestants pacifiques et des tireurs d'élite israéliens, des chars et des munitions réelles.
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La majorité des reportages sur les récents événements à Gaza ont mal informé le public sur la véritable raison de la Grande marche du retour. Le Hamas n'est pas le moteur qui propulse les masses. C'est le choix du peuple, la volonté des gens. Le Hamas a peut-être joué un rôle dans l'aggravation de la situation et a appelé à plus de confrontations en représailles pour les vies perdues, mais c'est tout.
Des foules de personnes non armées protestant devant l'armée la plus forte du monde – exigeant leurs droits fondamentaux de voyager, de vivre, de travailler, de se déplacer librement et de retourner dans leur pays d'origine – ne sont pas des comportements imprudents. Cela démontre que les Palestiniens de Gaza ont leur patrie au plus près de leur cœur.
J'ai entendu des gens dire que défendre les Palestiniens n'est pas une cause politiquement opportune, mais qu'est-ce qu'une cause vitale ?
J'ai entendu des gens dire que défendre les Palestiniens n'est pas une cause politiquement opportune, mais qu'est-ce qu'une cause vitale ?
Ce que les Palestiniens ont obtenu en échange des jets de pierres et des pneus incendiés, c'était du gaz lacrymogène et des munitions réelles. Des hommes, des femmes et des enfants ont été blessés à la jambe par des balles que les médecins qualifient de « très destructrices », causant de graves blessures aux os et aux tissus. Beaucoup de ceux qui n'ont pas été tués auront besoin d'une thérapie physique et d'une longue réadaptation. Dans certains cas, ils seront amputés, car les soins hospitaliers font défaut en raison du blocus de Gaza par Israël depuis plus d'une décennie.
Blâmer le Hamas, un projet de déshumanisation
Depuis la guerre de 2014, le 14 mai a été l'un des jours les plus meurtriers contre les Palestiniens.
Les manifestations pacifiques ne concernaient pas seulement le déplacement de l'ambassade américaine à Jérusalem. Nous protestons et réclamons notre droit à la liberté, notre droit de retourner chez nous depuis 70 ans. Cette occasion coïncidait justement avec le déménagement de l'ambassade.
Blâmer le Hamas fait partie d'un projet de déshumanisation mené par les médias. Il y a eu des manifestations en Cisjordanie, par exemple, que le Hamas ne contrôle pas. Le Conseil national palestinien a accepté l'existence d'Israël en 1988. Le parti qui ne veut pas la paix est Israël, parce qu'il veut la totalité de la terre.
Malgré tout cela, les médias continuent à blâmer les Palestiniens. Je continue à me demander ce que nous devons faire de plus. Que faudra-t-il à la communauté internationale pour défendre la Palestine ?
Nous ne pouvons pas laisser notre passé contrôler notre avenir
Gaza abrite deux millions de personnes entassées dans un petit territoire, avec pénurie d'électricité, d'eau et d'emplois. En tant qu'adolescente palestinienne, je veux faire la paix. Je veux vivre une vie normale, comme des millions de personnes à travers le monde.
Israël doit mettre fin au siège. Sans une culture de coexistence pacifique entre Palestiniens et Israéliens, la paix n'est pas possible. Les Palestiniens ont le droit de vivre dans la liberté et la dignité dans un État qui est le leur. Nous ne pouvons pas continuer à nous battre pour le reste de notre vie.
En ce moment, Israël contrôle son avenir et le nôtre. Si Israël veut faire la paix, il doit faire un pas vers la réconciliation. Ce ne sera pas facile, mais c'est d'une importance vitale. Nous ne pouvons pas laisser notre passé contrôler notre avenir.
- Tarneem Hammad est née en Arabie saoudite mais vit aujourd’hui à Gaza. Elle travaille comme formatrice en langue anglaise à Amideast et écrit pour We Are Not Numbers.
Les opinions exprimées dans cet article appartiennent à l'auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.
Photo : exposition artistique à Gaza, après les frappes israéliennes du 14 juillet 2018 (AFP).
Traduit de l’anglais (original).
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