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Déclaration Balfour : plus d’un siècle d’injustice

À l’origine de la campagne britannique de création d’un foyer national juif en Palestine, la déclaration d’Arthur Balfour a engendré une vie de souffrances
Des Palestiniens manifestent devant les barbelés marquant la frontière entre Gaza et Israël à l’est de la ville de Gaza le 13 mai 2018 (AFP)

2 novembre 1917 - 2 novembre 2019, cent deux ans déjà, cent deux ans depuis le début du drame des Palestiniens, cent deux ans de souffrance, de malheurs et de massacres pour un peuple digne, cent deux ans depuis le début de la plus grande injustice imposée à un peuple sur sa terre, cent deux ans de déportation d’un peuple pour le remplacer par un autre peuple. 

Depuis des décennies, les Palestiniens subissent la dépossession continue de leur territoire et de leurs moyens d’existence. 

Les démolitions de maisons, la colonisation, les crimes, les confiscations de terre, le mur de l’apartheid. Le déni de leur culture et de leur mémoire forme le quotidien du peuple palestinien.

La déclaration Balfour, le 2 novembre 1917, à l’origine de la campagne britannique de création d’un foyer national juif en Palestine, a permis à un autre peuple de créer son État sur les terres d’un peuple autochtone.

Le temps n’est-il pas venu de réagir et d’imposer à Israël l’application du droit international ? Le temps n’est-il pas venu d’instaurer la justice en Palestine ?

Cent deux ans de violation des droits les plus fondamentaux de notre peuple, cent deux ans de mesures inhumaines illégales, cent deux ans d’injustice, cent deux ans de silence complice de la part de la communauté internationale.

Cette déclaration a aidé à créer un État illégal et à le faire soutenir par les instances internationales. Un État qui depuis, massacre, assassine, humilie les Palestiniens tous les jours, et pratique l’apartheid.

Cette déclaration a créé le problème des réfugiés palestiniens qui vivent dans des conditions humanitaires épouvantables partout dans le monde.

C’est la lettre ouverte qui a légitimé la colonisation israélienne des terres palestiniennes et le nettoyage ethnique qui s’est ensuivi. Un siècle plus tard, la déclaration Balfour, du nom de son auteur Arthur Balfour, est célébrée en Grande-Bretagne sans aucune excuse aux Palestiniens.

L’attitude de l’actuelle direction politique britannique, qui a carrément refusé de s’excuser pour la déclaration de Balfour, et qui de surcroît a célébré en grande pompe le centenaire de ce document à l’origine de la plus grande catastrophe pour les peuples de la région du Proche-Orient, est pure provocation.

Cette position constitue un prolongement d’une pratique injuste depuis plus de cent ans à l’encontre d’un peuple qui ne vit pas une vie normale, mais une vie de souffrances à l’intérieur des territoires palestiniens et en exil.

Cent deux ans de violation de nos droits ne suffisent-ils pas ? Le temps n’est-il pas venu de réagir et d’imposer à Israël l’application du droit international ? Le temps n’est-il pas venu d’instaurer la justice en Palestine ?

Le temps n’est–il pas venu pour cette communauté internationale de changer sa politique de « deux poids, deux mesures » au Proche-Orient et essayer d’imposer l’application du droit international ?

Combien de Palestiniens doivent ainsi tomber avant que le monde bouge ?

Combien de civils palestiniens doivent ainsi mourir pour que la communauté internationale officielle se mobilise ?

Quelle quantité de sang palestinien doit couler pour que s’instaure la justice dans notre région ?

Combien de temps Israël va-t-il rester un État hors-la-loi, négligeant toutes les décisions internationales, faisant fi du droit international ?

Et combien d’années et d’années... 

La déclaration Balfour : étude de la duplicité britannique
Lire

Les Palestiniens doivent-t-ils attendre cent ans de plus ?

Afin que ce monde bouge ?

Afin que la justice s’installe ?

Assez d’impunité !

Assez de silence complice !

Assez d’impuissance !

Assez d’injustice !

En attendant, les Palestiniens tiennent bon, persistent, patientent, résistent, mais surtout, ils continuent d’espérer en des lendemains meilleurs, des lendemains de liberté, de paix, et avant tout, des lendemains de justice, avec un message très clair :

Ici, notre terre. Ici, nos racines,

Ici, notre vie, notre avenir,

Et ici, notre Palestine ! 

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Ziad Medoukh est un professeur de français, écrivain et poète palestinien d’expression française. Titulaire d’un doctorat en sciences du langage de l’Université de Paris VIII, il est responsable du département de français de l’Université al-Aqsa de Gaza et coordinateur du Centre de la paix de cette université. Il est l’auteur de nombreuses publications concernant la Palestine, et la bande de Gaza en particulier, ainsi que la non-violence comme forme de résistance. Il a notamment publié en 2012 Gaza, Terre des oubliés, Terre des vivants, un recueil de poésies sur sa ville natale et son amour de la patrie. Ziad Medoukh a été fait chevalier de l’ordre des Palmes académiques de la République française en 2011. Il est le premier citoyen palestinien à obtenir cette distinction. En 2014, Ziad Medoukh a été nommé ambassadeur par le Cercle universel des ambassadeurs de la paix. Il a remporté le premier prix du concours Europoésie en 2014 et le prix de la poésie francophone pour ses œuvres poétiques en 2015.
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