Aller au contenu principal

Pourquoi les Émirats arabes unis attisent l’islamophobie européenne

Financée par un gouvernement aux fonds illimités, cette campagne a impacté les politiques publiques, détruit des réputations et conduit à la faillite d’entreprises légitimes
Le président des Émirats arabes unis, le cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, le 19 juillet 2022 (AFP)

Humza Yousaf a eu droit à sa part d’injures racistes avant de devenir le Premier musulman et la première personne d’origine asiatique à décrocher la plus haute fonction du gouvernement écossais et à diriger un parti majeur au Royaume-Uni.

Yousaf a été la cible de menaces, plus que la plupart des musulmans. Il a dû réfléchir à deux fois aux conséquences pour sa famille de sa candidature au poste de Premier Ministre.

« C’est l’une de ces longues conversations, de ces conversations difficiles, que j’ai eues avec ma famille, qui connaît les injures racistes et islamophobes dont je fais l’objet. Au bout du compte, on ne s’inquiète pas vraiment pour soi – mais pour ses enfants », a-t-il expliqué au Scotsman.

Comparé un jour par un politicien écossais à Abu Hamza, imam londonien condamné aux États-Unis pour l’enlèvement de touristes occidentaux au Yémen, Yousaf se promenait avec une alarme en cas de danger dans sa poche.

Dans la semaine suivant sa prestation de serment en ourdou et en anglais, Yousaf se débattait avec la perspective d’une perquisition de la police au domicile de Peter Murrell, ex-président du Parti national écossais et époux de l’ancienne Première ministre Nicola Sturgeon, dans le cadre d’une enquête sur les finances du parti.

L’activisme de Yousaf est né assez tôt, lorsqu’il était volontaire pour l’ONG Islamic Relief à l’âge de 10 ans. Par la suite, il a mis en place des cars pour les manifestants de Glasgow pour Stop the War, le plus grand rassemblement contre la guerre en Irak en 2003, ce qui lui a valu d’apparaître sur le radar de Breitbar, le site américain d’extrême droite. 

Il est devenu porte-parole d’Islamic Relief avant son élection au Parlement écossais en 2011. 

Yousaf et son coreligionnaire Anas Sarwar, qui dirige le Parti travailliste écossais, ont tous les deux combattu la discrimination et l’islamophobie, lesquelles sont intrinsèque à la vie en Occident. Ce sont des forces nationales. 

Un puissant programme étranger

Pourtant, il y a un puissant programme étranger en jeu, lequel a un motif totalement différent d’attiser l’islamophobie en Europe et aux États-Unis. Cette campagne dure depuis dix ans et a été lancée en réaction au Printemps arabe, lorsque tous les autocrates du Golfe ont perçu le danger des événements en Tunisie, en Égypte, au Yémen et pendant un bref moment, en Syrie.

Ses idéologues ont pris d’assaut les politiques gouvernementales, notamment en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Autriche et en France. Ses trolls ont détruit des réputations. Ses calomnies ont corrompu World-Check, des données très secrètes que les banques utilisent en matière de conformité. Des entreprises légitimes ont été mises en faillite. 

Cette campagne est financée par un gouvernement aux fonds illimités. Et le pire dans tout cela, c’est que le cerveau de l’opération est un musulman. Il est désormais président des Émirats arabes unis (EAU) : Mohammed ben Zayed. 

Le jour de l’élection de Yousaf en tant que Premier Ministre, le New Yorker a révélé comment les Émirats avaient payé une société genevoise de renseignements privés, Alp Services, pour calomnier la plus grande association caritative britannique, Islamic Relief Worldwide (IRW), en tentant de la relier aux Frères musulmans et à des extrémistes violents.

Pourquoi le gouvernement d’un pays musulman a tenté de faire disparaître la plus grande organisation caritative musulmane ?

Selon le New Yorker, Alp Services a tenté de relier Heshmat Khalifa, membre du conseil de direction d’IRW, au terrorisme, à la suite de son travail avec une organisation humanitaire égyptienne en Bosnie dans les années 1990. Ce fut un échec, mais l’entreprise a creusé l’historique de Khalifa sur les réseaux sociaux, où elle a découvert des publications antisémites qu’il a partagées après l’attaque israélienne contre Gaza en 2014.

Alp a partagé ces informations avec le Times à Londres, qui a sorti l’histoire. Khalifa a démissionné et IRW a condamné les publications, les jugeant affligeantes et inacceptables. 

L’organisation caritative a subi alors un tsunami de pressions. Le Département d’État américain, sous l’ancien président Donald Trump, a encouragé toutes les instances gouvernementales à réexaminer « leur relation avec IRW ». La Commission chargée des organisations caritatives au Royaume-Uni et l’agence de développement international suédoise ont ouvert des enquêtes, tandis que l’Allemagne a cessé de financer IRW. Les banques ont menacé de cesser de transférer les fonds d’Islamic Relief vers les zones de crises à travers le monde.

IRW dit avoir dépensé des centaines de milliers de dollars pour poursuivre ses activités, en finançant des audits externes et en faisant supprimer les fausses informations dans les résultats de recherche internet. Elle a rémunéré une commission indépendante dirigée par Dominic Grieve, ex-procureur général, qui a conclu qu’IRW était une « organisation caritative très efficace » sans antisémitisme institutionnel.

Waseem Ahmad, directeur d’IRW, a indiqué au New Yorker que la réputation entachée de l’organisation avait affecté des millions de personnes qui comptent sur elle : « Cela a nui et retardé notre travail humanitaire », affirme-t-il. Interrogé sur la raison pour laquelle les Émirats arabes unis ont sapé Islamic Relief, il a répondu : « C’est la question à plusieurs millions de dollars. » 

Ça l’est effectivement. Pourquoi le gouvernement d’un pays musulman a-t-il tenté de faire disparaître la plus grande organisation caritative musulmane ?

« Communication virale offensive »

En 2014, au tout début de cette campagne, les Émirats ont publié une liste de 86 « organisations terroristes », parmi lesquelles le Conseil des relations américano-islamiques. Celle-ci alléguait qu’IRW était une antenne des Frères musulmans, une accusation que l’organisation dément vigoureusement.

IRW est loin d’être la seule organisation visée. Alp est l’œuvre de Mario Brero, un enquêteur suisse qui a eu des démêlés avec la justice à San Francisco et en Suisse. Celui-ci présente sa spécialité comme étant « les campagnes de communication virale offensives ».

Comme la société israélienne NSO, qui a conçu le logiciel Pegasus pour espionner les portables, Brero pensait vendre un service suffisamment puissant pour attirer les chefs d’État. Le 12 mai 2017, il s’est vanté aux EAU que « plusieurs chefs d’État » et autres « HNWI » (individus fortunés) avaient fait appel à la « capacité [d’Alp] à améliorer ou détériorer des réputations sur internet ». 

Les sinistres objectifs de la croisade d’Abou Dabi contre l’islam politique
Lire

Mario Brero était en veine. Selon le New Yorker, les Émirats arabes unis lui ont accordé une avance sur honoraires de 200 000 euros par mois pour localiser et s’en prendre à des cibles en Europe, sans compter les suppléments d’honoraires pour des projets ponctuels. L’une de ses premières décisions a été de contacter un universitaire italien qui s’est fait un nom en pourchassant les Frères musulmans et en les liant à des groupes extrémistes.

Lorenzo Vidino dirige le programme consacré à l’extrémisme à l’Université George Washington (GWU), se présentant comme « un expert de l’islamisme en Europe et en Amérique du Nord » dont les recherches se concentrent sur la « dynamique de mobilisation des réseaux djihadistes en Occident ; les politiques gouvernementales de lutte contre la radicalisation ; et les activités des organisations inspirées par les Frères musulmans en Occident ».

L’expression « inspirée par les Frères musulmans » est soigneusement choisie car accuser à tort une cible musulmane d’y appartenir serait diffamatoire. Lorenzo Vidino divise ses cibles en trois catégories : les « purs Frères », les « dérivés des Frères musulmans » et les « organisations influencées par les Frères musulmans ».

Il admet que ce serait une « grave erreur d’analyse » d’assimiler l’idéologie des Frères musulmans aux milieux salafistes et djihadistes. Mais en réalité, c’est exactement ce qu’il fait. Dans un pamphlet contre les Frères musulmans en Autriche publié en 2017, il affirmait que l’organisation « promeut un discours qui, par son utilisation de la victimisation et de la justification de la violence, crée un terreau fertile à la radicalisation ». 

Des organisations occidentales qu’il désigne vaguement comme des « entités des Frères musulmans » ont, selon Lorenzo Vidino, délibérément exagéré des incidents et comportements hostiles aux musulmans – qui existent indubitablement, reconnaît-il – pour nourrir une « mentalité de siège » au sein des communautés musulmanes, en particulier en Autriche. Dans le même temps, fait-il valoir, les Frères musulmans considèrent la violence comme légitime là où les musulmans sont perçus comme sous occupation et financent des organisations telles que le Hamas.

Copier-coller

Il manque à cette « analyse » la multitude de preuves qui montrent que le Hamas prend ses décisions de manière indépendante des autres groupes islamistes et qu’il limite la résistance armée à la Palestine. Comme le reconnaît le Shin Bet israélien, la cause nationale palestinienne joue un rôle beaucoup plus important que la religion. Les djihadistes ont une courte espérance de vie à Gaza. 

Lorenzo Vidino poursuit en entretenant le mythe selon lequel les Frères musulmans créent des problèmes de cohésion sociale en Europe et – l’expression qui tue – sont « en contradiction avec les valeurs européennes ». 

Il ne faut pas 25 ans de recherche pour voir un lien entre l’islamophobie soutenue par l’État en Autriche, en France et en Allemagne et la vague croissante d’agressions racistes contre les musulmans en Europe

 Ces mots ont été copiés-collés dans les politiques gouvernementales au Royaume-Uni, en Allemagne, en Autriche et en France. Deux ans avant son pamphlet sur les Frères musulmans en Autriche, Vidino avait nié un article du Telegraph selon lequel il avait participé à un examen des Frères musulmans mené par Sir John Jenkins, ancien diplomate britannique.

Un think tank basé aux Émirats, Ak Mesbar, a publié le livre de Vidino intitulé Les Nouveaux Frères musulmans en Occident.

Vidino avait déclaré à MEE à l’époque : « J’ai simplement été chargé de rédiger un document et d’informer les personnes chargées de l’examen – comme on l’a demandé à de nombreux universitaires. »

La même année que l’article autrichien, Vidino a été rapidement sollicité par le gouvernement émirati. Des courriels divulgués envoyés par l’ambassadeur des Émirats arabes unis aux États-Unis, Yousef al-Otaiba, ont révélé qu’il avait transmis le travail de Vidino au ministre émirati des Affaires étrangères, le décrivant comme « un document sur le renforcement de la voix modérée de l’islam aux États-Unis afin d’équilibrer et finalement de vaincre les voix de l’islamisme ».

Otaiba a ensuite organisé une rencontre entre Lorenzo Vidino et son co-auteur et son patron Abdullah bin Zaid.

Les articles de Vidino étaient une politique en attente de la prochaine attaque en Europe. Lorsque des hommes armés identifiés comme ayant des sympathies avec le groupe État islamique ont tué quatre personnes lors d’un attentat à Vienne en 2020, le ministère autrichien de l’Intérieur est passé à la vitesse supérieure, lançant les plus importantes opérations contre des terroristes présumés dans le pays depuis la Seconde Guerre mondiale. 

Une manifestante lors d’une marche contre l’islamophobie à Paris, en mars 2022 (Reuters)
Une manifestante lors d’une marche contre l’islamophobie à Paris, en mars 2022 (Reuters)

Farid Hafez, professeur invité d’études internationales au Williams College et chercheur principal à la Bridge Initiative de l’Université de Georgetown, faisait partie des dizaines de citoyens arrêtés car soupçonnés d’avoir des liens avec les Frères musulmans.

Mais la rafle s’est effondrée, en l’absence de base légale – un fait confirmé par le tribunal régional supérieur de Graz après les contestations de plusieurs accusés. 

« Alors que le ministère public a accusé certaines des personnes visées par ces raids d’appartenir aux Frères musulmans, le tribunal a souligné que les Frères musulmans ne sont pas considérés comme une organisation terroriste en Autriche », a écrit Hafez sur MEE. Après une opération de plus d’un an et demi, incluant plus de 21 000 heures d’écoutes téléphoniques et plus d’un million de photographies, aucun chef d’accusation n’a été établi.

Faire des musulmans des criminels

Mais cela n’a pas empêché la campagne de l’État autrichien visant à traiter les musulmans comme des criminels. Cette stratégie avait deux objectifs : couvrir l’échec des services de renseignement autrichiens sur les attentats eux-mêmes et créer un climat de peur autour de l’islam politique, avec des mesures telles que l’interdiction du hijab et la fermeture de mosquées.

En 2021, le gouvernement autrichien a lancé une « carte nationale de l’islam » montrant l’emplacement de 620 mosquées et associations musulmanes à travers le pays.

« Imaginez si on avait une carte du judaïsme ou une carte du christianisme en Autriche », déclarait Tarafa Baghajati, président de l’Initiative des Autrichiens musulmans, à la chaîne ORF.

L’Autriche a même créé ses propres panneaux routiers, avec l’image d’un musulman menaçant et un avertissement : « Attention ! Islam politique à proximité. » Inutile de dire que c’en était trop, même pour le Conseil de l’Europe, qui a exigé le retrait de la carte.

Mohammed ben Zayed ne se soucie pas du « bon musulman » qu’il prétend essayer de créer. Il le fait pour se préserver

Vidino a confirmé au New Yorker qu’il avait travaillé pour Alp : « Mes recherche sont les mêmes quoi qu’il en soit, donc peu importe qui est le client final. Je ne fais que cela. Je mène des recherches sur les Frères musulmans en Europe depuis près de 25 ans. »

Maintenant, enfin, il y a quelques signes d’un recul. L’article du New Yorker a incité deux professeurs américains à retirer leur affiliation au programme consacré à l’extrémisme de l’Université George Washington.

Hilary Matfess, professeure adjointe à l’Université de Denver et ancienne membre de ce programme, a tweeté : « Avant de m’affilier, j’aurais dû faire preuve de diligence raisonnable concernant les recherches et les activités professionnelles du directeur ; je ne l’ai pas fait et je le regrette. Pour être parfaitement claire : je condamne haut et fort l’islamophobie. » 

Un jour plus tard, Cynthia Miller-Idriss, directrice et fondatrice du laboratoire de recherche et d’innovation sur la polarisation et l’extrémisme de l’Université américaine (Washington) et ancienne membre de ce programme, a déclaré qu’elle voulait que son nom soit retiré, même si elle n’occupait pas de poste rémunéré.

Mais le mal est fait. Rien qu’en France, Hafez a calculé que « jusqu’à 24 887 organisations et entreprises musulmanes ont été placées sur une liste noire secrète et sous surveillance stricte, et 718 organisations et entreprises appartenant à des musulmans, dont au moins 4 écoles, 37 mosquées, 210 entreprises et 2 organisations, ont été fermées. Environ 46 millions d’euros ont été confisqués par le gouvernement français ».

Agressions racistes

Il ne faut pas 25 ans de recherche pour voir un lien entre l’islamophobie soutenue par l’État en Autriche, en France et en Allemagne et la vague croissante d’agressions racistes contre les musulmans en Europe.

Les attaques racistes contre les musulmans ont augmenté en Autriche après l’apparition de la carte de l’islam. L’Allemagne a enregistré un pic d’attaques contre des mosquées l’année dernière, faisant une dizaine de blessés et plusieurs mosquées endommagées. En 2020, les agressions ont augmenté de 53 % en France, avec 235 incidents recensés. Au Royaume-Uni, au cours de l’année se terminant en mars 2022, le Home Office a enregistré que 42 % des crimes de haine religieuse ciblaient les musulmans, soit un total de 3 459 infractions.

L’« islam de France » de Macron fait écho aux politiques répressives des régimes du Golfe
Lire

Revenons donc à la question : qu’a accompli le djihad des Émirats arabes unis contre l’islam politique ? Pourquoi un gouvernement musulman continue-t-il de soutenir et de financer une campagne qui cible les musulmans en Europe, quelles que soient leurs opinions ou activités politiques ?

Mohammed ben Zayed a été contraint – par échec – de changer sa politique étrangère. Il a levé le siège du Qatar voisin. Il investit maintenant massivement en Turquie. Au moins en surface, il fait la paix avec ses rivaux régionaux. 

Et pourtant, le financement de cette campagne pernicieuse se poursuit. Pourquoi ? Qu’ont à gagner les Émirats arabes unis en répandant la peur, en diffamant des musulmans innocents, en détruisant des réputations et des entreprises, en poussant aux attaques racistes contre des mosquées et en ruinant la vie de milliers de personnes ?

Qu’a-t-on à gagner à nourrir l’extrême droite ? Qu’a-t-on à gagner à ruiner un contre-espionnage occidental efficace en stigmatisant des communautés entières ?

Cela défie l’entendement que les gouvernements européens se fassent les larbins volontaires d’un autocrate, qui fait tout cela pour des motifs complètement différents de ceux vendus au Royaume-Uni, en Allemagne, en France et en Autriche. Il ne se soucie pas du « bon musulman » qu’il prétend essayer de créer. Il le fait pour se préserver, exactement comme le fait le président russe Vladimir Poutine. 

Il est naturel que l’Autriche se présente comme l’épicentre des tentatives de Mohammed ben Zayed visant à organiser socialement la communauté musulmane en Europe. Après tout, c’est le seul pays où vous pouvez encore voir une statue de l’ancien maire antisémite de Vienne, Karl Lueger, qui a inspiré Hitler. 

L’État autrichien n’a-t-il rien appris ?

David Hearst est cofondateur et rédacteur en chef de Middle East Eye. Commentateur et conférencier sur des sujets liés à la région, il se concentre également sur l’Arabie saoudite en tant qu’analyste. Ancien éditorialiste en chef de la rubrique Étranger du journal The Guardian, il en a été le correspondant en Russie, en Europe et à Belfast. Avant de rejoindre The Guardian, il était correspondant pour l’éducation au sein du journal The Scotsman.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

David Hearst is co-founder and editor-in-chief of Middle East Eye. He is a commentator and speaker on the region and analyst on Saudi Arabia. He was the Guardian's foreign leader writer, and was correspondent in Russia, Europe, and Belfast. He joined the Guardian from The Scotsman, where he was education correspondent.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].