En Syrie et au Sinaï, l’État islamique se relèvera avant sa chute
La récente suggestion du président Donald Trump, selon laquelle le groupe État islamique (EI) est « vaincu », a été largement accueillie avec scepticisme, même de la part des alliés des États-Unis.
Il a déclaré celui alors que l’EI est engagé dans des attaques contre les Forces démocratiques syriennes (FDS), les forces de la coalition contre l’EI et d’autres groupes armés en Irak et en Syrie, ainsi que dans des attaques contre des civils en Égypte et des activités continues en Libye.
Loin d’être anéanti, l’EI s’est transformé en mouvement insurrectionnel. Son mode de fonctionnement actuel, opportuniste, implique qu’il utilisera toutes les ouvertures pour prouver sa viabilité – bien que cela ne signifie pas un retour au « califat » physique de sitôt. À l’heure actuelle en Égypte et en Syrie, l’EI devrait connaître un essor relatif dans un proche avenir avant même une quelconque chute.
Théories du complot
Le 6 janvier, CBS a diffusé un entretien du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, malgré les tentatives du gouvernement égyptien pour l’en empêcher.
Les autorités égyptiennes n’ont pas commenté publiquement cette affaire, mais des observateurs ont avancé l’hypothèse selon laquelle l’opposition de l’État était en partie due au fait que le journaliste avait posé des questions sur la répression exercée par l’Égypte sur les manifestants au Caire en 2013 et en partie à l’annonce sans précédent de Sissi, révélant une coopération étroite avec Israël dans la lutte contre l’EI au Sinaï.
Le Sinaï est devenu le nouveau lieu central d’activité de l’EI après la perte de son territoire en Irak et en Syrie. Certains sites d’information égyptiens pro-gouvernementaux, ainsi que des sites d’information russes, ont accusé la Turquie de faciliter le transfert de combattants de l’État syrien vers le Sinaï.
Certains sites d’informations turcs, en revanche, ont affirmé que les États-Unis avaient facilité le transfert de combattants de l’EI de Raqqa dans le Sinaï après un accord conclu avec les FDS.
Aucune preuve ne vient étayer l’une ou l’autre de ces théories. Le Sinaï est effectivement devenu un front actif, en plus de la Syrie et de l’Irak, mais en retour, l’intervention israélienne s’est intensifiée pour tenter de bloquer cette croissance.
Des informations faisant état de l’aide apportée par Israël aux forces de sécurité égyptiennes dans le Sinaï circulent dans les médias israéliens et internationaux depuis au moins deux ans. Cependant, le soutien de l’armée israélienne était censé être en grande partie secret, en particulier après la publication par l’EI d’une vidéo dans laquelle l’un de ses combattants du Sinaï montrait à la caméra les restes de missiles comportant des caractères hébraïques.
Le Sinaï est effectivement devenu un front actif, en plus de la Syrie et de l’Irak
L’aveu de Sissi risque d’être mis en exergue par l’EI pour prouver sa crédibilité et pour mobiliser davantage de soutien dans le Sinaï et ailleurs. Maintenant que cet aveu a été rendu public, le gouvernement égyptien l’utilisera également pour faire savoir à l’EI qu’il fait face à une force puissante.
Avec une escalade potentielle des deux côtés, le scénario actuel est loin de la fin de la lutte contre l’État islamique dans le Sinaï, à laquelle le gouvernement égyptien et les Israéliens avaient fait allusion l’année dernière.
Guérilla
En Syrie, les FDS ont récemment publié une vidéo d’un raid contre les vestiges de l’EI dans la ville de Hajin, ce que les médias internationaux ont qualifié de dernier combat pour l’EI. Toutefois, comme dans le Sinaï, la bataille contre l’EI en Syrie est loin d’être terminée.
Après sa défaite militaire en Irak, le groupe a transféré bon nombre de ses combattants étrangers d’Irak en Syrie. Certains combattants irakiens de l’EI ont fait de même.
Lorsque la Turquie a commencé à attaquer les FDS il y a quelques mois, le groupe a détourné une partie de son attention de la lutte contre l’EI, ce qui a permis à ce dernier d’accroître la portée de ses attaques, y compris les assassinats ciblés de certains membres des FDS. Et même si l’EI a en grande partie perdu son contrôle territorial en Syrie, il reste présent dans diverses poches à l’est, au nord et au sud, permettant à ses combattants de s’engager dans une guérilla.
On trouve encore des combattants de l’EI sur le terrain accidenté des déserts occidentaux autour d’Anbar et dans les déserts au sud de Deir ez-Zor et à l’est de Palmyre. Dans les environs, ils peuvent franchir la frontière irako-syrienne dans les deux sens. Ils bénéficient de la fin de la campagne militaire à grande échelle contre eux en Irak, mais trouvent en Syrie un environnement plus hospitalier.
Dans le nord de la Syrie, la colère populaire croissante envers Hayat Tahrir al-Cham détourne l’attention des cellules de l’EI qui restent dans la région. Au sud, l’EI a attaqué la communauté civile druze à Soueïda l’année dernière.
Ennemi utile
Le régime syrien a joué un rôle en facilitant certaines activités de l’EI, chaque fois que ces activités étaient jugées bénéfiques pour ses propres intérêts. Les attaques de Soueïda ont idéalement puni la communauté druze qui ne suit pas la ligne du régime en matière de conscription militaire.
Les attaques contre les FDS créent un sentiment d’insécurité dans les zones qu’elles contrôlent, ce qui, espère Damas, poussera les civils à voir dans le régime une meilleure option de sécurité que les FDS.
Puisque les États-Unis semblent revenir en arrière sur l’annonce faite par Trump d’un retrait imminent de Syrie, les FDS continueront probablement d’exister dans un avenir prévisible – mais cela s’accompagne d’un ciblage soutenu par l’EI.
Alors que les dirigeants de l’EI sont poussés vers la Syrie, différentes cellules affiliées au groupe multiplient leurs activités pour montrer que l’EI est loin d’être de l’histoire ancienne.
Tout cela indique un début 2019 difficile dans le Sinaï et en Syrie.
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Traduit de l’anglais (original) et actualisé par VECTranslation.
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