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Netanyahou voulait « faire tomber » le Hamas. Cette guerre pourrait faire tomber Israël

La guerre de Gaza a été une énorme erreur de calcul pour Israël. En plus d’être une catastrophe morale et militaire, elle alimente la résistance et ravive les braises de la colère à travers le monde arabe
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou tient une conférence de presse à Tel Aviv, le 28 octobre 2023 (Reuters)

Après un tir de barrage israélien particulièrement violent pendant le siège de Beyrouth en juillet 1982, le président américain Ronald Reagan avait appelé Menahem Begin, Premier ministre israélien, pour exiger l’arrêt des bombardements.

« Ici, à la télévision, soir après soir, on montre à notre peuple les symboles de cette guerre et c’est un holocauste », avait déclaré Reagan.

Contrairement au démocrate actuellement à la Maison-Blanche, un président américain républicain fut capable et prêt à joindre le geste à la parole. Les États-Unis ont mis fin aux armes à sous-munitions et à la vente de F-16 à Israël.

La dévastation par Israël du nord de Gaza, où 68 % des bâtiments avaient été détruits à la date du 4 décembre, n’a rien à envier aux bombardements alliés de Hambourg, Cologne et Dresde

Le nombre de victimes de la guerre au Liban varie énormément. Selon les estimations libanaises, 18 085 Libanais et Palestiniens ont été tués dans les quatre mois qui ont suivi le lancement de l’invasion. Les chiffres de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) étaient les suivants : 49 600 civils tués ou blessés.

En seulement deux mois, Israël a tué autant de gens, mais a infligé un niveau de destruction bien plus élevé à Gaza

Selon des analystes militaires interrogés par le Financial Times, la dévastation par Israël du nord de Gaza, où 68 % des bâtiments avaient été détruits à la date du 4 décembre, n’a rien à envier aux bombardements alliés de Hambourg (75 %), Cologne (61 %) et Dresde (59 %). C’est ce qui est arrivé à ces villes après deux ans de bombardements.

Près de 20 000 Palestiniens, dont 70 % de femmes et d’enfants, ont été tués en deux fois moins de temps qu’il n’en a fallu pour forcer l’OLP à quitter Beyrouth-Ouest en 1982. Et pourtant, la soif de sang d’Israël après l’attaque du Hamas du 7 octobre n’a pas été assouvie. 

Exprimant l’humeur populaire, Zvi Yehezkeli, correspondant de Channel 13 pour les affaires arabes, a déclaré qu’Israël aurait dû tuer 100 000 Palestiniens. Daniella Weiss, chef du Mouvement des colons israéliens, a déclaré que Gaza devait être effacée de la carte afin que les colons puissent voir la mer.

Scènes d’horreur en temps réel

Contrairement au siège de Beyrouth ou aux massacres de 1982 dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila, le bombardement nocturne de Gaza est diffusé en direct par Al Jazeera. 

Des millions d’Arabes ne peuvent s’empêcher d’assister aux scènes d’horreur en temps réel. Une femme de 91 ans à Amman, en Jordanie, a confié à son fils qu’elle avait honte de prendre son repas devant la télévision alors qu’Israël affamait Gaza. 

La famine organisée n’est pas une hyperbole.

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Human Rights Watch a accusé Israël d’utiliser la famine généralisée comme arme de guerre. La politique gouvernementale consistant à affamer Gaza a été confirmée par Miri Regev, ministre des Transports, qui a demandé lors d’une récente réunion du cabinet si la famine pourrait affecter la direction du Hamas. Ses collègues ont dû la corriger et préciser que la famine organisée constituait un crime de guerre.

L’effet de ces images est une catastrophe non seulement pour ce gouvernement, ou pour tout futur gouvernement israélien, mais pour le nombre de juifs qui décideront de rester sur cette terre lorsque ce conflit sera enfin terminé.

La destruction de Gaza jette les bases de cinquante nouvelles années de guerre. Des générations de Palestiniens, d’Arabes et de musulmans n’oublieront jamais la barbarie avec laquelle Israël démantèle aujourd’hui l’enclave. Gaza, qui est elle-même un grand camp de réfugiés, est en train de devenir une terre sacrée.

Il y a des Israéliens qui comprennent le message. Ami Ayalon, ancien chef du Shin Bet et commandant de la marine, est l’un d’entre eux. Il a identifié un affaiblissement fondamental de la pensée conventionnelle dans les cercles sécuritaires israéliens.

Ami Ayalon a affirmé à Aaron David Miller, un analyste américain du Moyen-Orient, que si l’armée israélienne voyait la victoire à travers le prisme du hard power (plus elle tue de gens et plus elle détruit, plus elle pense avoir gagné), le Hamas considère la victoire à travers le prisme du « soft power » (plus il remporte les cœurs et les esprits, plus sa victoire est grande).

La destruction de Gaza jette les bases de cinquante nouvelles années de guerre. Des générations de Palestiniens, d’Arabes et de musulmans n’oublieront jamais la barbarie avec laquelle Israël démantèle aujourd’hui l’enclave

Les Israéliens commettent la même erreur que les Français en Algérie lorsqu’ils ont tué un demi-million à 1,5 million d’Algériens, soit 5 à 15 % de la population, entre 1954 et 1962, pensant ainsi gagner la guerre. Cependant, à la fin de celle-ci, ils ont dû partir et donner à l’Algérie son indépendance.

Rien d’autre ne peut expliquer la montée spectaculaire du Hamas dans les sondages en Cisjordanie, en Jordanie et même dans des endroits comme l’Arabie saoudite, où les dirigeants ont consciemment essayé d’enterrer la guerre en organisant des festivals.

Le très respecté sondeur de l’OLP, Khalil Shikaki, qui n’aime pas le Hamas, constate que selon 72 % des personnes interrogées, le Hamas avait « raison » de lancer son attaque le 7 octobre, et que 82 % en Cisjordanie le soutenaient.

Dans le même temps, le soutien à l’Autorité palestinienne s’est effondré en conséquence. Selon Khalil Shikaki, 60 % des personnes interrogées souhaitaient sa dissolution.

Une série d’évaluations des renseignements américains confirment l’essor fulgurant de la popularité du Hamas depuis le début de la guerre. Des responsables au fait des différentes évaluations affirment que le groupe s’est positionné avec succès dans certaines parties du monde arabe et musulman en tant que défenseur de la cause palestinienne et combattant efficace contre Israël, a rapporté CNN.

L’Autorité palestinienne pour remplacer le Hamas

C’est une mauvaise nouvelle pour tous les pays – avec les États-Unis, bien sûr, en tête – qui pensent que l’Autorité palestinienne peut remplacer le Hamas à Gaza. Il ne s’agit pas seulement de chiffres. C’est la nouvelle réalité politique de l’après-7 octobre.

Tout dirigeant du Fatah qui dit le contraire est immédiatement contesté. Le haut responsable Palestinien en exil, Mohammed Dahlan, toujours ambitieux, et son clan, ressemblent aujourd’hui à des partisans de longue date du Hamas, et non à l’ancienne cheville ouvrière d’un complot international visant à chasser le Hamas de Gaza en 2007 après sa victoires à des élections libres l’année précédente.

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Mais le nouveau successeur du président de l’AP Mahmoud Abbas, Hussein al-Sheikh, secrétaire du comité exécutif de l’OLP, ne comprend toujours pas le changement d’état d’esprit à Ramallah.

S’adressant à Reuters, ce dernier s’en est pris au Hamas en disant qu’il avait mené cinq guerres contre Israël depuis 2008 et qu’il n’avait abouti à rien en s’attaquant militairement à l’occupation.

« Il n’est pas acceptable pour certains de croire que leur méthode et leur approche dans la gestion du conflit avec Israël étaient idéales et les meilleures. »

« Après tous ces [tueries] et après tout ce qui se passe, cela ne vaut-il pas la peine de faire une évaluation sérieuse, honnête et responsable pour protéger notre peuple et notre cause palestinienne ? »

« Cela ne vaut-il pas la peine de discuter de la manière de gérer ce conflit avec l’occupation israélienne ? », s’interrogeait Hussein al-Sheikh.

Quant à la prise de contrôle de Gaza par l’AP après la guerre, c’était une affaire conclue, semblait sous-entendre le responsable. Il a déclaré à la chaîne israélienne Channel 12 qu’Israël et l’AP s’étaient mis d’accord sur un mécanisme qui permettrait à l’autorité de recevoir des fonds détenus depuis le début de la guerre.

Il a fallu deux jours à Hussein al-Sheikh pour effectuer un virage à 180 degrés sur son attaque contre le Hamas. On lui a demandé comment un dirigeant du Fatah qui a obtenu 3 % des intentions de vote pouvait critiquer le Hamas, qui a obtenu 48 % des voix, sur son propre terrain.

S’adressant cette fois à Al Jazeera, Hussein al-Sheikh a déclaré que ses commentaires sur la responsabilité du Hamas avaient été « déformés ». « L’Autorité palestinienne est la première à défendre la résistance », a-t-il déclaré, nerveusement.

L’offensive d’Israël à Gaza a en effet changé l’ensemble du Moyen-Orient, comme le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou l’avait promis, mais pas de manière à profiter à son gouvernement ou aux gouvernements futurs

L’offensive d’Israël à Gaza a en effet changé l’ensemble du Moyen-Orient, comme le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou l’avait promis, mais pas de manière à profiter à son gouvernement ou aux gouvernements futurs.

Pendant dix-sept ans, Gaza a été oubliée ou ignorée par le reste du monde, sauf pendant les guerres de 2009, 2012, 2014 et 2021, l’Amérique et les grandes puissances européennes faisant de leur mieux pour renforcer le siège imposé à Gaza par Israël et l’Égypte d’Abdel Fattah al-Sissi.

Eh bien, avec 60 % de la ville détruite et la majeure partie des 2,3 millions d’habitants qui n’ont plus de maisons, d’écoles, d’hôpitaux, de routes, de magasins ou de mosquées où retourner, il n’y a plus de danger que Gaza soit ignorée.

Si, pendant dix-sept ans, la politique d’Israël a été de diviser pour mieux régner en séparant Gaza de la Cisjordanie et en supprimant toute possibilité de participer à un gouvernement d’unité nationale, Gaza et la Cisjordanie sont réunies comme jamais auparavant.

Si la Jordanie était restée tranquille pendant 50 ans après la guerre sanglante entre son armée et l’OLP, si les divisions entre les Jordaniens de l’Est et les citoyens palestiniens de Jordanie étaient marquées par une méfiance mutuelle, la Jordanie d’aujourd’hui, qu’il s’agisse des Jordaniens et des Palestiniens, est un réservoir bouillonnant de haine contre Israël. 

Il y a de plus en plus de tentatives de contrebande d’armes vers la Cisjordanie sur une frontière de 360 km, soit plus de quatre fois plus longue que ses frontières avec le Liban et la Syrie.

La Jordanie estime qu’Israël aurait besoin de cinq fois plus de troupes que le Liban pour sécuriser cette frontière.

Avec treize camps de réfugiés et des millions de Palestiniens qui ont la nationalité, la Jordanie est le plus grand réservoir de Palestiniens de la diaspora, environ six millions, dépassant en nombre les Palestiniens vivant en Cisjordanie et à Gaza.

Le jour d’après

Si, le 6 octobre, Netanyahou avait crié que la victoire des sionistes était imminente, brandissant une carte d’Israël devant l’Assemblée générale de l’ONU qui rayait la Palestine de la carte, alors aujourd’hui sa vantardise semble terriblement déplacée.

Si la signature par l’Arabie saoudite d’un accord reconnaissant Israël n’était considérée que comme une question de temps, les accords d’Abraham ont aujourd’hui disparu dans les flammes qu’Israël a attisées à Gaza.  

Des personnes brandissent des pancartes lors d’une manifestation de soutien aux Palestiniens à Gaza, à Amman, en Jordanie, le 1er décembre 2023 (Reuters)
Des personnes brandissent des pancartes lors d’une manifestation de soutien aux Palestiniens à Gaza, à Amman, en Jordanie, le 1er décembre 2023 (Reuters)

Et qu’en est-il de l’opinion en Arabie saoudite ? Le dernier sondage contient deux chiffres étonnants pour un pays dont le dirigeant essaie consciemment de se débarrasser de ses anciennes habitudes, ce qui inclut le soutien à la Palestine. 

Ils sont 91 % à être d’accord pour dire que la guerre à Gaza est une victoire pour les Palestiniens, les Arabes et les musulmans, et 40 % ont une attitude positive envers le Hamas, ce qui représente un changement de 30 points par rapport au mois d’août de cette année.

Aujourd’hui, si vous lisez et écoutez ce que disent les Saoudiens, les Bahreïnis, les Qataris et les Émiratis, la reconnaissance d’Israël présente une ressemblance frappante avec l’Initiative de paix arabe de 2002, que les accords étaient censés remplacer.

La principale caractéristique des accords d’Abraham, tels qu’ils ont été conçus par l’ancien ambassadeur américain en Israël, David M. Friedman, et Jared Kushner, était de rendre un veto palestinien inutile.

Aujourd’hui, il est de retour. Même si d’autres pays signent, cela n’a plus d’importance, car le vrai combat se cristallise entre les Palestiniens et Israël. 

Dans les ruines de tous ces plans, Netanyahou et sa coalition d’extrême droite n’ont qu’une seule option : aller de l’avant. Ils ne peuvent pas battre en retraite.

Pour sa propre survie politique et juridique, Netanyahou doit poursuivre la guerre. Il en va de même pour le sionisme national et religieux. Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich savent qu’ils perdront une occasion unique de changer l’équilibre démographique des juifs et des Palestiniens en Cisjordanie si Netanyahou est forcé de mettre fin à la guerre par le président américain Joe Biden.

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Interrogés par Middle East Eye sur les plans d’Israël pour le « lendemain » de la fin de la guerre, des analystes israéliens haut placés et d’anciens diplomates ont été unanimes dans leur réponse : il n’y en a pas. 

Eran Etzion, ancien diplomate et membre du Conseil de sécurité nationale, explique que Netanyahou pense effectivement au jour d’après, mais seulement dans la mesure où cela affecte ses chances de survie politique.

« Il est très clair qu’il a déjà réalisé que les Américains vont l’arrêter avant qu’il n’ait atteint les objectifs de la guerre », assure-t-il. « Il se prépare déjà à rejeter la responsabilité sur les autres, avec pour cibles Biden, les chefs militaires, les médias et, comme on dit en hébreu, le monde entier et sa femme qui l’ont empêché de remporter la victoire. Donc, pour lui, le lendemain, c’est la poursuite de la guerre par tous les moyens, l’objectif étant la survie au pouvoir. »

Eran Etzion observe que, même après deux mois de campagne, il n’y a pas de forum officiel ou de groupe de responsables planifiant la gouvernance à Gaza après la guerre, et il n’y a pas de discussions officielles entre l’establishment de la défense israélienne et les responsables américains à Washington.

La guerre pourrait bien s’essouffler sous la pression des États-Unis et se poursuivre comme un conflit marqué par des frappes de l’armée israélienne contre la direction du Hamas et une guérilla prolongée menée par des combattants agissant en petites unités. 

Mais cela implique qu’Israël ne se contente pas de s’emparer du point de passage de Rafah et de sceller les tunnels pour empêcher le Hamas d’être réapprovisionné en armes de contrebande à travers la frontière, cela signifie qu’Israël doit fournir l’administration civile du nord de Gaza qu’il a complètement détruit.

L’issue de cette guerre pourrait bien être un état de conflit continu qui priverait Israël de la prétention qu’il est devenu un État normal de style occidental

Pour la droite, les otages que le Hamas continue de détenir sont presque morts, mais Netanyahou subira une pression croissante de la part de leurs familles pour qu’il abandonne sa guerre.

Les fantômes du Liban reviennent vraiment hanter Israël. Il a fallu quinze ans pour qu’Israël parte une fois Beyrouth devenue intenable, mais c’est ce qu’ils ont fait en 2000. Quand ils l’ont fait, le Hezbollah est devenu la force militaire et politique dominante dans le pays.

Cette guerre a été une étonnante erreur de calcul pour Israël. En plus d’être une catastrophe morale, c’est aussi une catastrophe militaire. Cela a donné à la résistance une popularité et un statut dans le monde arabe inconnus depuis de nombreuses décennies. 

Même la première et la deuxième Intifada n’ont pas eu autant de succès que le Hamas à Gaza ces deux derniers mois. Gaza a ravivé les braises de la colère arabe face à l’humiliation qu’elle subit aux mains des immigrants juifs.

L’issue de cette guerre pourrait bien être un état de conflit continu qui priverait Israël de la prétention qu’il est devenu un État normal de style occidental. Dans ces conditions, l’expansion de la guerre existera toujours, comme le montrent les attaques des Houthis au Yémen contre les navires occidentaux passant par la mer Rouge.

« Mitut Hamas » (faire tomber le Hamas) est le slogan en hébreu et l’objectif du cabinet de guerre israélien. Après deux mois de destructions d’une telle ampleur, ils pourraient tout aussi bien le remplacer par « mitut Israël », parce que c’est l’effet que cette guerre pourrait encore avoir.

David Hearst est cofondateur et rédacteur en chef de Middle East Eye. Commentateur et conférencier sur des sujets liés à la région, il se concentre également sur l’Arabie saoudite en tant qu’analyste. Ancien éditorialiste en chef de la rubrique Étranger du journal The Guardian, il en a été le correspondant en Russie, en Europe et à Belfast. Avant de rejoindre The Guardian, il était correspondant pour l’éducation au sein du journal The Scotsman.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

David Hearst is co-founder and editor-in-chief of Middle East Eye. He is a commentator and speaker on the region and analyst on Saudi Arabia. He was the Guardian's foreign leader writer, and was correspondent in Russia, Europe, and Belfast. He joined the Guardian from The Scotsman, where he was education correspondent.
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