Un plan saoudien prévoit « l’évacuation » des chefs du Hamas vers l’Algérie, selon Le Monde
L’Arabie saoudite, dans le cadre de la recherche d’une sortie de crise à la guerre israélo-palestinienne, avance une singulière proposition : qu’Alger accueille « des dirigeants militaires et sécuritaires du Hamas ».
C’est le quotidien français Le Monde qui révèle mercredi 20 décembre cette information. Le journal du soir dévoile un document confidentiel signé par Abdelaziz al-Sager, le directeur d’un think tank saoudien, le Gulf Research Center, qui propose une série de mesures pour trouver une solution au conflit en cours.
Le texte aurait été élaboré lors d’une rencontre, le 19 novembre à Riyad, entre al-Sager et Anne Grillo, la directrice du département Afrique du Nord et Moyen-Orient du Quai d’Orsay, avant d’être transmis au ministère des Affaires étrangères français.
Ce document évoque, notamment, « le déploiement dans Gaza de forces arabes de maintien de la paix, sous mandat des Nations unies, et la création d’un ‘’conseil de transition conjoint’’, réunissant les principaux partis de Gaza [Hamas, Jihad islamique et Fatah], chargé de gérer l’enclave pendant quatre ans et d’organiser des scrutins présidentiel et parlementaire », note Le Monde.
Le même document, donc, suggère aussi d’évacuer vers l’Algérie les hauts responsables du Hamas, probablement, selon le quotidien, Mohammed Deif, le commandant des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du mouvement, et possiblement aussi Yahya Sinouar, le chef du Hamas à Gaza.
« L’Algérie est citée comme une possible destination d’exil pour ces hommes en raison de ses bonnes relations avec le Qatar et l’Iran, ‘’les principaux partisans du mouvement Hamas’’, et de sa ‘’capacité sécuritaire’’, qui lui permettrait de ‘’contrôler les activités de ces dirigeants’’ », poursuit Le Monde, qui rappelle « l’évacuation en bateau, en 1982, de Yasser Arafat et des fedayins palestiniens, de la ville de Beyrouth, alors assiégée par l’armée israélienne. Le chef de l’Organisation de libération de la Palestine [OLP] et ses troupes avaient rallié Athènes, sous escorte de la marine française, avant de s’installer à Tunis ».
Le document du Gulf Research Center aurait-il un caractère officiel reflétant la ligne saoudienne ? « Le système policier et ultracentralisé mis en place par Mohammed ben Salmane, l’homme fort de la couronne, et le fait que M. al-Sager ait transmis ses suggestions au Quai d’Orsay incitent à penser que le ministère des Affaires étrangères saoudien n’est pas totalement étranger à sa démarche », fait remarquer le quotidien.
Ni l’Arabie saoudite ni l’Algérie n’ont commenté, à cet instant, ces révélations.
Le Hamas remercie Tebboune
Alger accueille, depuis des années, une représentation du Hamas sur son territoire. Samy Abou Zahry, représentant de cette organisation en Algérie, a animé des meetings récemment dans plusieurs régions du pays en solidarité avec Gaza.
Fin novembre, une délégation du Hamas, conduite par Zaher Jabarin, chef du bureau des prisonniers et des martyrs au sein du mouvement, a été reçue par le président du Sénat Salah Goudjil.
Au même moment, le dirigeant du Hamas au Liban et du bureau politique du mouvement, Oussama Hamden, se trouvait également à Alger pour animer des meetings de solidarité aux côtés d’ONG algériennes.
Le 18 octobre, le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département du Trésor américain a imposé des sanctions à dix membres, agents et facilitateurs financiers clés du Hamas à Gaza et ailleurs, notamment au Soudan, en Turquie, en Algérie et au Qatar.
En Algérie, c’est Aiman Ahmad al-Duwaik qui est visé en tant que « gestionnaire du portefeuille d’investissement du Hamas », selon le document du Trésor américain. Alger n’a pas officiellement réagi à cette annonce.
L’Algérie a par ailleurs chapeauté la signature, en octobre 2022, de « l’Accord d’Alger sur l’unité palestinienne » sanctionnant des mois de réunions de quatorze organisations palestiniennes (Fatah, Hamas, Jihad islamique, FPLP, etc.) à Alger.
Enfin, les positions récentes de l’Algérie ont été saluées par le Hamas.
Fin octobre, le mouvement a remercié le président algérien Abdelmadjid Tebboune d’avoir déclaré que ce « qui se passe à Gaza est un crime de guerre » et que « les Palestiniens ne sont pas des terroristes, car ils défendent leur pays et leurs droits », rappelant que « les Algériens avaient également été qualifiés de terroristes lorsqu’ils défendaient leur terre contre la colonisation française ».
Le Hamas a également remercié Alger d’avoir refusé de participer au « sommet de la paix » rassemblant des pays arabes et occidentaux au Caire le 21 octobre.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].