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Guerre en Palestine : Israël est pris en flagrant délit de mensonge encore et encore. Mais nous n’apprenons jamais

La désinformation sur l’explosion de l’hôpital al-Ahli al-Arab à Gaza a fonctionné comme prévu, détournant l’attention des victimes et allégeant la pression pesant sur Israël pour qu’il mette fin au carnage
Un homme transporte une fillette palestinienne sauvée des décombres d’un immeuble après une frappe aérienne israélienne dans le camp de réfugiés de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 octobre 2023 (AFP)

Les politiciens et les médias occidentaux agissent comme s’ils étaient victimes d’un sortilège permanent, acquiesçant avec sympathie aux dénégations les plus improbables d’Israël lorsqu’il affirme ne pas avoir commis de crimes de guerre.

Comme l’a fait remarquer Lénine : « Un mensonge répété assez souvent devient la vérité ».

Nous pouvons aller plus loin. Peu importe combien de fois Israël est pris en flagrant délit de mensonge, parce que son prochain mensonge aura le bénéfice du doute. Les médias occidentaux refusent de tirer les leçons du passé.

L’armée israélienne a un long passif en matière de concoction compulsive de mensonges pour sauver la face – une désinformation qui vilipende le peuple palestinien qu’elle opprime depuis des décennies. 

Le dernier exemple en date remonte à quelques jours à peine. 

Israël a vigoureusement soulevé la poussière pour dissimuler sa responsabilité dans l’attaque de l’hôpital baptiste al-Ahli al-Arab dans la ville de Gaza mardi dernier, laquelle a tué plusieurs centaines de Palestiniens qui s’étaient réfugiés dans son enceinte. Face à la campagne incessante de bombardements d’Israël, les familles pensaient qu’elles seraient plus en sécurité près d’une institution chrétienne. 

S’appuyant sur son expérience passée, Israël suppose à juste titre que d’ici à ce que la poussière retombe – et que la vérité émerge –, le monde sera passé à autre chose. Le mensonge perdurera.

Décontextualisation

Le travail d’Israël est considérablement facilité par les médias, lesquels font systématiquement fi du contexte pertinent lorsqu’ils couvrent les atrocités israéliennes.

Lorsqu’Israël a commencé à pilonner Gaza avec des milliers de bombes hautement explosives il y a plus de deux semaines, ses dirigeants ont clarifié exactement leurs intentions. 

Qualifiant les habitants de Gaza d’« animaux humains », le ministre de la Défense Yoav Galant a promis de « tout éliminer ». Un responsable militaire israélien a expliqué que « l’accent [était] mis sur les dégâts, pas sur la précision ». Un autre a déclaré que Gaza serait réduite à « une ville de tentes… Il n’y aura plus de bâtiments. »

De son côté, le président Isaac Herzog a accusé l’ensemble de la population gazaouie d’être responsable de l’attaque du Hamas, privant de fait chaque homme, femme et enfant de leur statut civil et les désignant tous comme terroristes. Il a ajouté : « Nous allons briser leur colonne vertébrale. »

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Israël exige que les Palestiniens quittent la moitié nord de la minuscule bande de Gaza, les obligeant à procéder à leur propre nettoyage ethnique. Il a indiqué que la zone évacuée serait traitée comme une zone de tir libre. 

Selon l’ONU, en moins de deux semaines, un quart des maisons de Gaza ont été réduites à l’état de ruines et 600 000 Palestiniens se retrouvent sans abri.

Pour s’assurer que les Palestiniens fassent ce qu’on leur dit, Israël a ciblé les structures de soutien et les principales institutions du nord de Gaza dont dépend la population lambda. Des mosquées, des écoles, des bâtiments de l’ONU et des hôpitaux ont été touchés.

Dans les jours qui ont précédé l’attaque contre l’hôpital al-Ahli, 23 autres centres médicaux du nord de Gaza ont reçu l’ordre d’évacuer immédiatement. Des dizaines ont été touchés, selon l’Organisation mondiale de la santé.

Ces menaces ont été ignorées parce que les hôpitaux débordent déjà de patients trop gravement blessés par les bombardements israéliens pour être déplacés, et parce qu’il n’y a pas d’infrastructures pour les soigner ailleurs.

Apparemment irrité par cette récalcitrance, Israël a frappé l’hôpital al-Ahli al-Arab de deux obus trois jours avant la frappe plus importante. C’est une technique de l’armée israélienne appelée « coup sur le toit » : tirer avec une arme légère sur un bâtiment en guise d’avertissement préalable indiquant qu’il faut évacuer avant une frappe beaucoup plus lourde.

Opération de manipulation

Israël nous avait annoncé précisément ce qu’il allait faire. Mais quand il l’a fait, il a commencé son opération de manipulation désormais familière. Il a nié être le coupable, accusant plutôt un groupe militant palestinien, le Jihad islamique, de ce crime de guerre. 

Israël a déclaré qu’une roquette palestinienne était défectueuse et était tombée sur l’hôpital.

Cette allégation d’Israël est ridicule. Sur une vidéo de la frappe réelle, on peut entendre le sifflement bruyant d’un missile ou d’un obus à grande vitesse qui arrive quelques instants avant qu’il n’explose. Les groupes palestiniens de Gaza n’ont que des roquettes primitives qui fendent le ciel. En cas de défaillance, elles dégringolent à la vitesse de la chute libre, et non à une vitesse quasi supersonique.

Le nombre de victimes à lui seul prouve qu’il devait s’agir d’un missile israélien. Aucune roquette palestinienne n’a jamais tué plus de quelques personnes, pas des centaines comme cela s’est produit à l’hôpital al-Ahli.

Le nombre de victimes à lui seul prouve qu’il devait s’agir d’un missile israélien. Aucune roquette palestinienne n’a jamais tué plus de quelques personnes, pas des centaines comme cela s’est produit à l’hôpital al-Ahli

Mais Israël était prêt pour une campagne de mensonges et de désinformation.

Fait embarrassant, un conseiller du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait publié un message sur les réseaux sociaux célébrant la frappe israélienne contre une supposée « base terroriste » dans l’hôpital. Le message a été supprimé à la hâte.

À la place, Israël a diffusé des images d’une roquette palestinienne tombant à proximité. Cependant, il a là encore dû retirer la vidéo, lorsque des journalistes ont remarqué que l’horodatage situait l’événement 40 minutes après l’explosion à al-Ahli al-Arab.

Ensuite, Israël a produit un enregistrement audio ridiculement inepte censé rapporté une discussion – dans le mauvais dialecte – entre deux combattants du Hamas se demandant si eux ou leurs rivaux du Jihad islamique avaient tiré la roquette perdue.

Israël gère une unité « mistaravim » d’Israéliens qui se griment en Palestiniens pour opérer sous couverture dans les communautés palestiniennes. Il est également connu pour ses réseaux de collaborateurs palestiniens qu’il menace ou soudoie. Falsifier un enregistrement audio serait un jeu d’enfant pour Israël.

Quoi qu’il en soit, dans l’enregistrement, les deux hommes mentionnent un cimetière proche de l’hôpital comme site de leur supposé lancement de roquette raté. Mais cela contredit d’autres affirmations de l’armée israélienne selon lesquelles la roquette a été tirée d’un tout autre endroit.

Ce weekend, Forensic Architecture, une équipe de recherche basée à l’Université de Londres, a publié ses conclusions préliminaires.

L’analyse du site a montré, à la fois à partir des dommages causés par la frappe et des changements dans la signature sonore du projectile lors de son déplacement dans les airs, que sa trajectoire allait d’Israël à Gaza, et non l’inverse. D’autres analyses indiquent que le fichier audio des deux membres du Hamas en train de parler a été manipulé. 

Les compétences d’Israël en matière de désinformation semblent presque aussi amateures que ses opérations de renseignement tant vantées, qui n’ont pas réussi à repérer des mois de planification par le Hamas pour son échappée du 7 octobre.

Semer le doute

L’objectif ici, comme toujours, n’était pas de produire des preuves, mais de gagner la bataille de la propagande en induisant en erreur, en semant le doute, doute que pourront ensuite exploiter les politiciens et les médias occidentaux pour brouiller la question auprès de leurs audiences.

Au lieu d’accorder aux victimes l’attention qu’elles méritaient, au lieu de galvaniser enfin la colère contre le meurtre gratuit de milliers de civils palestiniens par Israël en deux semaines, les reportages des médias sont revenus à une formule prévisible. Ces derniers ont pesé les allégations de part et d’autre sur la frappe contre l’hôpital, ils ont profilé le Jihad islamique et, plus important encore pour Israël, ils ont adopté une approche attentiste, ne sautant pas aux conclusions.

Un moment qui aurait pu conduire à une pression diplomatique concertée sur Israël pour qu’il cesse de se déchaîner et négocie un cessez-le-feu s’est dissous dans une série de chamailleries au cours desquelles les victimes de l’hôpital ont complètement disparu du paysage.

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Au moment où des observateurs extérieurs entreront à Gaza et effectueront des tests scientifiques, en supposant qu’ils le puissent, ce sera de l’histoire ancienne. Personne ne s’en souciera, et Israël ne sera pas tenu responsable – que ce soit sur le plan moral, diplomatique ou juridique.

Cela n’est que trop familier pour tous ceux qui ont suivi des décennies de couverture sans cesse indulgente par les médias de l’occupation israélienne et de la colonisation illégale de la patrie historique des Palestiniens.

Le brouillard qui a instantanément enveloppé l’histoire de l’hôpital al-Ahli al-Arab était une répétition – bien qu’à une échelle beaucoup plus grande – de ce qui s’est passé l’été dernier, lorsque cinq adolescents palestiniens ont été tués dans une frappe aérienne sur le camp de réfugiés de Jabaliya.

Comme pour le massacre de l’hôpital, Israël a immédiatement nié toute responsabilité, affirmant qu’il n’avait pas mené de frappes aériennes sur Jabaliya à ce moment-là. Il a accusé le Jihad islamique d’être à l’origine d’un tir de roquette raté. 

« Nous avons des vidéos qui prouvent irréfutablement qu’il ne s’agit pas d’une attaque israélienne », avait affirmé avec confiance un responsable israélien.

Oded Bassuk, chef de la direction des opérations de l’armée, avait qualifié la mort des enfants de « préjudice auto-infligé. On pouvait voir la roquette frapper une maison palestinienne ».

Comme pour l’histoire de l’hôpital, l’armée a publié des séquences vidéo censées montrer la roquette défectueuse.

Mais ce n’était que tromperie. Plus tard, une fois devenu de l’histoire ancienne, l’armée israélienne a tranquillement admis qu’elle était responsable de la mort des enfants.

Les garçons sur la plage

Le meurtre d’enfants par Israël n’a rien d’inhabituel. Mais c’est aussi à ce moment-là que l’on peut s’attendre à ce qu’Israël concocte ses plus grands mensonges – pour la raison évidente que le meurtre d’enfants est le moment où le monde s’éveille brièvement à la souffrance palestinienne avant de se refermer.

Comme pour la frappe de l’hôpital, un moment potentiellement crucial s’est produit en 2014 lors d’un autre des saccages répétés d’Israël à Gaza. Une série de frappes israéliennes a tué quatre jeunes garçons de la famille Bakr qui jouaient au foot sur une plage.

À l’époque, Israël avait affirmé que les enfants avaient été tués accidentellement, parce qu’ils s’étaient égarés dans un « complexe en bord de mer appartenant à la police navale et aux forces navales du Hamas (y compris les commandos de marine), et qui était utilisé exclusivement par des militants ».

Le massacre des enfants par Israël a été oublié. Sans aucune pression, la Cour suprême d’Israël, toujours soumise, a statué l’année dernière qu’aucune enquête supplémentaire n’était nécessaire

Israël assurait – ce qui a été amplifié dans les médias – que les garçons étaient des dommages collatéraux d’une frappe de drone contre des militants palestiniens. 

Malheureusement pour Israël, cela a été aisément réfuté. Plusieurs journalistes occidentaux, qui à l’époque osaient s’aventurer à Gaza, ont été témoins de la frappe parce que la plage se trouvait à côté de leur hôtel. L’idée que des militants du Hamas s’installent sur une plage à côté d’un hôtel connu pour accueillir des journalistes occidentaux était manifestement absurde dès le départ. 

Ces journalistes ont confirmé qu’il n’y avait pas de militants dans la zone à ce moment-là et que les garçons auraient dû être identifiés comme des enfants par les opérateurs de drones.

Les journalistes ont noté que la plage était régulièrement utilisée par les pêcheurs et les familles pour se baigner. L’enquête sur un petit conteneur maritime, détruit par un missile israélien la veille, n’a pas non plus permis d’étayer l’assertion d’Israël selon laquelle du matériel militaire y était stocké.

Une enquête ultérieure a révélé que les opérateurs de drones avaient tiré sans prendre soin de faire la distinction entre les enfants et des militants.

Rien de tout cela n’avait d’importance. Le massacre des enfants par Israël a été oublié. Sans aucune pression, la Cour suprême d’Israël, toujours soumise, a statué l’année dernière qu’aucune enquête supplémentaire n’était nécessaire. Affaire classée.

Exécutée par un sniper

La récente campagne de désinformation la plus connue d’Israël a peut-être eu lieu il y a dix-huit mois, après l’assassinat de la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh.

Son meurtre, alors qu’elle portait un gilet pare-balles portant l’inscription « Press » lors d’un raid israélien dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, a provoqué une vague d’indignation internationale. 

C’était un moment particulièrement important pour Israël. Les médias ont manifesté un intérêt inhabituel parce qu’Abu Akhleh était une reporter de premier plan qui avait travaillé avec de nombreux journalistes qui ont couvert son assassinat. Elle avait également la nationalité américaine. 

Encore une fois, Israël a blâmé les Palestiniens pour la mort de l’une des leurs. Ils ont produit une vidéo censée montrer un échange de tirs avec des hommes armés palestiniens près de l’endroit où se trouvait Abu Akleh lorsqu’elle a été abattue d’une balle dans la tête. 

Mais une enquête menée par l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem a prouvé que la vidéo avait été prise dans un tout autre quartier de Jénine.

Les grands médias américains ont mené leurs propres enquêtes montrant qu‘Israël avait menti. Il n’y a pas eu de fusillade près de l’endroit où se trouvait Shireen Abu Akleh. L’explication la plus probable est qu’un tireur d’élite israélien a décidé de l’exécuter, visant l’étroite zone de chair exposée entre son casque et le col de son gilet pare-balles.

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Tardivement, l’histoire refusant de disparaître, Israël a admis que l’un de ses soldats était très probablement responsable de sa mort.

Israël ne se contente pas de mentir activement lorsque son armée assassine. L’une de ses tromperies les plus cyniques est survenue en 2021 lorsqu’il a désigné six organisations palestiniennes respectées de défense des droits de l’homme et à visée sociale en Cisjordanie comme étant des « organisations terroristes ». 

Il a exigé que l’Union européenne cesse immédiatement de les financer. Leurs bureaux ont été perquisitionnés, leur matériel a été confisqué et brisé, et leurs portes ont été scellées. Des membres du personnel ont été arrêtés.

L’objectif d’Israël était évident : fermer les organisations qui fournissent des structures de soutien aux Palestiniens et plaident la cause palestinienne dans les forums internationaux en documentant les crimes israéliens. Cela a été particulièrement important à partir du moment où les médias étrangers, à court d’argent, ont fermé leurs propres bureaux dans la région. 

Le mensonge était si scandaleux que même certains médias, habituellement réceptifs, ont eu du mal à l’avaler. Plusieurs mois plus tard, des fuites d’un rapport hautement classifié de la CIA ont révélé que les accusations israéliennes étaient absolument sans fondement.

Culture du mensonge

La liste de ces tromperies et campagnes de désinformation ne cesse de s’allonger.

Cherchez les noms de Mohammed al-Durrah, Rachel Corrie, James Miller, Tom Hurndall, Iain Hook. Israël a dissimulé tous ces meurtres très médiatisés perpétrés par ses soldats. 

Même des recherches superficielles montrent qu’Israël ment au sujet de son utilisation d’armes à sous-munitions au Liban en 2006, ainsi que de son massacre de civils dans le village libanais de Cana au cours de la même guerre – exactement vingt ans après avoir menti sur sa responsabilité dans la mort de plus d’une centaine de civils dans un complexe de l’ONU dans ce même village.

Dès sa création, le mouvement sioniste a promu le mensonge selon lequel la Palestine était une terre vide

Israël a menti sur sa supervision du massacre de Palestiniens dans le camp de réfugiés de Sabra et Chatila au Liban en 1982 par ses alliés phalangistes chrétiens.

Rien de tout cela ne devrait surprendre. La culture du mensonge a prévalu avant la création d’Israël en 1948. Dès sa création, le mouvement sioniste a promu le mensonge selon lequel la Palestine était une terre vide.

Pour perpétuer ce mythe fondateur, Israël a menti au sujet de ses opérations de nettoyage ethnique à grande échelle en 1948 – l’une d’entre elles dans le nord s’appelait l’opération Matateh – qui a forcé quelque 750 000 Palestiniens à quitter leurs maisons et les a conduits dans des camps de réfugiés. Il a faussement prétendu qu’ils avaient reçu l’ordre de le faire par les États arabes voisins.

Il a dissimulé des preuves d’archives de massacres de civils palestiniens perpétrés par ses forces, notamment à Tantura et Dawayimah, et a diffamé tous ceux qui tentaient d’attirer l’attention sur eux.

De même, il a menti en disant qu’il offrait aux réfugiés une chance de rentrer.

Et il a détruit des centaines de villages palestiniens pour empêcher les réfugiés de rentrer chez eux – puis a cherché à dissimuler ces crimes en plantant des forêts à leur place.

Édifice de mensonges

Les armées finissent par mentir en temps de guerre parce qu’elles commettent inévitablement des crimes qu’elles veulent dissimuler. 

La différence avec Israël est que ses mensonges font partie intégrante de son existence de plusieurs décennies en tant qu’État dépossédant et colonisant la patrie d’un autre peuple. Il doit masquer son système d’apartheid et les crimes inhérents à de tels régimes de privilèges et d’assujettissement.

Israël est en guerre permanente avec les Palestiniens et l’ensemble de la région, il doit donc mentir compulsivement et continuellement. Chaque mensonge s’appuie sur les précédents. Si l’un d’eux tombe, c’est tout l’édifice qui risque de s’effondrer. 

C’est pourquoi démêler ces mensonges est une tâche si difficile et ingrate. 

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Le fait de devoir s’engager dans de longues batailles scientifiques contre Israël et ses nombreux apologistes pour exposer chaque mensonge détourne l’attention des tromperies encore plus grandes d’Israël. Cela obscurcit le contexte. 

Se battre pour qu’Israël rende des comptes pour avoir tué des centaines de personnes à l’hôpital al-Ahli al-Arab a un prix : cela détourne l’attention du fait qu’Israël mène activement une opération de nettoyage ethnique à Gaza et commet un génocide contre le peuple palestinien qui s’y trouve.

Lutter contre un mensonge, c’est laisser d’autres mensonges – souvent des mensonges par omission – libres de se frayer un chemin dans la conscience du public.

Ces difficultés sont aggravées par la volonté des médias de se livrer et de se rendre complices de la désinformation d’Israël – comme ils le font depuis la création d’un État juif autoproclamé – parce qu’Israël est un atout stratégique si important. En tant qu’allié fiable, il était destiné à projeter la puissance occidentale dans le Moyen-Orient riche en pétrole.

Ceux qui cherchent à mettre en lumière un sujet plongé dans tant d’obscurité se retrouvent taxés d’antisémitisme – comme si la solidarité avec la souffrance palestinienne ne pouvait être motivée que par la haine des juifs.

C’est pourquoi Israël peut vivre avec les querelles autour de l’origine de la frappe qui a touché l’hôpital al-Ahli. Parce que la tempête passera bientôt et que les victimes palestiniennes seront toujours mortes.

- Jonathan Cook est l’auteur de trois ouvrages sur le conflit israélo-palestinien et le lauréat du prix spécial de journalisme Martha Gellhorn. Son site web et son blog sont disponibles à l’adresse : www.jonathan-cook.net

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

Jonathan Cook is the author of three books on the Israeli-Palestinian conflict, and a winner of the Martha Gellhorn Special Prize for Journalism. His website and blog can be found at www.jonathan-cook.net
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