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Maroc : le régime veut imposer son propre récit de la crise du Rif

Le régime continue de récuser toute responsabilité dans la répression du hirak. En même temps, il prétend avoir toujours respecté les droits et libertés et œuvrer à une « réconciliation » avec les Rifains
Manifestation devant la Cour d'appel de Casablanca, le 17 octobre 2017, en soutien aux prisonniers du hirak du Rif (AFP)

« Malgré les actes de violence perpétrés par des personnes cagoulées contre les forces de l’ordre, ces dernières ont réussi à maintenir le calme et à protéger les droits et les libertés pendant plus d’un an et demi avant que ces événements dégénèrent et impactent l’ordre public. » 

C’est sur ces invectives que le délégué interministériel aux droits de l’homme (DIDH), Ahmed Chaouki Benyoub, s’en est pris, indirectement, aux activistes du hirak du Rif lors de la présentation, jeudi 4 juillet à Rabat, de son rapport tant attendu sur « les événements d’Al Hoceima et la protection des droits de l’homme ». 

https://twitter.com/Soufianes_/status/1147920563656101893

Ce mouvement, né fin octobre 2016 dans le Rif après la mort de Mouhcine Fikri, un vendeur de poisson écrasé par une benne à ordures, qui n’était au départ qu’une protestation contre la hogra (injustice), s’est au fil des mois transformé en une plateforme de revendications contre la marginalisation dont s’estiment victimes les habitants de la région.

À entendre Ahmed Chaouki Benyoub, on l’aurait cru accrédité pour défendre un régime impliqué dans la répression des violations des droits de l’homme. Pendant plus d’une heure, devant un parterre de journalistes triés sur le volet, cet avocat au barreau de Rabat a martelé le même discours propagandiste qui incrimine les activistes rifains. 

En même temps, il n’a pas hésité à dédouaner les autorités publiques de toute responsabilité dans la répression du hirak. Le message lancinant instillé en filigrane dans ce rapport-plaidoyer ne pourrait pas être plus clair : « L’approche sécuritaire de l’État marocain cadre avec les principes des droits humains ». 

La réponse du leader du hirak ne s’est d’ailleurs pas fait attendre. Au cours d’une conversation téléphonique avec son père, Nasser Zefzafi a affirmé que le document avait « aggravé davantage les blessures de la mémoire collective, en glorifiant l’action de l’institution sécuritaire. Celle-ci a commis des crimes et des dépassements contre les filles et les fils du Rif. Ses éléments se sont délectés à me torturer et à me violer en scandant vive le roi ».

Ce rapport éminemment politique vise à blanchir le régime de toute responsabilité dans la répression politico-judiciaire du hirak

Loin de l’impartialité requise, le « plaidoyer » du délégué interministériel aux droits de l’homme constitue une démonstration de force livrée tambour battant par les partisans de l’« État profond » et du choix du « tout sécuritaire ». 

En fait, ce rapport éminemment politique vise à blanchir le régime de toute responsabilité dans la répression politico-judiciaire du hirak. Il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’œil sur le rapport en question pour s’apercevoir très vite du caractère souvent fallacieux et arbitraire des arguments présentés. 

Les droits de l’homme « mis en scène » 

Un peu plus de six mois après sa nomination à la tête de la DIDH, Ahmed Chaouki Beniyoub sort de son silence, en présentant publiquement un rapport controversé à l’encontre des activistes du hirak. 

Invité par la presse officielle (l’agence de presse MAP puis par la chaîne de télévision 2M), l’homme n’a cessé d’encenser les pouvoirs publics, allant jusqu’à saluer la « réactivité » de l’exécutif en charge du dossier, alors que tout le monde ou presque se souvient des déclarations scandaleuses du gouvernement Othmani accusant les activistes rifains d'être des « séparatistes ».     

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Selon cet ancien militant des droits de l’homme, les autorités publiques ont montré « un esprit de retenue et de sagesse en préservant le droit de grève et de manifestation ».

À ce propos, il a affirmé : « La gestion pacifique par les forces de sécurité des événements d’Al Hoceima constitue une étape constitutive dans l’équation de la sécurité et des droits de l’homme ». Et sans sourciller, le délégué interministériel a martelé solennellement que « durant toute la période du hirak, il n’y a pas eu de recours à la force comme ce fut le cas par le passé [lors du soulèvement du Rif en 1958-1959] ». 

Ensuite, il a salué la stratégie « pacifiste » de l’État marocain à l’égard des événements d’Al Hoceima avant de mettre l’accent sur « la main tendue » de l’exécutif visant à établir le dialogue avec les activistes qui, selon Beniyoub, ont ignoré les dix-sept visites ministérielles dans la région.

Et de clore ce « plaidoyer » en appelant à la réalisation d’une évaluation complète des événements d’Al Hoceima, sans toutefois daigner se prononcer sur les jugements à l’encontre des manifestants, arguant qu’il se refuse de « commenter les convictions des juges ».    

Une initiative stratégique

Le rapport de la DIDH s’inscrit dans un contexte de crise des droits de l’homme que le royaume peine à contenir et ce, malgré toute la propagande savamment orchestrée au Maroc et à l’étranger.

À ce propos, on ne peut pas passer sous silence le rapport annuel de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) pour l’année 2018 et le premier semestre 2019, qui observe une escalade des violations des droits humains au Maroc. Selon ce rapport, « sept cas de décès » et « vingt-sept cas de torture ou de traitements cruels ou inhumains ou dégradants » ont été recensés pendant des gardes à vue ou en détention. 

La sortie politico-médiatique du DIDH s’inscrit indéniablement dans le cadre d’une stratégie de communication visant à redorer le blason du régime en matière de droits humains. 

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C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on peut affirmer que ce rapport revêt une dimension politique, dans la mesure où il tente de dédouaner l’État marocain de toute responsabilité dans la répression du hirak. 

Il est d’abord politique parce que le DIDH est nommé par le roi, en sa qualité de représentant d’une instance officielle gouvernementale, placée sous l’égide du ministre d’État chargé des droits de l’homme. 

Ensuite, le timing de la sortie de ce rapport coïncide, comme par hasard, avec la célébration, le 30 juillet, de la Fête du trône. Une manœuvre à peine voilée du pouvoir visant à contenir le mécontentement des familles des manifestants à la veille de la cérémonie d’allégeance (al-Bay’a) entre le sultan et le peuple.

 À cet égard, le rapport ne manque pas d’évoquer implicitement la « volonté suprême de l’État » de renforcer l’institutionnalisation de la culture de la « réconciliation ». Une manière de faire un rappel historique de la décision royale relative à la création de l’Instance équité et réconciliation  (IER) en 2005. 

Selon le rapport de l’AMDH, « sept cas de décès » et « vingt-sept cas de torture ou de traitements cruels ou inhumains ou dégradants » ont été recensés pendant des gardes à vue ou en détention

À l’époque, l’objectif déclaré de cette instance, dont Chaouki Beniyoub a été membre, était justement de couper avec la violence subie par les opposants au régime du roi Hassan II, durant les « années de plomb » (1970-1999). Vu sous cet angle, on serait même tenté de penser que le Palais est en train de réfléchir à une « sortie de crise », notamment à travers une éventuelle « grâce royale » au profit des leaders du hirak.

Sur un plan symbolique, le geste royal est susceptible de marquer le « sentiment de pardon » qui pourrait traverser le souverain à la veille de la célébration de la fête de son intronisation.  

Pour toutes ces raisons-là, il n’est pas exagéré d’affirmer que le rapport du DIDH est une initiative stratégique qui tente de préparer l’opinion publique à accepter l’idée selon laquelle le régime n’est pas tenu (et ne sera jamais) responsable de la répression du hirak et que c’est au monarque, in fine, que revient la décision d’accorder (ou pas) sa grâce royale même aux leaders du mouvement.     

Doxa sécuritaire face à la crise du Rif  

À la première lecture du rapport du DIDH, on est frappé par deux choses : l’impartialité des propos avancés sur la gestion « pacifiste et légale » de l’approche adoptée par l’État et le caractère souvent approximatif et parfois même arbitraire de certaines informations présentées. 

L’objectif de Beniyoub était de charger au passage les activistes qui rejettent, selon lui, la culture du consensus et des droits de l’homme. 

Ceci étant, une lecture approfondie de ce rapport nous apprend que ses concepteurs semblent avoir pris le soin de diluer les aspects politiques dans un magma d’informations relevant principalement du domaine social et économique. Ainsi, le rapport conclut avec l’urgence de procéder à une « évaluation complète des problèmes de développement socio-économique, culturel, sportif et environnemental de la région du Rif ».

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Parmi les recommandations principales, le DIDH a appelé ainsi au renforcement des infrastructures et à l’accès aux services publics, notamment l’éducation et la santé.

Le rapport appelle aussi à la consolidation de la culture de la réconciliation avec la mémoire et l’histoire du Rif, l’amélioration de la situation des droits de l’homme, le renforcement du rôle de la société civile, ainsi que la dynamisation du dialogue public.

Mais à aucun moment, il ne prend la peine d’évoquer les allégations de torture des manifestants du hirak. Et pour cause, la question est sensible et implique de surcroît l’ensemble de l’appareil sécuritaire et, à sa tête, le puissant Abdelatif Hammouchi. 

En plus de son poste de patron de la DGST (contre-espionnage), le roi l’a nommé en 2015 directeur général de la Sûreté nationale (DGSN). Félicité à maintes reprises par Mohammed VI, Hammouchi s’est montré impitoyable dans la répression des manifestations du Rif. Visé par plusieurs plaintes pour torture et complicité de torture, c’est lui qui a mis en doute l’« authenticité du rapport » du Conseil national des droits de l’homme (CNDH) élaboré en 2017, lequel évoque les violences avérées subies par les leaders du hirak aux mains des forces de l’ordre. 

Visé par plusieurs plaintes pour torture et complicité de torture, Hammouchi a mis en doute l’« authenticité du rapport » du Conseil national des droits de l’homme

C’est en tous cas dans ce cadre-là que l’on pourrait inscrire les propos élogieux de Chaouki Beniyoub à l’égard des sécuritaires, surtout quand il évoque « la sagesse des forces de l’ordre » qui, selon lui, ont fait preuve de retenue malgré le fait qu’elles aient subi des violences de la part de groupes de manifestants.  

Dans l’affaire des activistes du hirak, les autorités sont tenues pour responsables de nombreuses violations des droits des détenus. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent.

On peut citer notamment les images non authentifiées de l’arrivée des détenus à l’aéroport de Casablanca, les extraits du rapport des médecins légistes requis par le CNDH, la lettre de Zefzafi écrite en prison et publiée par son avocat sur le site du Parti libéral marocain et, enfin, la vidéo qui montre le leader du hirak, Nasser Zefzafi, quasi nu.

Les ONG internationales accusent…

Pour mémoire, début juillet 2017, un rapport commandé par le CNDH à deux médecins légistes avait accusé la DGSN d’avoir torturé les détenus du hirak incarcérés à la prison d’Oukacha, à Casablanca. 

Embarrassés par de tels propos, les services de Hammouchi avaient rejeté ces accusations et le ministre de la Justice de l’époque, Mustapha Ramid, avait décidé d’ouvrir une enquête judiciaire classée sans suite. 

Deux ans après, en mai 2019, Nasser Zefzafi ne cesse d’appeler, en vain, le CNDH, en la personne de sa nouvelle présidente, Nadia Bouayach, à rendre public le rapport d’expertise commandé par l’ancien président, Driss El Yazami.

Il en est de même de la vidéo de Nasser Zefzafi qui a suscité indignation et colère sur les réseaux sociaux. 

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Les résultats de l’enquête, publiés la semaine dernière, n’ont pas remis en cause les agissements des services de police. Bien au contraire, il a même été  avancé que le comportement des auteurs présumés de la vidéo (un gouverneur) s’inscrivait dans « le cadre de la liberté d’expression et la volonté de récuser publiquement les accusations de tortures avancées par le leader du hirak ».

Sur la vidéo, partagée massivement sur la toile, on pouvait constater les traces laissées par la violence subie par Nasser Zefzafi, à en juger par les hématomes visibles en bas de son dos. 

Les accusations de violations des droits humains des détenus du hirak ont suscité un intérêt particulier de la part des ONG internationales œuvrant dans le domaine des droits de l’homme. 

Ainsi, le 5 septembre 2017, Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport sur « les allégations de tortures contre des manifestants du mouvement protestataire dans la région du Rif ». La grande majorité des plaignants ont déclaré que la police les avait passés à tabac et contraints à signer leurs « aveux » sans les autoriser à les lire au préalable.

Le 19 septembre 2017, la DIDH a réagi à la publication de ce rapport sans nier pour autant le caractère factuel des informations rapportées par l’ONG. De son côté, le tribunal a rejeté la requête d’examens médico-légaux présentée par des avocats de la défense des détenus, alors que ces examens, ordonnés indépendamment du procès par le CNDH, ont bel et bien confirmé les déclarations des accusés. 

Le projet « Cité Mohamed VI Tanger Tech » traduit la volonté politique du roi de préserver l’ascendant politico-économique de la monarchie sur le Rif, tout particulièrement

Face à la montée de la crise socio-économique, le régime adopte une stratégie sécuritaire qui tend à endiguer les protestations souvent via des arrestations et des procès inéquitables. Parallèlement, le pouvoir en place tente d’imaginer une « sortie de crise » concernant le hirak. 

Cela s’est traduit en 2018 par la nomination par le roi d’Amina Bouayach, une proche du pouvoir, qui aurait déjà noué des contacts confidentiels avec les familles des détenus et ce, afin de parvenir à un arrangement entre les différentes parties. 

Par ailleurs, le roi essaie de multiplier les gestes de « bonnes intentions », en décidant de gracier d’une manière sélective de nombreux manifestants rifains. Tout cela pourrait bien être interprété comme une ouverture politique objective susceptible d’annoncer, cette fois-ci, une grâce royale en faveur des leaders du hirak. 

De son côté, le gouvernement s’est déployé dans la région d’Al Hoceima afin de relancer des projets de développement, notamment à travers la construction d’infrastructures à même de faciliter l’accès de la population aux services publics, même si les résultats de ces projets ne sont pas toujours au rendez-vous. 

Et tout récemment, le roi aurait donné ses consignes pour relancer le projet « Cité Mohammed VI Tanger Tech », qui s’inscrit dans le cadre d’un accord de coopération déjà signé entre le Maroc et la Chine en 2017. 

Projet « Cité Mohammed VI Tanger Tech » (capture d’écran)

D’un coût d’un milliard de dollars, ce méga projet vise la construction d’une smart city industrielle équipée de complexes commerciaux et résidentiels dans le cadre d’un partenariat public-privé. Parmi les actionnaires de ce projet, on trouve notamment le géant chinois China Construction Communication Company (CCCC), ainsi que la BMCE Bank of Africa et le Conseil de la région de Tanger-Tétouan-Al-Hoceima, présidé par l’ancien chef du Parti authenticité et modernité (PAM), Ilias El Omari, un proche de Fouad Ali Al Himma, l’homme fort du régime de Mohammed VI. 

Sur un plan économique, du moins sur le papier, ce projet vise la création de 100 000 emplois (directs et indirects) au profit d’une population de 300 000 habitants. Abstraction faite de l’importance indéniable de ce mégaprojet, encore faut-il qu’il soit réalisé et qu’il puisse profiter à la population locale. 

D’un point politique, et c’est là que le bât blesse, le projet « Cité Mohamed VI Tanger Tech » traduit la volonté politique du roi de préserver l’ascendant politico-économique de la monarchie sur le Rif, tout particulièrement. Une région sensible qui, selon les sécuritaires, serait menacée à terme par l’« option séparatiste ». 

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Cette tentative de « réconciliation » non déclarée tend, in fine, à désamorcer la crise politique et identitaire que traverse la région du Rif, une région historiquement attachée au passé héroïque de l’émir Abdelkrim al-Khattabi. Aussi, sommes-nous en face d’un processus de réhabilitation politique « par le haut » d’une communauté marginalisée et meurtrie depuis l’indépendance. 

La stratégie du Palais, qui prône un développement socio-économique et territorial de la région du Rif, parviendra-t-elle à apaiser les tensions avec le pouvoir alors même qu’il n’arrive toujours pas à mettre sur pied son « modèle de développement national » ?

Ceci étant dit, cette énième manœuvre du régime pourrait baliser le terrain pour la préparation d’une éventuelle visite royale en 2020 dans la région du Rif. Fidèle à la tradition makhzénienne de ses ancêtres, le roi Mohammed VI agira, en temps convenu, tel un « sultan providentiel » capable, à tout moment, de sévir, pardonner et même récompenser ses « sujets », à condition qu’ils lui restent fidèles par allégeance et qu’ils ne cèdent pas aux chantres de la désobéissance.   

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Aziz Chahir is an associate researcher at the Jacques-Berque Center in Rabat, and the secretary general of the Moroccan Center for Refugee Studies (CMER). He is the author of Who governs Morocco: a sociological study on political leadership (L'Harmattan, 2015). Aziz Chahir est docteur en sciences politiques et enseignant-chercheur à Salé, au Maroc. Il travaille notamment sur les questions relatives au leadership, à la formation des élites politiques et à la gouvernabilité. Il s’intéresse aussi aux processus de démocratisation et de sécularisation dans les sociétés arabo-islamiques, aux conflits identitaires (le mouvement culturel amazigh) et aux questions liées aux migrations forcées. Consultant international et chercheur associé au Centre Jacques-Berque à Rabat, et secrétaire général du Centre marocain des études sur les réfugiés (CMER), il est l’auteur de Qui gouverne le Maroc : étude sociologique sur le leadership politique (L’Harmattan, 2015).
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