2016, année la plus meurtrière de ces dix dernières années pour les adolescents en Cisjordanie
Un rapport indique que 2016 a été l’année la plus meurtrière de la dernière décennie pour les adolescents palestiniens en Cisjordanie, avec 32 adolescents tués par les services de sécurité israéliens.
Defense for Children International (DCIP), une ONG se concentrant sur les droits de l’enfant, a averti que la police et les soldats israéliens n’étaient pas tenus pour responsables des attaques mortelles contre des jeunes en Cisjordanie et a critiqué le recours aux armes à feu contre des manifestants et lanceurs de pierres.
Sur les 32 tués, 19 étaient âgés de 16 à 17 ans, alors que 13 avaient entre 13 et 15 ans. En 2015, 30 tués avaient été recensés.
Quatre-vingt-trois enfants ont également été blessés en 2016.
« Depuis 2014, les forces israéliennes ont de plus en plus recours à une force excessive pour écraser les manifestations », a déclaré Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme Responsabilité de DCIP.
« La force meurtrière semble maintenant être utilisée intentionnellement de façon systématique par les forces israéliennes, même dans des situations injustifiées, sans compte à rendre, ce qui met de plus en plus d’enfants en danger ». S’exprimant auprès d’Al-Jazeera, il a accusé les forces israéliennes d’employer la « politique de tirer pour tuer. »
Le rapport mentionne notamment le décès de Faris Atta al-Bayed, abattu à l’âge de 15 ans par une balle caoutchoutée lors d’affrontements à l’entrée du camp de réfugiés de Jalazoun, au nord de Ramallah, le 15 octobre.
Les médecins du complexe médical palestinien de Ramallah ont indiqué que la balle avait percé le front de l’adolescent et s’était logée dans son cerveau. Malgré le retrait de la balle, il est mort après 69 jours dans le coma.
« J’ai regardé Faris et je l’ai vu bouger sa tête si vite… et tomber par terre, le visage couvert de sang », a déclaré un témoin à DCIP. « Je me suis rendu compte qu’il avait été touché à la tête. »
« J’ai regardé Faris et je l’ai vu bouger sa tête si vite… et tomber par terre, le visage couvert de sang »
Les troubles en Cisjordanie sont en hausse depuis le début des manifestations contre les initiatives des activistes israéliens ressenties comme visant à changer le statu quo concernant le Haram al-Sharif à Jérusalem, connu des juifs sous le nom de Mont du Temple.
Une vague d’attaques palestiniennes au couteau, par armes à feu et à la voiture bélier a éclaté en octobre 2015 : bien que les violences se soient en grande partie calmées, des attaques se produisent encore sporadiquement.
Depuis octobre 2015, des soldats israéliens ont tué au moins 244 Palestiniens, y compris des manifestants non armés.
Le meurtre de Fatah al-Sharif, âgé de 21 ans, en mars dernier – qui gisait apparemment sur le sol dans la ville de Hébron, en Cisjordanie – a provoqué une controverse en Israël sur la volonté des soldats israéliens de recourir à la force létale. Mercredi, le soldat israélien Elon Azaria a été reconnu coupable d’homicide pour la fusillade, les juges ayant conclu qu’Azaria avait tué Sharif « sans raison ».
Trente-six Israéliens ont également été tués par des Palestiniens dans des attaques au couteau et par armes à feu.
Les forces de sécurité israéliennes ont été accusées de force excessive, bien que les autorités affirment que leurs agents agissent de manière appropriée pour se protéger et protéger les civils.
À lire : L’armée israélienne accusée de « tirer pour estropier » en Cisjordanie
La plupart des attaques étaient le fait de loups solitaires, dont bon nombre étaient des jeunes, notamment des adolescents. L’armée israélienne a déclaré croire qu’un nombre important d’entre eux étaient en mission suicide.
Human Rights Watch a annoncé lundi avoir recensé plus de 150 cas de décès d’enfants et d’adultes palestiniens causés par les forces israéliennes depuis octobre 2015. L’ONG a ajouté que « les vidéos et/ou les récits de témoins soulèvent de sérieuses questions sur la nécessité du recours à une force meurtrière ».
Elle a également signalé que certains responsables israéliens avaient « encouragé » les soldats et la police à tuer des Palestiniens même si ces derniers ne constituaient plus une menace.
Human Rights Watch a appelé le gouvernement à « recommander fortement l’utilisation intentionnelle de la force meurtrière uniquement lorsque c’est nécessaire pour protéger des vies. »
« Les vidéos et/ou les récits de témoins soulèvent de sérieuses questions sur la nécessité du recours à une force meurtrière »
L’année dernière, Middle East Eye a fait état d’une prétendue politique de « tirer pour estropier » utilisée par les soldats israéliens contre des jeunes en Cisjordanie.
Selon un rapport du BADIL Resource Center, lors de raids sur le camp de réfugiés de Dheisheh en 2016, 18 jeunes âgés de 14 à 27 ans ont été blessés par balles.
Les Palestiniens participant aux manifestations ont rapporté qu’un commandant de l’armée israélienne – un homme surnommé « capitaine Nidal » – leur avait dit qu’il allait estropier la moitié d’entre eux et laisser l’autre moitié pousser les fauteuils roulants.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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